L’histoire du Domaine de Méjanes, par Michèle Ricard (7).

Libération !

Au-delà du bonheur immense d’être enfin libres, il faudra du temps pour que la vie économique reprenne.

Entre autres, l’interdiction de produire et vendre ou consommer de l’alcool à plus de 16° n’est pas levée. Elle ne le sera pas avant longtemps…

L’agriculture à Méjanes doit donc devenir une activité rentable, non plus pour uniquement palier aux besoins de nourriture, mais pour faire vivre pleinement chacun des ouvriers de la société.

L’une des solutions serait de développer la production et la vente de riz de Camargue.

C’est là que pour la deuxième fois, le Domaine de Méjanes est au devant de la scène.

Avec le soutien du manadier Sol et de son ami de cœur, Philippe Lamour, Paul Ricard parvient à estomper la peur des camarguais que leurs étendues sauvages destinées à l’élevage des taureaux et des chevaux ne disparaissent au profit de l’agriculture.

Le matériel agricole enfin adapté, est livré à Méjanes. Les «grands travaux» peuvent reprendre.

Produire assez de riz pour en faire une activité viable est une chose. Trouver les clients pour l’acheter en est une autre.
Parce que consommer ce féculent n’est pas encore dans les habitudes des français, il faut faire découvrir le riz de Camargue à tous. Lui faire sa place dans le quotidien de chacun. Nouvelle aventure. Passionnante.

C’est ainsi que les hommes politiques, les «décideurs», les journalistes, les professeurs,… sont invités au Domaine de Méjanes pour découvrir et goûter son riz.

C’est ainsi, aussi, que le riz de Camargue est offert et servi aux passagers de la Compagnie Transatlantique, est dégusté à la table de restaurants étoilés comme un produit de choix, est présenté à la Sorbonne par l’éminent professeur de Pomiane,… et que de multiples recettes sont éditées et partagées.

C’est à cette époque-là que Paul Ricard part aux Etats-Unis.

Il y découvre les pratiques agricoles et le fonctionnement socio-économique. Il visite avec émotion l’usine d’Henri Ford dont il est un admirateur. Paul Ricard citera d’ailleurs régulièrement l’entrepreneur américain :  » Enlevez-moi mes usines mais laissez-moi mes hommes et je recommencerai« .

Mon père rentrera en France avec une énergie décuplée. Avec de nouveaux défis pour sa société et un rôle de Star pour Méjanes…

Photos : collection de l’Association des Amis de Paul Ricard. Toute reproduction est interdite.