Histoire des arènes de Béziers. 1940-1946.

En ce 8 mai 2020, 75ème anniversaire de la capitulation de l’Allemagne nazie, coup de projecteur sur l’histoire des arènes de Béziers durant cette période tourmentée.

Merci à l’ami Hugues Bousquet (http://lotaureroge.canalblog.com/) pour l’aimable autorisation de publication sur le site.

1940 – 1944. Le silence de l’arène.

Quatre années où les portes des arènes s’entrouvriront rarement et jamais pour des toros de combat.

Une plaza de toros en triste état fin juin 1940, après l’enfermement durant quelques jours de trois mille italiens, ceux-ci, pour se chauffer, ayant utilisé toutes les parties intérieures en bois : barrera, portes, sièges… Des italiens suivis ensuite de 300 militaires de l’armée de l’air en juillet 1940.

Les arènes de toutes façons étaient inutilisables. La Société des arènes estimait la remise en état des lieux à 259 477 francs (105 367 €) ; l’État ramènera ce montant à 200 000 francs.

C’est le 28 février 1942 que fut annoncée la réouverture des arènes sous la la direction de Ferdinand Aymé qui s’occupait aussi de celles de Nîmes et des théâtres de Béziers, Nîmes et Toulon.

A ses cotés, pour les spectacles tauromachiques, le directeur des arènes de Lunel, M. Chavon.

Le communiqué de presse précisait : « poursuivant le but qu’elle s’est toujours fixé, la Société (des arènes), en ouvrant les portes cette année, a eu l’unique soucis d’apporter à la population biterroise un dérivatif aux inquiétudes qui nous étreignent (…), un plaisir aux aficionados privés depuis longtemps de leur spectacle favori…(348) ».

Ainsi, durant l’année 1942, les biterrois purent s’assoir à nouveau autour de la piste, notamment le 3 mai pour suivre une troupe de Charlots et deux toros emboulés, et le 10 mai pour assister à une course de 6 cocardiers vedettes opposés à 6 as du crochet.

Le 24 mai encore les Charlots et une course plus conséquente de taureaux emboulés de la manade du Pouly porteurs de cocardes assez élevées.

Nombreux furent les razeteurs quï descendirent dans le redondel pour enlever le petit ruban rouge placé sur le frontal de l’encorné. C’est ainsi que Quezel de Béziers, Bonzo. Gay, Gautier et Maître d’Arles, tous des jeunes, se signalèrent comme les meilleurs d’une meute de figurants héroï-comiques qui essayèrent parfois de faire quelque chose avec la cape.(349)

Le 18 octobre une grande capea de clôture terminait cette temporada particulière sans de véritables habits de lumières.



Trois semaines plus tard, le 11 novembre 1942, les troupes d’occupation allemande franchissaient la ligne de démarcation. Les arènes de Béziers allaient recevoir de cette date au 31 mai 1944, d’autres habits, ceux-ci vert-de-gris ne reflétant aucune lumière…

Puis du 23 octobre 1944 au 22 mai 1945, les arènes allaient devenir une annexe de la prison, regroupant anciens miliciens, collaborateurs notoires ou présumés tels.

Ainsi se terminait six tristes années sans toreros et toros (1939-1944). Mais déjà des aficionados, dans l’ombre bénéfique de Mithra et de la la Liberté renaissante, commençaient à se consacrer à voir le courage, la noblesse et la bravoure illuminer à nouveau le monument du Plateau de Valras… « 

(« Histoire des arènes de Béziers – 120 ans de passions taurines, lyriques, festives » – édition du Chameau Malin, Béziers – décembre 2018.

La Libération.

Du 8 au 15 juillet 1945, le Front National pour la Libération et l’Indépendance de la France, mouvement résistant créé en mai 1941 par le Parti Communiste Français, organise le Festival de la Victoire : Aïda de Verdi, concours de chant, festival de danse, Mireille de Gounod…

Début septembre 1945, sur les murs de Béziers,  des affiches annoncent pour le 16 du mois la réouverture des arènes biterroises avec une corrida mixte. Privés de corrida pendant 6 ans, les biterrois répondront massivement présents. Spectacle décevant pour les aficionados dont les trois clubs biterrois fédérés avaient demandé que le mot corrida ne fut pas employée et dégagé toute responsabilité sur les qualités tauromachiques des toros et des matadors, en fait des novilleros : Paco Sernal, Ausencio Perez et José Calais (caballero)…

Il faudra attendre 1946 pour revoir enfin de véritables corridas…

– caricature dans le même journal faisant allusion aux tickets de rationnement en vigueur pour certains jusqu’en janvier 1949.