Le 2 juillet 1816, la frégate « la Méduse » s’échoue au large de la Mauritanie, suite à une erreur de son capitaine. Ce dernier Duroy de Chaumaregs fera évacuer les « huiles » sur six chaloupes ; le « reste » sera entassé (145 personnes) sur un radeau de fortune. L’élingue de remorquage cassera (ou sera coupée)… Seules quinze personnes resteront en vie après deux mois d’errance sur l’océan.
Le peintre Théodore Géricault immortalisera ce calvaire par son tableau « le Radeau de la Méduse ».
Le 8 octobre 2011, le club taurin « Toros y Caridad » de Rodilhan organise comme chaque année, son festival caritatif aux bénéficiaires de l’association la Clé (aide aux cancers et leucémie de l’enfant).
Temps calme – mer belle – bon départ.
Un véritable traquenard est tendu par les animalistes (de tout crin, tout poil d’Europe) aux aficionados… L’affrontement dégénère en pugilat. La tempête est filmée par huit caméras, qui permettront d’immortaliser l’événement. Ce film sera diffusé sur les réseaux sociaux le soir même. La première officielle en technicolor, le 14 janvier 2016, se fera sur l’écran du Tribunal Correctionnel de Nîmes, le jour du procès.
Le naufrage est consommé.
Une enquête minutieuse s’étalera sur cinq ans (j’ai eu neuf heures d’interrogatoire), digne des plus grandes affaires criminelles ; la durée d’instruction pour la tuerie du journal Charlie Hebdo est identique.
Temps beau- le radeau est à flot.
Après deux jours de procès, le verdict est prononcé le 18 avril 2016. Cinq prévenus sont condamnés à des peines d’amende, les douze autres écopent, en sus des sanctions financières, de peines de prison s’échelonnant de un mois avec sursis à un an ferme . J’ai pris huit mois d’emprisonnement avec sursis.
L’élingue a cassé, le radeau dérive.
Présents au procès et instigateurs d’aides (1) : le président des éleveurs de toros braves français, deux toreros, le président de la FSTF, la doyenne des revues taurines françaises, quelques amis aficionados, les familles ; quant aux clubs taurins… Ni l’ONCT, ni l’UVFT, malgré les rumeurs, n’ont payé les frais de justice, les amendes, les honoraires d’avocat. Peut-être pour le maire de Rodilhan ?
Les chaloupes avec les huiles voguèrent rapidement vers des rivages plus idylliques. Le 18 avril 2021, après cinq ans de mise à l’épreuve, les sursis tombent.
Le radeau touche terre.
Seuls persisteront dans le fichier européen, en compagnie des assassins, voleurs, violeurs, la photographie et l’ADN des naufragés de Rodilhan pour une durée de 99 ans.
Jacques Brel conclut son texte sur les Îles Marquises : « Gémir n’est pas de mise ».
Fuerte abrazo à mes compagnons d’infortune sur le radeau de Rodilhan.
Jacques Lanfranchi « El Kallista »
(25 avril 2021)
PS : Quid des procès à venir, intitulés Rodilhan 2,3, etc.
(1) Patrick Laugier, Jean-Baptiste Jalabert, Denis Loré, Dominique Valmary, Toros et
son directeur Francis Fabre.