Lunel. 21 juillet. Oreille pour Castella et Léa Vicens lors de la première corrida célébrée dans les nouvelles arènes.

Des gradins copieusement garnis (au moins à 80 %) pour cette première corrida célébrée dans les nouvelles arènes de Lunel et un public prêt à s’enthousiasmer pour peu que le spectacle soit au niveau des attentes.

Et globalement il l’a été avec trois acteurs décidés à donner le meilleur d’eux mêmes pour que ce premier spectacle soit une réussite. La classe de Sébastien Castella, la grâce et le métier de Léa Vicens et l’enthousiasme de Toñete ont contribué à un retour gagnant de la Fiesta dans la magnifique plaza de toros de la cité pescalune.

Pour ce qui est de la partie équestre du spectacle, bien qu’un peu connaisseur, je laisserai la plume à l’ami Freddy Porte bien plus pointu que moi dans le domaine. Ses reseñas suivront dans un deuxième temps.

Côté bétail, pour Léa Vicens deux toros de Fermin Bohorquez (1° et 4°) qui ont donné un jeu correct, bien que s’éteignant tous les deux au final. Pour les piétons, quatre toros de Jandilla et Vegahermosa (3° et 5°) qui, sans être des foudres de guerre, ont contribué à la fête (car point trop piqués il faut le dire aussi – tous une pique, d’intensité variable).

Sébastien Castella était, dit-on, content de venir inaugurer les nouvelles arènes. Il nous l’a montré en nous proposant la version actuelle de son toreo, plus aboutie, plus mûre, moins prévisible, un toreo reposant sur la lenteur, la précision et l’économie du geste. Le biterrois est parvenu à un niveau qui fait de lui sûrement l’un des meilleurs interprètes actuels du toreo.

Face à son premier accueilli par quelques véroniques millimétrées et l’esquisse d’une larga, puis piqué à dose homéopathique, il dessina un quite par chicuelinas douces bien que très serrées, rématant sa suerte par une revolera aérienne. Muleta en main, Sébastien initia sa première faena main sur les planches puis il poursuivit par une série de doblones genou fléchi du plus bel effet agrémentée d’un superbe changement de main par devant précédant pecho final. Il baissa ensuite la main, à droite comme à gauche, les cornes frôlant ses mollets, pour dessiner d’harmonieux derechazos et de belles naturelles, maîtrisant les droites comme les courbes avec cette gestuelle mesurée propre aux élus de la spécialité. Conclusion par quasi-entière traserita et un poil latérale complétée par un descabello. Oreille. 

Sébastien accompagna ensuite les charges du quinto par quelques véroniques, terminant sa réception par media et larga. L’animal mit ensuite les reins lors d’une unique ration de fer où il souleva un peu le cheval avant de faire une vuelta de campana qui mit fin au tiers. Un peu juste de forces, le bicho plantera ensuite plusieurs fois ses cornes dans le sable, ce qui n’arrangea pas ses affaires. Début de faena inédit où Sébastien dessina en avançant quelques muletazos main basse en inversant le placement de sa muleta (devant et derrière lui), l’ensemble servi avec grande élégance. Puis, plaçant l’étoffe à la hauteur adéquate pour éviter les génuflexions de son opposant, le diestro biterrois composa une nouvelle faena ambidextre templée à base de derechazos très doux et de naturelles semblant arrêter le temps. Hélas les forces déclinantes de l’animal firent un peu retomber le soufflé. Court final encimista avant entière vite concluante portée au troisième assaut. Silence. 

Le nouveau crû Castella est vraiment séduisant et le silence consécutif à sa seconde partition semble indiquer que le public (peu averti) n’a pas perçu le degré de perfection atteint par ce torero dont la maturité professionnelle me touche.

Avec Toñete, on est dans un autre registre, celui d’un enthousiasme communicatif et d’une joie de toréer qui fait plaisir à voir. Le garçon n’en est qu’au tout début de sa carrière, et lorsqu’il aura posé un peu son toreo, il pourrait devenir un torero des plus intéressants. L’avenir le dira. Face au troisième, il dessina des véroniques volontaires et une demie, chargeant la suerte, les pieds rivés au sol. Après l’unique ration de fer, il s’engagea dans une première faena ambidextre à laquelle le Jandilla donna de l’intérêt de par sa noblesse et son alegria. Le jeune torero se saisit de l’occasion et signa un trasteo de bonne facture, peut-être un peu rapide, mais plaisant à suivre. La lame caida et tendida qui conclut l’ensemble le priva d’un possible trophée, la récompense se limitant à une vuelta.

Le dernier toro de cette première corrida fut accueilli par bonnes véroniques et deux medias avant d’échapper à la cuadrilla pour s’élancer, sans mise en suerte, vers le cheval qu’il déséquilibra en le prenant par l’arrière, l’envoyant au tapis et recevant au passage une bonne pique. Quite du titulaire par deux véroniques et demie. La seconde faena de Toñete fut de moindre contenu car sûrement plus enthousiaste que profonde et un brin pueblerina (car le garçon a vite vu que les gradins s’attachaient plus au tape-à-l’oeil qu’à l’orthodoxie). Quelques bonnes séquences tout de même, et un final encimista avant une lame longue d’effet. Palmas.

Agréable tarde dont on espère qu’elle soit suivie de bien d’autres avec tout autant d’affluence.

  • Léa Vicens : vuelta et oreille.
  • Sébastien Castella : oreille et palmas.
  • Toñete : vuelta et palmas.

Prix au meilleur torero (Peña Victor Mendes) pour Sébastien Castella, remis en présence de Laurent Cadène, secrétaire UCTPR.

Prix Coup de Coeur (Peña Litri) pour Léa Vicens.

Prix au meilleur picador (Club Taurin Goya) pour Juan Melgar (reçu par la cuadrilla).

Notes.

  • Un groupe d’antis manifestait (trop) près des arènes. 
  • Paseo retardé d’un quart d’heure à cause de l’affluence (pourquoi ne pas avoir ouvert plus de portes ?)
  • Présidence à charge de la Peña Litri.

Reseña et photos : Paco.