La grève de la faim pour pouvoir toréer.

Luis Gerpe, matador toledano, a entamé une grève de la faim  pour une durée indéfinie devant la plaza de toros de Las Ventas, une arène où lors de son étape de novillero il coupa trois oreilles et fit deux vueltas.

Le garçon a pris l’alternative le 30 août 2015 à Alcala de Henares des mains de Curro Diaz, Miguel Abellan officiant comme témoin, face à des toros de Castillejo de Huebra. Hélas le garçon ne tua que le toro de la cérémonie (il lui coupa une oreille), un gros orage faisant stopper la course après la mort du troisième toro.

Luis Gerpe, a très peu toréé depuis, passant comme beaucoup par le Mexique, le Pérou et la France (Gimeaux, octobre 2018), cherchant à se faire une place dans un milieu très fermé où les appuis comptent souvent plus que les qualités. 

Qu’espère le torero en le lançant dans une grève de la faim ? Attirer l’attention sur lui dans un premier temps pour avoir ensuite l’opportunité de confirmer son alternative à Las Ventas.

Ci-dessous le courrier du garçon (pour ceux qui pratiquent la langue de Cervantés).

Por la presente, quiero manifestar mi malestar primero como torero y después como persona, tras mis casi 4 años de alternativa, y aún no haber confirmado en Las Ventas de Madrid.

Con mis líneas, quiero reivindicar un derecho profesional dentro del mundo del toro, de poder confirmar mi alternativa en Madrid, ya que tras tomarla en Alcalá de Henares de manos de los maestros Curro Díaz y Miguel Abellán, aún estoy esperando poder pisar el ruedo de la plaza de toros que me vio crecer como novillero, Las Ventas.  Una plaza donde hice en su día méritos más que suficientes, para poder confirmar estos años atrás.

¿De qué sirve en mi caso tener actuaciones más que dignas, si en mis últimas tomas de contacto con Plaza 1,  aún no me han dado la oportunidad de mostrarme ante el público ya como matador de toros? 8 tardes, 3 orejas cortadas, y 2 vueltas al ruedo, creo que me avalan en mi etapa de novillero, para ser incluido en este 2019 en dicha feria, y no se me siga ninguneando más. Y no creo que no tenga méritos suficientes, para no ver mi nombre reflejado en la cartelería. No quiero pensar que mi dedicación, horas de entrenamiento, esfuerzos, y las orejas cortadas en dicha plaza, han caído en saco roto.

Si no sirve cortar orejas en Madrid, ¿dónde hay que cortarlas?

Si no estoy mal informado, este año tendrán cabida cuatro o cinco confirmaciones de alternativa en Madrid, y me gustaría que una de ellas fuese la mía. Todo torero, cuando en esos ratos de soledad coge los trastos y se prepara, evidentemente tiene en la mente la primera plaza del mundo para poder abrirse un hueco en el escalafón. Y todos, absolutamente todos, unos con más mérito y quizá otros con menos, tenemos derecho de confirmar en Madrid, y a partir de ahí, el toro y los méritos propios, nos sitúan en un sitio o en otro.

Me gustaría por otro lado que el Sr. Simón Casas, como máximo responsable de Plaza 1, revise mi palmarés y medite haciendo examen de conciencia, si soy o no merecedor de una oportunidad.

No estoy pidiendo limosna, solo justicia!!!  Firmado Luis Gerpe

Avant lui cette année au mois de février le novillero Jesus Alvarez avait fait de même pour obtenir un poste dans la Maestranza de Séville. Il avait arrêté au bout d’une semaine en ayant, dit-on, obtenu la promesse d’inclusion en 2020 s’il justifiait d’un meilleur bagage technique.

En mars 2019 à Granada, le matador David Moreno ‘Alcazabeño’ se lançait dans une grève de la faim pour décrocher un poste lors de la Feria del Corpus. Il n’obtint pas satisfaction et continue sa lutte.

Le 2 juillet dernier à Albacete, le torero local Pedro Marin avait lui aussi eu recours à une grève de la faim devant la plaza de toros. Il aurait obtenu son inclusion lors de la feria 2020.

En août 2017, toujours à Albacete, c’était Cristian Perez, actuellement coaché par Denis Loré, qui avait utilisé le même procédé pour faire valoir sa revendication de toréer. Il avait eu gain de cause. Désormais sa carrière semble mieux partie.

Le même mois, à Madrid, le novillero Javier Velasquez réclamait lui aussi en faisant la grève de la faim le droit de toréer. Il fut intégré dans un cartel l’année suivante et connut un fracaso.

En 2014, huit novilleros colombiens firent une grève de la faim devant la plaza de toros La Santamaria de Bogota pour réclamer le retour de la Fiesta dans la capitale avec l’espoir d’y toréer. Le mouvement, de grande répercussion, car relayé par les réseaux sociaux, permit le retour des toros trois ans plus tard.

Une trentaine d’années auparavant, Antonio Camarena, torero sévillan, avait eu recours à une grève de la faim de 16 jours pour prendre l’alternative dans la Maestranza (14 avril 1985. Parrain : José Luis Galloso. Témoin: Macandro. Toros : 5 de German Gervas et 1 de Gabriel Hernandez). Il récidivait quelques années après en s’enchaînant aux portes de la cathédrale pour obtenir son inclusion dans les cartels de 1987. Il l’obtint et ce fut sa porte de sortie. Il se lança dans la plomberie, et sa prospérité le mena à décrocher d’importants chantiers avec la municipalité, chantiers qui firent sa fortune. Celui qui rêvait de devenir matador pour pouvoir se payer un jambon est devenu un puissant homme d’affaires. 

A l’époque que nous vivons faite d’uniformité dans la confection des affiches, ne serait-il pas judicieux de regarder du côté de ces toreros qui toréent peu, faute d’appuis suffisants ?

Certains, comme Emilio de Justo ou Octavio Chacon, après des années de galères, sont sortis du rang et apportent un peu de fraicheur à des cartels figés par les compromissions et le manque d’imagination du milieu taurin.

D’autres, qui ont des choses à dire sur le sable des arènes, comme Thomas Joubert pour n’en citer qu’un, restent chez eux en attendant que sonne le téléphone.

En 1989 à Las Ventas, Manolo Chopera avait programmé deux corridas dites « de la oportunidad », le vainqueur de chacune d’elles se voyant programmé lors de la San Isidro.

Une idée que certains seraient bien inspirés de reprendre à leur compte !

Patrick Colléoni « Paco ».