L’histoire du Domaine de Méjanes, par Michèle Ricard (8).

« En 1950, je suis reparti d’en dessous de zéro sans que personne s’en soit aperçu ».

Voici ce que j’apprends quarante ans plus tard en lisant le livre de mon père « La Passion de Créer ». Sa vie est comme un film de cinéma. Mais en vrai. Voici la suite…

Marcel Pagnol est un grand ami de mon père, de la famille. Une grande et belle correspondance épistolaire entre les deux hommes en témoigne.

A chacun de nos périples en Italie, en Corse,…, nous cherchons des plumes Sergent-Major à rapporter à l’écrivain. Qui n’utilise pour son art, exclusivement que des plumes.

Bien des années plus tard, alors étudiante à Paris, je me souviens déjeuner chaque dimanche chez Marcel Pagnol. Et chaque dimanche entendre «Assis-toi petite, je vais te raconter une histoire». Avec son chat, couché sur la pile de livres posée sur le bureau, j’écoute cet orateur fabuleux des heures durant. Fascinée.

Affiche du film

Début des années 50 donc, Marcel Pagnol vend ses studios de cinéma à Marseille. L’opportunité pour mon père, d’investir dans sa passion de petite garçon, sans doute renforcée par son séjour aux États-Unis.

C’est à ce moment-là que Paul Ricard devient le premier producteur de films de cinéma en Gevacolor en France.

Et que le Septième Art fait son entrée au Domaine de Méjanes avec « La Caraque Blonde », réalisé par Jacqueline Audry.

L’un des premiers films de cinéma tourné en Camargue. L’une des seules femmes réalisatrice de l’époque.

Le tournage prend des mois. En plein hiver. Il fait très froid. Y participent de nombreux gardians de la région. Ainsi que tout le personnel de Méjanes.

L’héroïne, Tilda Thamar, est une actrice argentine d’une beauté et d’une sensualité inouïes.

Le film raconte en Camargue, deux familles qui s’opposent. La première, les manadiers. La seconde, les riziculteurs. Un ingénieur qui arrive de la ville avec une gitane, La Caraque Blonde … A la fin tout le monde se réconcilie et se marie.

Un message envoyé par mon père à travers ce film, aux manadiers préoccupés par l’avancée des riziculteurs. L’espoir que tout le monde peut vivre ensemble et même s’entraider.

Un second film est tourné à Méjanes. « La Loi de la Poudre », un western dans lequel on voit des femmes armées de revolvers. Paul Ricard est un féministe. Aussi.

Plus tard, d’autres tournages seront réalisés à Méjanes. Avec des acteurs français bien connus. Nous en parlerons plus tard…

Photos : tournage du film La Caraque Blonde. Collection de l’association des Amis de Paul Ricard. Toute reproduction est interdite.