Eauze. 6 juillet (tarde). Grande déception… sans oreille ni vuelta.

Soleil et chaleur, une demi-arène réfugiée à l’ombre, deux heures dix de spectacle.

Six toros du Camino de Santiago, bien présentés, certains sans excès de poids, correctement armés, tous une pique. Nobles mais manquand d’agressivité et de mobilité, parfois sosos.

  • David Fandila «El Fandi» (bleu marine et or souligné de noir) : au premier, une entière, silence; au quatrième, un quart de lame et un descabello, salut.
  • Joaquim Galdos (bleu marine et or) : au deuxième, deux pinchazos, trois-quarts de lame, silence; au cinquième, trois pinchazos, trois-quarts de lame, silence.
  • Adrien Salenc (moutarde et or) : au troisième, une entière, trois descabellos, avis, salut ; au dernier, deux pinchazos, une entière, avis, silence.

La corrida d’Eauze n’a pas tenu les promesses qu’elle affichait avec la qualité de ses intervenants. Cette immense déception a été causée par le comportement du bétail du Camino de Santiago qui est demeuré apathique tout au long de la course, sans jamais manifester la moindre agressivité. Des toros sosos que l’on aurait pu croire sans caste. A leur actif, une belle présentation, des armures bien faites, sans exagération, mais très présentes. Une corrida qui paraissait elle aussi pétrie de qualité et qui à l’arrivée n’a rien donné.

«Depuis trente ans que j’élève des toros, c’est ma plus mauvaise après-midi. Je ne pensais pas que cela puisse exister. Un véritable enfer.» confiait Jean-Louis Darré appuyé dans un burladero et qui pouvait à peine parler, retenant manifestement des larmes. «Je ne comprends pas, les six toros sont sortis identiques, sans la moindre agressivité. Il y avait pourtant trois sementales différents à l’origine… » Alors est-ce la chaleur qui a influé sur le comportement des bichos ?

« Je ne peux pas y croire. En Espagne nous sommes sortis sous des températures aussi fortes et un temps aussi pesant ou plus et la course s’est bien comportée… Aujourd’hui je jouais gros et j’ai perdu…»

Jean-Louis n’est pas du genre à abandonner, et dans quelques semaines il faudra bien qu’il surmonte ce passage difficile. En n’oubliant pas les leçons d’Eauze il poursuivra sa quête du meilleur toro de combat que l’aficionado puisse souhaiter.

El Fandi a multiplié les essais pour lancer la corrida, une larga à genoux à la cape, puis des figures très fleuries, deux tercios de banderilles spectaculaires, ses deux faenas ont été faites de douceur sur un rythme très lent, mais rien de véritablement efficace pour mettre ses deux toros en valeur. Les deux animaux que lui avait réservé le sort ont suivi la muleta avec béatitude sans jamais manifester la moindre agressivité… Un spectacle sans la moindre émotion.

Joaquim Galdos, toujours très à l’aise à la cape, signant souvent d’excellentes véroniques, a eu la difficulté de rencontrer deux adversaires qui avaient de fâcheuses tendances à s’arrêter dans la passe et qui ne répétaient pas avec beaucoup d’envie. Pour lui le pire fut le cinquième.

Adrien Salenc. Dire de lui qu’il a su tirer son épingle du jeu serait un peu exagéré. Mais par instants il a su dessiner quelques excellentes figures, passant d’une main à l’autre, en se faisant plaisir au début de sa deuxième faena. On retiendra des deux ensembles quelques bons derechazos qui lui permirent de bouger son adversaire.

Au total, bien peu à retenir de cette corrida pourtant bien présentée.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Diaporama : Philippe Gil Mir.