Au départ une belle idée que ce défi en blanc et noir qui opposait des novillos de Barcial (encaste Vega-Villar) et de Jara del Retamar (encaste Jijona via Vicente Martinez), d’autant que les seconds représentaient un point d’interrogation car plus habituels des spectacles de rue que des spectacles formels.
A l’arrivée, une grosse déception pour les organisateurs et pour les spectateurs du fait du manque de caste des uns et des autres, les premiers manquant en plus de mobilité. Ainsi vit-on des utreros arrêtés au dernier tiers pour les trois premiers (Barcial) et refusant souvent le jeu de la muleta pour les trois suivants (Jara del Retamar). Aussi les trois novilleros furent à la peine pour les inciter à un minimum de collaboration.
Aquilino Giron, déjà vu peu à son avantage à Céret il y a deux semaines, n’a rien prouvé de plus hier. RAS au capote face au premier qui s’avéra tardo face au cheval par la suite en deux rencontres sans grand engagement, le lancier « pompant » à chaque fois. Muleta en mains, le granadino se montra tout aussi brusque qu’hésitant, et on ne retiendra d’une prestation sans intérêt que quelques mouvements gauchers de correcte facture. Trois-quart caida suivie de deux pinchazos et d’une demi-douzaine de descabellos pour en finir. Silence.
Le quatrième, après quelques capotazos moyens, s’élança de loin lors de la première rencontre, puis se réfugia devant le toril après avoir senti la morsure du fer. C’est dans ce terrain qu’il subit un second châtiment et qu’il obligea ensuite Aquilino Giron à se rendre, après avoir traversé toute la piste, pour l’y combattre. Peu intéressé par la muleta, le bicho n’autorisa que des demi-passes avant de succomber d’une entière caidita portée au second assaut (demi-lame tendida et latérale au premier). Silence.
Maxime Solera a répondu présent une fois de plus et on lui doit les moments les plus intéressants de cette tarde. Il fut aussi le vrai chef de lidia, occupant le poste règlementairement dévolu à un Aquilino Giron anormalement absent. Il mit tout d’abord avec métier son Barcial dans le capote avant de le confier aux bons soins du picador pour un long puyazo trasero pris en poussant un peu doublé d’un second de moindre intensité. Brindée à Francine Père, membre de la commission taurine locale, la première faena ambidextre du novillero fosséen fut volontaire, faute de pouvoir être brillante du fait d’un utrero sans charge auquel il fallut arracher les muletazos. Entière traserita complétée par une poignée de descabellos. Silence.
Le quinto fut bien fixé d’entrée par le capote autoritaire de Maxime avant de subir l’épreuve du fer par trois fois, poussant un peu lors du second passage. Bonne prestation du picador Pepe Aguado. Muleta en mains, le novillero se montra très au-dessus de son opposant qu’il força à collaborer, mettant à profit le peu de charge pour réaliser quelques tandas de bonnes factures sur les deux mains en se croisant avec beaucoup de détermination. Un trasteo qui aurait pu être primé d’un pavillon si l’acier avait été au rendez-vous. Hélas le novillo ne démarra pas sur le premier assaut, un pinchazo sanctionnant le deuxième et une lame caida le troisième. Vuelta fêtée.
José Antonio Valencia débutait en piquée avant un passage dans la catégorie retardé par l’annulation de la novillada de Vergèze où le jeune vénézuélien devait effectuer ses premiers pas en piquée. Hélas les conditions du jour n’étaient pas des plus favorables et l’on s’abstiendra de juger le garçon sur cette course. RAS au capote face au Barcial qui jouait des cornes. Après trois piques (traseras les deux premières) d’intensité décroissante, bon second tiers de Julien Breton Merenciano et Miguelito appelés à saluer. Première faena volontaire mais brouillonne face à un novillo défensif qui chargea peu et qui finit parado. Silence après deux lames atravesadas, perçant le flanc la seconde, complétées par pinchazo hondo et descabello. Silence.
Désireux de s’affirmer, Valencia reçut le dernier de la tarde par deux largas cambiadas de rorillas près des planches, se relevant ensuite pour deux véroniques joliment dessinées genou fléchi, la suite s’avérant quelconque. Après trois rations de fer distribuées en différents endroits, la troisième au milieu de la piste, bonne prestation aux banderilles de Marc Antoine Romero, puis une faena où le vénézuélien dut arracher des muletazos à un bicho compliqué au parcours limité et qui n’en acceptait pas plus de deux à la file. Petite bousculade sans conséquence lors de la mise à mort. Descabello. Silence.
Notes.
Prix au meilleur novillo : desierto.
Prix au meilleur picador : Pepe Aguado.
Prix au meilleur banderillero : Julien Breton Merenciano.
Prix au meilleur novillero : Oreille d’Or pour Maxime Solera.
Très bonne organisation de l’Aficion Taurine Beaucairoise avec des utreros bien présentés, les Jara del Retamar au-dessus des Barcial, et un souci de bien faire les choses. Certes le bétail n’a pas servi mais les passionnés de l’association ont eu le mérite de vouloir présenter un spectacle différent en sortant de la zone de confort dans laquelle beaucoup d’autres se complaisent. Ces organisateurs bénévoles méritent d’être encouragés et soutenus.
On sera là l’an prochain, si Dios quiere !
Reseña et photos : Paco.