Un ciel digne des Flandres en hiver, la pluie au dernier toro et dans les gradins trop peu de monde pour cette fiesta campera qui marque le dernier acte de la saison taurine dans le Sud-Ouest.
Quatre toros de la maison Jalabert et un Alma Serena pour le novillero sans picadors Jean-Baptiste Lucq. Avant le spectacle une longue minute d’applaudissement à la mémoire de Pierre Bats disparu brutalement à la fin de l’été, éleveur avec son frère Philippe des Alma Serena. Présence dans le callejon de Jean-Baptiste Jalabert venu avec son oncle voir leurs toros.
Les quatres Jalabert une pique, parfois faibles, mais nobles et suivant bien la muleta. Seul le quatrième était un peu plus compliqué. L’Alma Serena, de beau gabarit, a lui aussi posé quelques problèmes. Tous les participants, deux oreilles à l’exception de Kike une oreille avec ovation.
Les règles de la fiesta campera, rappelées par le président Bernard Langlade, un moment de plaisir et de joie entre toreros et public. Un entraînement sérieux pour le bonheur de tous.
Domingo Lopez Chaves avait la responsabilité d’ouvrir le bal. Un animal très noble avec lequel le spécialiste des élevages durs se régalait un long moment. Sur les deux mains, et tout particulièrement à gauche, il aura fait durer son plaisir. Souvent beaucoup de profondeur dans ses passes. Il tua d’une entière parfaite.
Manuel Escribano, tout sourire pour tenter d’éclairer la tristesse du temps, commence par une larga à genoux. Mais il abandonnera rapidement ce style de lutteur. Le temps de partager les banderilles avec Adrien Salenc, il se souvenait qu’il vivait sur les bords du Guadalquivir. A contre-courant de son style habituel il allait distiller des muletazos très profonds et lents. Une belle grâce sévillane chez ce garçon habituellement bouillonnant. Il en finit d’une entière, tout de même un peu basse.
Adrien Salenc fut un peu brusque avec la cape, son adversaire avait la fâcheuse tendance à se jeter dans l’étoffe, pattes en avant. Mais il sut dominer l’animal. Il commença sa faena avec beaucoup d’application, le temps de trouver la bonne distance et de laisser parler sa sensibilité. Il sut parfaitement dominer avec la main gauche. Un bel ensemble pour le moins gradé des trois matadors. Un pinchazo et un entière afin d’en terminer.
Cédric Fructueux « Kiké » fut plus agréable à la cape qu’à la muleta. Il avait un adversaire beaucoup trop compliqué pour son niveau. Jamais il ne baissa les bras. Toujours volontaire, il revint sans cesse au combat, mais dans un style haché et brouillon. Un bel effort tout de même. Il fut malheureux à l’épée, trois pinchazos, une demi-lame et deux descabellos.
Jean-Baptiste Lucq, après une belle première saison de novillero sans picadors, terminait à Rion avec un novillo d’Alma Serena plutôt difficile et remarquablement présenté. Il brindait longuement à Philippe Bats, des moments d’émotion et quelques larmes en évoquant le frère disparu. Puis le jeune novillero, très appliqué à la cape comme à la muleta, tentait tout pour convaincre… En outre l’animal était tardo. Mission impossible ou presque. Malgré cela il parvenait à signer quelques passes de grande valeur et toujours très profondes. Il aurait pu rêver d’un meilleur final. Trois tentatives à l’épée.
De bons moments pour finir mais on aurait pu rêver d’une meilleure météo.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Diaporama : Roland Coastedoat.