Mont-de-Marsan. 17 juillet. Daniel Luque, sur un nuage, coupe la première oreille.

Première corrida de feria, arènes combles, deux heures vingt de spectacle, soleil, légère brise, température agréable.

Six toros de La Quinta, tous de véritables « petits gris » dans des robes variées. Tous deux piques, prises pour certaines avec une belle bravoure. A la muleta, parfaitement toréables, avec un très joli fond de noblesse. Tous sont arrivés à la mort bouche fermée.

  • Daniel Luque (noir et or) : au premier, une entière, silence ; au quatrième, une entière, un descabello, avis, une oreille.
  • Emilio de Justo (vert et or) : au deuxième, un pinchazo, une entière, salut ; au cinquième, un pinchazo, une entière, avis, salut.
  • Thomas Dufau (bleu marine funèbre et or) : au troisième, une demi-lame, un quart de lame, quatre descabellos, avis, silence ; au dernier un pinchazo, une demi-lame, un descabello, silence.

Le chapelain des arènes en est certain… il me l’a confié ! Marie Madeleine a versé quelques larmes de bonheur quand elle l’a vu toréer…

Daniel Luque avec son second toro, « Vandeval », était sur un nuage, même beaucoup plus loin, sur une autre planète, lorsque le corps relâché, débordant de grâce et d’harmonie, il a dessiné une série de trois naturelles. Le ton était donné. Daniel Luque poursuivait sur ce même registre en utilisant l’autre main. Par trois fois il se fit passer le toro à la ceinture, comme s’enroulant dans l’animal… Les applaudissements fusèrent dans le public. A chaque muletazo on avait l’impression qu’il ralentissait le rythme, comme s’il recherchait une certaine éternité. Arrêter l’horloge comme le faisait le grand Curro. Cette faena était régulièrement entrecoupée de trincheras du plus bel effet, elles tombaient là comme des anges, venant rectifier la charge du monstre. Un immense moment de tauromachie et de rêve. Lors de sa première sortie, il n’avait trouvé aucun point commun avec son adversaire. Il alternera sur les deux mains, par de petites séries mais sans jamais aller au fond des choses.

Emilio de Justo a témoigné d’une certaine volonté, se montrant à la cape, surtout dans des chicuelinas entre les deux piques. Après avoir brindé à l’arène, avec quelques muletazos très appuyés et bas, il domine un instant son adversaire. Avec profondeur et lenteur il arrive sur la main gauche. Il semble être en mesure de nous étonner, puis il perdra tous les bénéfices de ces premiers moments à ne pas pouvoir imposer un véritable rythme à son combat. Il partira ensuite sur un registre classique, dessinant de belles séquences sur les deux mains, mais l’ensemble manquait d’imagination et d’émotion avec un toro andarin, qui n’avait jamais de belles charges. Même sur les dernières passes le toro ne manifesta jamais l’agressivité nécessaire.

Thomas Dufau, que l’on voyait voler de succès en succès depuis le début de la saison, n’a certainement pas su résister à la pression de son public qui l’avait accueilli par un tonnerre d’applaudissements. Il cafouilla lors de sa première faena et ne parvint à trouver un rythme agréable que bien trop tard. Il sera très souvent obligé de s’aider de la voix pour inciter son adversaire à la charge. Il ne fut guère plus aidé par le deuxième animal, un autre andarin dont la charge n’était pas le fort. Un moment on a eu l’impression que le garçon se prenait à douter. Il se sauva tout de même avec quelques naturelles, mais il ne parvint jamais à convaincre totalement.

Cette ouverture de la feria de la Madeleine demeurera longtemps marquée par l’immense faena de grâce et de beauté de Daniel Luque.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Diaporama : Romain Tastet.

Note.

Thomas Dufau a été victime d’un malaise à l’issue de la corrida et transporté à l’hôpital de Mont de Marsan pour examens. Le garçon avait été victime d’une infection virale lors de son séjour récent au Pérou, ceci expliquant probablement cela.