Seconde corrida de la Feria des Vendanges nîmoises et seconde Puerta Grande. Après la sortie en triomphe de Léa Vicens par la Porte des Cuadrillas, c’est Enrique Ponce qui a ouvert ce jour la porte opposée, celle des Consuls réservée aux triomphes majeurs.
Hélas à Nîmes on a plus tendance à observer les toreros que les toros, et le public a les yeux de Chimène pour Enrique Ponce qu’il veut voir à tout prix triompher, quitte à lui faire obtenir des trophées immérités (oreille du 1° après une lame bien latérale).
Et c’est ainsi que beaucoup ont certainement un peu oublié le bon jeu fourni par les toros de Victoriano del Rio et Toros de Cortés, lesquels, très bien présentés, ont pour la plupart affiché des qualités de bravoure et de noblesse qui méritaient que le mayoral fasse la vuelta en compagnie du triomphateur du jour. Certes aucun des cornus ne dépassa les deux rencontres mais tous entrèrent dans le peto sans se faire prier et avec alegria. Bonne surprise car on n’attendait pas autant d’une ganaderia dite « commerciale ». A noter malgré tout des forces un peu justes pour quelques exemplaires qui n’eurent pas les moyens de leurs ambitions.
Cet amour immodéré du public pour Enrique Ponce se manifesta après le paseillo par une belle ovation à laquelle, en bon gentleman, le diestro valencian associa ses compagnons. Le premier adversaire de Ponce fut salué par une poignée de jolies véroniques assorties de deux chicuelinas et rématées par deux demies de la maison. Après deux rencontres avec le lancier (une pique puis un picotazo dont il sortit seul), le Victoriano fut convié à participer à une première faena ambidextre débutée par esthétiques doblones genou fléchi, le diestro se relevant pour deux bonnes séries droitières dont une servie main basse. Le torero de Chiva alterna ensuite les deux bords, agrémentant son trasteo de subtils détails tels des changements de main du plus bel effet. Final par les traditionnelles poncinas avant une trois-quart caida qui aurait dû limiter la récompense à une vuelta.
Belles véroniques dont les premières genou fléchi pour accueillir le quatrième qui prit ensuite deux rations de fer, pompée la première, plus courte la suivante, les deux entrecoupées d’un quite de Ponce par véroniques et larga. Le garçon dégaina ensuite tout son arsenal tauromachique, l’ensemble orchestré par Chicuelo II qui interpréta « Mission », une musique parfaitement adaptée au toreo de Ponce. Un petit bémol (puisque qu’on parle de musique), les génuflexions du bicho qui coupèrent un peu la fluidité de l’ensemble. On retiendra les cites à pointe de muleta aimantant le Victoriano, mais aussi les précieux desprecios ou les changements de main par devant. Un ouvrage de haute couture que le diestro parapha d’une entière en place portée a recibir. Deux oreilles que cette fois on ne contestera pas et une vuelta fêtée au son de l’hymne valencian.
Avec Curro Diaz, moins de fioritures mais du bon toreo de corte classique. Face au second, quelques véroniques sans liaison précédant une première rencontre avec la cavalerie assez longue, le cornu refusant de quitter le peto. La seconde ration de fer se limita à un picotazo.
Moment d’émotion lorsque Emilio de Justo, au terme d’un quite par chicuelinas et demie, chuta devant le bicho qui le chargea au sol, la corne frôlant la jugulaire. Heureusement l’épisode n’eut pas de conséquences. Brindée à Ponce, le première faena ambidextre du torero de Linares fut de bonne facture mais hélas un peu contrariée par les chutes du Victoriano. De la douceur toujours, de la profondeur souvent, un ensemble agréable malheureusement conclu par une demi-lame caida que le garçon compléta d’un descabello. Salut.
Le quinto fut salué par quelques véroniques éparses avant deux passages par les picadors, le premier en poussant un peu sur le totulaire, le second en s’échappant sur le réserve. Initiée joliment un genou à terre, la seconde faena du linarense fut supérieure en profondeur à la première, même si elle manqua un peu de continuité. Des cites de loin, des muletazos servis main basse, des trincherillas de cartel mais hélas au final trois tentatives pour laisser une entière tendida suffisante. Envolée l’oreille jusque là acquise mais une vuelta réclamée par un public sensible à la qualité du trasteo.
En troisième position sortit le meilleur toro de la tarde qu’Emilio de Justo accompagna vers le centre par bonnes véroniques, l’y fixant par une belle demie. Violent impact dans le peto lors de la première rencontre où le Cortés poussa, sortant du matelas pour un quite du titulaire par chicuelinas et demie. Seconde ration de fer pompée mais picador applaudi (!!) et musique un peu excessive car le tiers s’arrêta après les deux rencontres. Faena de bonne facture de l’extremeño qui composa un ensemble cohérent mais à mon avis en-dessous des qualités du noble animal qui conserva son alegria jusqu’au bout, se décomposant un peu lors du final où il joua des cornes, accrochant l’étoffe en fin de passe. Entière dans la croix après pinchazo. Oreille pour le piéton et vuelta pour le Cortés.
Après une poignée de véroniques et deux rencontres sans histoire avec la pièce montée, la seconde de courte durée, puis un bon second tiers de Manuel Gómez et José Pérez appelés à saluer, Emilio de Justo signa une seconde faena ambidextre inégale où l’étoffe fut souvent accrochée, dévaluant un ensemble honorable mais qui ne laissera pas un grand souvenir. Final de faena par manoletinas puis entière contraire portée au troisième assaut. Salut.
Reseña et photos : Patrick Colléoni « Paco ».