Le 22 octobre 1970 je célèbre mon mariage avec Fermin Diaz. Le père de mes merveilleux enfants, François-Xavier et Virginie. Quelques jours plutôt, mon père me fait le plus beau des cadeaux : le Domaine de Méjanes.
Pour mon costume de mariée Arlésienne nous rendons visite à la Reine d’Arles, Françoise Calais.
Françoise devient mon amie de cœur avec qui, depuis, nous traversons les années, partageons nos souvenirs et nos grandes étapes de vie.
Sa destinée est, comme la mienne, étroitement liée à Méjanes.
Elle nous raconte aujourd’hui…
« Au printemps de l’été 1970, Michèle Ricard vient me rendre visite, accompagnée de sa maman. Je suis Reine d’Arles à l’époque. Mon père connaît Paul Ricard via des amis communs, les Sol.
Michèle me demande si je veux bien la conseiller et l’accompagner dans le choix de sa tenue de mariage. J’accepte avec un immense plaisir et beaucoup de fierté.
C’est dans la célèbre boutique de madame Birot, avenue de la République à Arles, que nous allons choisir le tissu.
Madame Birot travaille avec les plus grandes maisons parisiennes. Celles-la mêmes où se fournit Farah Diba, épouse du Shah d’Iran pour son sacre.
Je me souviens encore avec émotion de la présentation du tissu en satin de soie broché avec des fleurs de lys en velours… Je n’avais jamais vu de si belle matière. Nous choisissons ensuite les dentelles, les jupons,… tout est fin, élégant, magnifique.
Le 22 octobre au matin, arrive toute la famille de Michèle Ricard. Je me souviens des femmes, sortant des voitures un peu ébouriffées de leur voyage. Quelques minutes plus tard, ces dames sont coiffées à la perfection et je me demande bien par quelle magie..
Je finis par oser poser la question et l’une des sœurs de Michèle me parle de bigoudis chauffants !!! Quelle modernité ! Je suis épatée.
Michèle est prête. Elle rayonne. Je suis totalement fascinée par sa beauté. Elle sublime le costume. Avant de quitter le mas elle me murmure « Ne me quitte pas, ne t’éloigne pas de moi… ».
Je la sens fébrile. Je suis à ses côtés lors de la prise de cette photo mythique sur laquelle on la voit prête à monter dans la calèche avec son père… Je le vois ému, sa fille porte si bien le costume, fier sans doute aussi de voir autour d’elle le peuple des taureaux réuni.
La journée sera sublime. Un défilé de cavaliers innombrables, en costumes de gardians et en costumes andalous.
Les années passent. J’assiste à un mariage prestigieux aux Baux de Provence. J’y retrouve Paul Ricard qui prend en photos des arlésiennes en costumes dont ma sœur accompagnée de mon neveu.
Trente années plus tard dans Le Provençal, je découpe une interview de Paul Ricard. Il pose avec derrière lui,un tableau, une peinture qu’il a réalisée sans doute à partir de la photo de ma sœur et de son fils, lors du mariage aux Baux…
Ma sœur n’est plus… et j’ose écrire à monsieur Ricard pour me rappeler à son bon souvenir et lui demander s’il accepterait de me vendre son œuvre. Quelques jours plus tard, c’est Philippe Thiers qui m’apporte en main propre le tableau, offert par Paul Ricard. Quelle élégance de la part de ce grand monsieur !
C’est à Méjanes que, chaque dimanche, dès la fin des années 50, j’allais avec mes parents le dimanche. Pour déjeuner, pour assister à une course, à une corrida, pour partager un moment avec des amis. Nous étions certains d’en rencontrer, tout le monde allait à Méjanes le dimanche.
C’est avec la société Ricard que je réalise mon premier voyage en tant que Reine d’Arles. J’ai 18 ans et c’est ma première « vraie sortie ». C’est monsieur Marotto qui est mon chaperon. Il me fait rire en répétant fièrement « Je suis le plus bel espagnol d’Europe ! ».
Il me conduit en 4L d’Arles à Valence en Espagne pour une semaine démente de fêtes taurines !
C’est à Méjanes, ce jour d’octobre 1970, que je rencontre Gérard Jouve.
C’est à Méjanes, à la Feria du Cheval en 1980, que je rencontre mon second mari, Robert Margé.
Quelques années plus tard, totalement par hasard, je découvre que notre juriste espagnol n’est autre que Paco Ortiz, le nouvel époux de Michèle Ricard.
C’est le jour de la Feria du Cheval de 1983 que je mets au monde mon fils Olivier.
La vie passe. Le fil entier de ma vie aura été Méjanes, le lien avec tous.
Je retrouve Michèle qui me fait toujours confiance pour ses costumes. Pour elle, mais désormais aussi pour sa fille, ses nièces et ses petites filles…
L’an dernier, pour célébrer les 80 ans du Domaine au sein de la Famille Ricard, nous avons, une dizaine d’amies arlésiennes et moi, habillé et coiffé en Louis Philippe et en costumes contemporains chacune des femmes de cette grande famille. Quel bonheur !
J’ai beaucoup d’admiration pour cette famille si unie, dont les liens semblent si forts. Une telle osmose, une telle simplicité, c’est rare et si précieux ».
Un immense merci pour ton témoignage Françoise, sincèrement !