Entretien avec Maxime Solera.

A l’occasion du Printemps des Jeunes Aficionados, nous avons rencontré Maxime Solera qui vient tout juste de terminer son premier séjour au Mexique.

L’occasion de recueillir son ressenti sur cette expérience et de faire un point sur la temporada qui débute.

torobravo : comment s’est passé ton premier séjour au Mexique et qui l’a organisé ?

Maxime Solera : ce séjour, je le dois à mon apoderado, Enrique Guillen, qui fait un excellent travail et qui s’est occupé par l’intermédiaire d’Arturo Gilio (novillero mexicain) de me trouver deux contrats. Puis sur place j’en ai gagné deux autres. Le Mexique, c’est un peu spécial car ils décalent facilement les dates et reportent les spectacles. Au final, on est parti pour deux contrats et on revient avec quatre novilladas, et des promesses pour le futur.

TB : as-tu eu du mal à t’adapter au bétail local et quelles sont les différences entre le toro mexicain et le toro européen ?

MS : sincèrement, oui j’ai eu des difficultés à m’adapter. Ça ne s’est peut-être pas ressenti dans mes actuationes, mais j’ai eu des difficultés face au toro mexicain qui est complètement différent du toro européen. Une embestida (façon de charger) complètement différente, et surtout des colocaciones (placement), des distances, des hauteurs de muleta qui diffèrent de ce qu’on peut voir ici. Je suis un torero classique et poderoso, et là-bas, le poderoso il faut éviter parce que sinon les toros ne durent pas. Cela a été la difficulté pour moi, mais c’est dans la difficulté qu’on progresse. Le progrès que j’ai pu apporter à ma tauromachie, c’est de faire un peu plus attention au toro quand il le faut pour que les faenas prennent de l’importance.

TB : cuidar los toros (prendre soin), pas trop leur monter dessus et plutôt les accompagner…

MS : exactement, les accompagner un peu plus, et surtout chercher la bonne distance, la bonne colocacion et la bonne hauteur plutôt que les toquer. Chercher la suavidad (le côté suave), le maximum de douceur possible, alors les toros te le rendent.

TB : le public mexicain attend plutôt des faenas artistiques, plus douces et peut-être plus longues ?

MS : plus longues oui, car il faut faire le toro petit à petit. Les trois ou quatre premières séries doivent être pour le toro, en ligne droite, en l’aidant un petit peu. Après, le toro nous le rend. Des faenas plus longues, oui. Quant au côté artistique, ça dépend des arènes. Il y a des plazas sérieuses où la lidia compte beaucoup. J’ai pu le ressentir lors de ma dernière novillada. J’ai pu donner la vuelta avec le capote, le public a tout de suite connecté avec moi. Ça faisait plaisir de voir qu’ils aimaient ça aussi car c’est aussi ce que j’aime.

TB : quels sont les encastes que tu as rencontrés ? Beaucoup de Santa Coloma ?

MS : oui, Santa Coloma, Saltillo, ce sont les deux encastes majoritaires là-bas et c’est ce que j’ai toréé.

TB : peu de Domecq ?

MS : j’ai toréé un toro d’origine Domecq. Ce n’est pas dans mes habitudes, mais il faut toréer de tout. J’ai donc toréé un toro d’encaste Domecq d’origine espagnole. Tout le reste, c’était du toro mexicain d’origines Santa Coloma et Saltillo.

TB : tu as donc passé trois mois au Mexique …

MS : oui, j’y ai passé trois mois, du 29 décembre au 29 mars.

TB : comment as-tu occupé ton temps sur place ?

MS : entrainement matin et après-midi avec toreo de salon et salle de sport. Je devais aussi m’occuper de mon genou après l’opération du ménisque en septembre dernier. Il faut dire que j’avais tenu toute la saison dernière avec le ménisque fissuré. Je me suis aussi entrainé à entrer a matar. J’ai eu aussi le privilège d’aller cinq ou six fois au campo. Ça a été un grand plaisir de pouvoir vivre cette expérience qui autant professionnellement que personnellement m’a beaucoup apporté. J’ai découvert une autre manière d’aborder la tauromachie, et j’ai essayé de prendre tout ce qui me semblait bon et utile.

TB : une ganaderia que tu retiens en particulier ?

MS : Guardiana, un élevage qui est sur Monterrey. C’est le premier novillo que j’ai tué au Mexique et auquel j’ai coupé une oreille qui aurait pu être deux.

TB : tes contacts avec le public mexicain ?

MS : Bons contacts en général. C’est un public très chaleureux qui connectent tout de suite avec les toreros, avec le moindre détail. Suivant où on torée, ce ne sont pas de grands connaisseurs, mais ils sont très cariñosos (affectueux).

TB : beaucoup de déplacements pour toréer ou bien es-tu resté toujours dans la même zone ?

