Béziers. 15 août. Deux oreilles pour Léa Vicens, une pour Ponce et Castella.

Belle entrée (dans les limites de la capacité permise) pour cette première étape de la mini-féria « Le Sud est à Béziers », une opération censée bloquer le processus d’une temporada blanche pour les arènes du Plateau de Valras.

Cette corrida marquait aussi la despedida d’empresa de Robert Margé qui fournissait pour l’occasion les quatre toros destinés aux piétons. Les bichos des Monteilles, bien présentés, astifinos et sans excès de poids, ont donné un jeu inégal, le dernier de la course, bien mis en valeur par Sébastien Castella, se plaçant au-dessus du lot malgré une baisse de régime à mi-faena. Il fut honoré de la vuelta posthume. La cavalière quant à elle affronta deux toros de Fermin Bohorquez qui se prêtèrent au jeu, le second avec moins d’entrega, le second rejon de castigo n’étant pas étranger au fait qu’il réduisit peu à peu la voilure.

Léa Vicens ouvrit donc les débats par la lidia d’un Bohorquez un peu long à capter dans le cheval. L’unique farpa plantée au second assaut fit qu’il s’intéressa davantage à la cavalière. La nîmoise déploya ensuite tout son art pour clouer banderilles longues et courtes, citant de face, templant les charges par de remarquables appuyers au galop, toréant avec la croupe de ses montures mais aussi avec son sombrero. Quiebros et pirouettes agrémentèrent la lidia conclue par un rejon de muerte efficace enfoncée avec force et conviction. Oreille.

Face au quatrième, Léa montra son savoir-faire en captant d’entrée le toro dans la croupe de sa monture de salida remarquable d’agilité. Deux rejones de châtiment tempérèrent les ardeurs de l’animal, le second (à mon humble avis) ne s’imposant pas. Le second tiers fut à l’identique de celui de son premier combat, la belle amazone agrémentant ses prestations de figures de dressages telles changement de pied au temps, pas espagnol, pieffer, passage, levades ou salut à genoux. Final par pose de banderilles courtes puis un rejon de muerte enfoncé avec tout autant de conviction que le premier. Nouvelle oreille pour Léa Vicens qui sut convaincre le conclave par deux prestations de qualité. A noter que Léa ne fit jamais toucher ses différentes montures, ça mérite d’être signalé !

Enrique Ponce débuta son premier combat près des tablas par quelques bonnes véroniques, rematant son entrée en matière par esthétique media. Mise en suerte inexistante lors de la première rencontre, puis picotazo lors du second assaut règlementaire. Initiée par d’élégants doblones genou fléchi, la première faena du diestro de Chiva, brindée à Sébastien Castella, fut instrumentée sur les deux mains, les séries droitières s’avérant de meilleure note. Beaux enchaînements circulaires, changements de main opportuns et poncinas composèrent un ensemble agréable, bien que manquant un peu d’émotion, et auquel la noblesse du bicho contribua de façon significative. Les naturelles finales accrochées et le banderillero relevant le Margé après entière en place tiédirent un peu l’ambiance. Salut au tiers.

Le cinquième toro, après s’être engagé dans le capote prudent de Ponce, montra des signes de déficience physique. Une pique confirma la chose et le bicho fut renvoyé aux corrales. Le quinto bis, toujours du fer de Margé, fut accueilli par une série de véroniques plus conséquente avant d’être piqué à deux reprises, la première ration de fer prise sans mise en suerte. Brindée à Robert Margé, la faena ambidextre du valencian, sans être exceptionnelle, et souvent servie à mi-hauteur, fut un modèle de douceur et de temple, le torero réduisant la distance au final au gré des forces déclinantes du bicho. Entière en place après quelques derechazos servis de face et distillés au compte-gouttes. Oreille pour le vétéran.

Sébastien Castella salua le troisième par véroniques pieds joints, chicuelinas et demie au centre avant de le mener vers le uhlan pour deux rations de fer, la première en faisant chanter les étriers, symbolique la seconde. Le biterrois brinda lui aussi sa faena à Robert Margé avant de s’asseoir sur le marchepieds pour quatre passes  hautes données sans bouger, se relevant ensuite pour fixer l’animal. Sébastien fit ensuite appel à toute la conviction de sa muleta pour garder le toro dans l’étoffe car le Margé avait tendance à sortir suelto. Faena convaincante dont les meilleures séquences furent droitières avant une baisse de régime du cornu. Bonne entière après pinchazo. Oreille.

La lidia du sixième fut soignée. Accueilli par  véroniques, demie et larga, ce Margé fut placé correctement à bonne distance du cheval pour deux rencontres où le bicho s’employa avec entrega, le torero écourtant le châtiment pour préserver son adversaire. Depuis le début, on (je) sentait poindre un désir d’indulto pour rendre hommage à Robert Margé. Initiée par cambios por la espalda au centre, la faena vit le cornu galoper dans l’étoffe et les bonnes séries ambidextres s’enchainer au mieux. Mais l’état de grâce ne dura pas et le Margé baissa de ton, ne laissant d’autre possibilité au biterrois qu’un toreo de proximité pour la conclusion. Tiers de lame latéral et le bicho se couche pour finalement se relever. Deux descabellos. Vuelta pour le Margé et palmas pour Sébastien Castella.

Béziers. 15 août.

Toros de Fermin Bohorquez (rejon) et Robert Margé.

  • Léa Vicens : oreille et oreille.
  • Enrique Ponce : salut et oreille. 
  • Torero : oreille et palmas.

Léa Vicens

Enrique Ponce

Sébastien Castella

Notes.

  •  Minute de silence à l’issue du paseillo en hommage à Christian Coll, figure notoire du mundillo biterrois, et à Robert Barrachin, l’homme au panneau, tous deux disparus au printemps dernier.
  • « L’air du torero » de Carmen chanté  au paseillo par le baryton frédéric Cornille, et le « Se canto » interprété à l’issue de la lidia du cinquième toro.
  • Enrique Ponce fut invité à saluer avant son premier combat. Il invita Sébastien Castella à partager l’hommage du public.
  • Léa Vicens déclina l’invitation de sortie a hombros et accompagna ses compagnons à pieds vers la sortie.

Reseña et photos : Patrick Colléoni « Paco ».