Initialement prévue le samedi après-midi, c’est finalement le dimanche matin, en raison des intempéries de la veille, que la ganaderia Giraud a ouvert ses portes pour une tienta de machos a campo abierto.





De nombreux aficionados se sont donc retrouvés au sein du Domaine de la Tour du Cazeau, malgré le report au lendemain et grâce notamment à une communication et une organisation sans faille. Traversant les prairies ensoleillées à pied ou en charrette, le public a ainsi pris place en plein pré, derrière les indispensables barrières de protection, pour un accueil et une présentation didactique par le maître des lieux, Jacques Giraud.
Il est en effet rare d’assister à une tienta en plein champ où le toro est chez lui d’instinct, connaît chaque brin d’herbe et se sent fort. Pour se confronter aux cornus de deux ans et demi, et les toréer dans un espace sans barrières, deux toreros français : le matador Clemente et le novillero Maxime Solera.












Jacques Giraud et ses cavaliers allèrent chercher le premier novillo pour le livrer dans l’espace choisi et tentèrent de stopper sa course a la garrocha. Une mise en bouche somme toute spectaculaire et délicate.
Clemente initia la lidia, plaçant le novillo face à la cavalerie. L’animal répondit avec force et le matador landais le soumit à nouveau à l’épreuve du fer avant d’entamer une faena sur la corne droite, où le bicho montra quelques qualités. Il s’essaya ensuite sur la corne gauche, mais le taureau se révéla vite dangereux. Clemente le reprit donc à droite, allongeant ses passes et ajustant peu à peu la distance sur les conseils de Fermin Gonzalez et d’Amor Antuñez «El Andaluz».
Après une nouvelle tentative infructueuse à gauche, le matador se concentra sur la corne droite plus docile, trouvant peu à peu sitio et temple pour une faena de qualités aux indéniables touches artistiques, achevant ainsi son travail par de grands muletazos por abajo, de bon augure.











Le second pensionnaire du Sambuc arriva comme le précédent, traqué par les garrochas du ganadero et de ses cavaliers.
Dans la cape de Maxime Solera, le bicho montra d’emblée plus de qualités. Il alla trois fois au cheval, affichant caste et bravoure avec une distance de charge chaque fois plus longue.
Maxime le toréa d’abord sur la corne droite, puis à gauche, alternant ainsi judicieusement derechazos et naturelles tout au long de la lidia, sous le regard d’un Denis Loré très attentif. Le bicho, bien que meilleur à droite, ne manqua pas de qualités sur l’une et l’autre corne et répondit avec suavidad aux sollicitations du novillero qui sut remater quand il le fallait pour laisser souffler le bicho. Bien pris dans la muleta au début de la faena, le novillo se déconcentra cependant au fur et à mesure que Maxime, voulant régaler le public, s’approcha des spectateurs. L’animal finit même par bousculer le fosséen, sans conséquences, avant que ce dernier termine sa faena avec le courage qu’on lui connaît.


C’est sous l’œil d’un ganadero satisfait que les aficionados enthousiastes regagnèrent ensuite la cour de la ferme pour échanger avec les protagonistes du jour, autour de l’apéritif, avant de passer à table pour un repas maison préparé par la famille Giraud, père, mère et filles. Encore une très belle journée sous le soleil de Camargue.
Reportage : Laurent Géray.