MS : j’ai dû me déplacer, mais on s’est bien organisé pour être toujours très près des lieux où on toréait. De plus, les avions là-bas ne sont pas très chers et pour une cinquantaine d’euros on pouvait faire des aller-retour.

TB : qui t’a accompagné durant ces trois mois ?

MS : mon apoderado Enrique était avec moi pour pouvoir s’entrainer comme il faut. Il est toujours à mes côtés. Mon père a pu venir passer quelques jours de vacances. Là-bas j’étais avec des toreros. J’ai eu la chance d’être avec Calita, avec Salvador Lopez quand j’étais sur Mexico. Mais j’étais surtout dans le Nord, à Torreon où je m’entrainais avec Arturo Gilio.

TB : as-tu noué des contacts pour éventuellement repartir au Mexique l’an prochain ?

MS : des contacts amicaux oui, et j’y retournerai sûrement pour revoir les copains. Mais professionnellement, il faut que je confirme en Europe pour avoir des arguments pour y retourner.

TB : physiquement, comment te sens-tu ?

MS : quand je suis parti, j’étais à la fin de la rééducation de mon genou. Physiquement, ça a été très bien car Mexico et Torreon sont à 1200-1400 mètres d’altitude et ça sert pour la préparation physique. A l’heure actuelle, je suis bien , je suis en forme, je tiens à rassurer tout le monde. Le genou va bien, donc tout va bien.

TB : parlons un peu maintenant de la temporada européenne qui débute aujourd’hui…

MS : je débute aujourd’hui à Vauvert, puis j’ai une fiesta campera la semaine prochaine vers Castellon avec Javier Cortes, Ruben Pinar et Varea. Puis ce sera Arles le 21 avril, une grande date et un grand honneur de pouvoir toréer dans ces arènes.

TB : combien de contrats environ envisages-tu d’honorer cette saison ?

MS : j’aimerais environ une vingtaine. L’an dernier, à cause de la blessure, j’ai terminé avec huit contrats sur une douzaine de prévus. Cette année, je souhaiterais beaucoup plus. Pour le moment, de ce que je peux dire, j’ai Arles, Aire sur l’Adour, Istres, Boujan, Céret, Beaucaie, Millas.

TB : Vic-Fezensac, qui est dans la ligne torista que tu as choisie, ne t’a pas contacté ?

MS : Non. C’est leur choix et c’est à moi de leur donner des arguments pour m’engager.

TB : saison complète en novillada ?

MS : oui, et l’alternative on verra pour l’année prochaine, si possible en début de saison. Ce serait l’idéal. A moi de me le gagner encore une fois.

TB : des voeux pour toréer cette année dans certaines arènes ?

MS : toutes celles qui voudront bien m’engager. Beaucoup d’envie. J’aimerais pouvoir faire une saison physiquement bien pour pouvoir montrer ce que je suis capable de faire, mon évolution, sans perdre l’envie, la gana que j’ai toujours eue.

TB : devant des toros durs ?

MS : devant tout ce qu’on me proposera. Il n’y a aucun soucis, je suis ouvert à tout. Mais bien sûr je sais quel est mon chemin.

TB : que peut-on te souhaiter pour cette temporada ?

MS : beaucoup de triomphes et une bonne santé.

TB : eh bien c’est ce qu’on te souhaite. Merci et suerte pour la temporada qui débute !

Propos recueillis par Paco à Vauvert le 31 mars 2019.

Les contrats de Maxime à ce jour :

  • Arles. Dimanche 21 avril (11h00) : novillos de Domaine de Malaga, Le Lartet, Camino de Santiago, François André, Taurelle et fils et Jacques Giraud pour Tibo Garcia, Baptiste Cissé, Maxime Solera, Carlos Olsina, El Rafi et Adam Samira.
  • Aire sur l’Adour. Mercredi 1er mai : novillos de Juan Luis Fraile pour Juan Carlos Carballo, Maxime Solera et Dorian Canton.
  • Istres. Dimanche 16 juin (11h00) : novillos de Cuillé pour Maxime Solera, Cristian Perez, Carlos Olsina, Hector Gutierrez, Alfonso Ortiz et El Rafi.
  • Boujan. Dimanche 30 juin (18h00) : novillos de Veiga Teixera pour Abel Robles, Maxime Solera et Cristobal Reyes.
  • Céret. Dimanche 14 juillet (11h00) : novillos de Monteviejo pour Juan Carlos Carballo, Aquilino Giron et Maxime Solera.
  • Beaucaire. Dimanche 28 juillet. Novillos de Barcial et Jara de Retamar.
  • Millas. Dimanche 11 août. Novillada-concours. Novillos de Hubert Yonnet, Manu Turquay, Jalabert, Christophe Yonnet, Malaga et Sainte Cécile.