Gamarde. 31 mars. Aguado illumine l’arène et sort en triomphe.

Arènes couvertes pratiquement combles. Temps lumineux et chaud, deux heures quarante de spectacle.

Sept toros de Castillejo de Huebra, le deuxième remplacé pour boiterie, par un sobrero du même fer. Tous bien présentés, lourds, de 509 à 538 kilos sur la balance de l’éleveur. Tous une pique, à l’exception du deuxième et du dernier, deux châtiments, ce dernier toro renversant le cheval et le blessant au cou. Parfois compliqué à la muleta, mais toujours toréables.

  • David Galvan (bleu marine foncé et or) : au premier, une entière, une oreille ; au troisième, une entière a recibir, avis, rares applaudissements.
  • José Garrido (blanc et or) : au deuxième, un pinchazo et une entière, quelques applaudissements ; au cinquième, un entière foudroyante, une oreille.
  • Pablo Aguado (rose foncé et or) : au troisième, un pinchazo, un quart de lame, un descabello , une oreille ; au dernier, une entière, une oreille.

 

Pablo Aguado, avec son premier adversaire, commença par être excellent et profond à la cape, faisant jaillir les applaudissements du public. Mais le sévillan nous réservait bien plus. A la muleta, sur les deux mains, il développa une lenteur que seul les Andalous connaissent, un sentiment proche du duende. Avec la gauche il insista et arrêta presque le temps. Sur les bras des plus sensibles montait la chair de poule. Il y a bien longtemps que le Sud-Ouest n’avait connu pareil sommet, digne de Curro Romero.

Ce fut tellement parfait que, malgré une légère cacophonie à la mort, l’oreille venait naturellement. On n’a pas retrouvé ces moments avec le dernier toro. Un sérieux client qui renversa la cavalerie et qui, au sol, blessa le cheval. Ici Pablo Aguado démontra toute sa domination et son poder sur l’animal. Mais il n’eut pas le loisir de tutoyer  les anges de la tauromachie, les cornes étaient toujours présentes pour le rappeler à l’ordre. Cette domination, il la concluait par une superbe estocade. Dimanche, à Gamarde, Pablo Aguado a apporté une respiration différente et tellement agréable, appréciée de tous.

David Galvan remplaçait Daniel Luque, victime ces jours derniers d’une infection microbienne. Ce garçon fut très professionnel. Il dessina sa faena avec calme et maîtrise, avec une main gauche particulièrement efficace. Trop confiant, il finit par se faire méchamment bousculer. Son deuxième adversaire il le brinda à notre confrère et ami, Hervé Touya. Il servit là aussi un toreo très classique sur les deux mains avec des muletazos très lents et caressant le sable. Mais il ne parvint pas à maintenir cette intensité jusqu’au bout et terrmina dans une certaine monotonie, sans le moindre relief.

José Garrido marque sa première sortie par une larga afarolada à genoux. Il se fit applaudir sur quelques capotazos, particulièrement bien dessinés. C’est sur les deux mains qu’il utilisa la muleta mais demeura dans un registre très superficiel. Pour sa deuxième sortie, il fut souvent en difficultés, débordé, surtout à gauche et dans l’impossibilité de lier deux passes en suivant sur le même sitio. Après chaque muletazo, il fut contraint de se replacer. Sa belle et valeureuse estocade lui permit  d’obtenir un trophée. Pourtant le torero peut donner mieux que cela. Il faut rapidement le revoir.

Cette première corrida formelle de la saison dans le Sud-Ouest aura été marquée par le bon goût et l’art de Pablo Aguado… Un nom à suggérer aux organisateurs s’ils se trouvaient face à des substiutions.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.