« A campo abierto », compte-rendu des Journées Torrito Aficion de novembre 2018.

C’est ainsi que l’on peut résumer l’accueil que vous réserve Fabrice, Isabel et Maruchi lorsque vous franchissez le portail de la magnifique finca de Mirandilla.

Les portes de l’élevage Albaserrada vous sont grandes ouvertes afin que vous puissiez vous immerger dans la vie au campo et vous rendre compte par-dessus tous les clichés des difficultés de la tenue d’un élevage de toros bravos.

C’est dans ce contexte que notre groupe de membres du club taurin Col Y Toros a participé au premier cycle des Journées Torrito Aficion 2018.

La première journée a débuté tôt pour les plus courageux afin d’aider Fabrice à l’installation.

Après un petit déjeuner servi par le personnel de la finca, le groupe s’est retrouvé pour la ferrade d’une trentaine de bêtes avec la participation de nombreux jeunes, créant beaucoup de dynamique à ce moment de travail important pour Fabrice, toujours sous le regard de la Marquise. Certains auront pu apposer le fer de l’élevage sur la cuisse de quelques génisses.

Nous poursuivons la journée par la visite du campo en charrettes pour admirer des toros toujours aussi impressionnants de présentation et dégageant autant de puissance. Fabrice nous fait la surprise d’organiser pour la première fois à Mirandilla une tienta « a campo abierto ». Sans la présence de cavaliers avec la garrocha, le cadrage de la bête fut un peu laborieux et fatigant pour la vache que l’on ne put voir au cheval. A la muleta, celle-ci fut d’une grande noblesse, sans vice, ce qui permit à quelques practicos, dont un certain «Le grand…» de péguer quelques chiffonnades. (Il faudra revoir cette vache au cheval nous confia Fabrice).

Fernando Rey « a campo abierto »

C’est ensuite dans la placita que se poursuivit la tienta d’une autre vache. Un torero très «artistique» conclura la matinée avec un novillo dont il avait acheté la bravoure.

Lors de l’apéritif, le Mayoral, toujours aussi proche de ses invités, a expliqué aux moins initiés et aux autres, avec toute la pédagogie et la passion qui le caractérisent, ce qu’il avait ressenti durant cette grande et longue matinée.

Le matador Juan Vicente et un novillo exigeant

Pour conclure Isabel, son épouse, qu’il ne faut pas oublier, nous avait préparé avec son équipe un excellent repas dont le fameux cocido, que nous français, ne savons toujours pas manger (la soupe avec la viande ou pas…). Ainsi se termine notre première journée au campo.

Distribution du pienso

Le lendemain, toujours les plus courageux, levés aux aurores, se dirigent à nouveau vers Mirandilla après un petit déjeuner pris au bar des chasseurs. 

Tri dans les corrales

Arrivés sur place, certains vont préparer le pienso, d’autres trier le bétail avec Fabrice, et d’autres pousser un tracteur récalcitrant. Ensemble nous irons donner à manger au bétail pendant que le reste du groupe finit de nous rejoindre.

Cette journée sera placée sous le signe de la jeunesse, avec une démonstration de toreo de salon et une capea exécutée par l’école taurine de Camas dans une placita décorée, sous l’œil avisé de leur professeur «El Almendro» et de Tomás Campuzano, discret mais présent.

L’avenir de l’afición. Antonin, le toro français, et Luisón, le torero espagnol …

Des petits carretones, capotes et muletas étaient à disposition pour les enfants de tous âges. Voir tous ces minots confirme que notre aficion a los toros peut avoir encore de l’avenir. 

Après une visite du campo pour les plus jeunes, nous nous dirigeons tous vers la Cerca de los Franceses pour assister au 4º Festival. Grosse affluence, le village de Gerena s’est invité chez le Marquis d’Albaserada : «No hay billetes».

Le festival débute par la présentation en public d’un torero en herbe, Daniel Fernández, 10 ans, qui affronte une vache de moins de deux ans, de grande faiblesse auquel le gamin a pu esquisser quelques beaux gestes.

Vient ensuite l’actuacion des deux novilleros, Diego Vázquez et Uceda Vargas, un peu faibles techniquement, devant un bétail quelque peu exigeant.

Le festejo se poursuit par l’entrée en piste du maestro Alberto Lamelas devant un toro très imposant qui prend une belle ration au cheval. A la muleta ce toro se montre très compliqué, sans charge : « un quignon ». Mais Alberto ne se démonte pas, comme le font ces toreros belluaires, donne tout ce qu’il a et tire une belle série de derechazos improbable avant de mettre un bon coup d’épée. Bravo maestro !

Puis vient le tour de Octavio Chacón qui accueille son toro par de belles véroniques templées. Le toro se présente ensuite au cheval de façon intéressante. Avec beaucoup d’élégance envers l’éleveur, Octavio le remet en suerte de plus loin, d’où le toro partira pour une deuxième rencontre. Le quite se fera par des superbes chicuelinas «al alimón» avec la complicité d’Alberto Lamelas. Brindis émouvant au torero japonais «El Niño del Sol Naciente».

La faena sera de qualité sur les deux mains avec un toro noble, beaucoup, beaucoup, plus collaborateur que celui de Lamelas. Les trophées pour tous les toreros tombèrent comme la pluie un jour d’épisode cévenol, mais nous sommes en festival : normal ! Beau moment taurin, merci Fabrice !

Maintenant la faim travaille les estomacs français pas encore réglés à l’heure espagnole. Nous nous dirigeons vers les différents comptoirs pour nous rassasier avec quelques tapas et une bonne paella arrosés de quelques cervezas et de vino blanco.

Nous nous rendons à nouveau vers la Cerca de los franceses afin d’y apposer les fameux azulejos. Cette année deux sont au programme : celui de la famille Deloustau et celui de Serge Chanal qui, pour des raisons de santé, n’a pas pu participer à notre voyage. C’est Fabrice qui effectua avec émotion la pose de ce centième azulejo.

Après le festival, les cinq toreros, la ganadera, le mayoral et … Eduardo

La journée se termine autour de braseros où la musique sévillane résonne, les danseurs de notre groupe et quelques autochtones se défient dans des danses endiablées. Nous, autour, on refait le monde, une bière à la main. Que c’est beau le campo « abierto ».

Merci à Fabrice, Isabel, Maruchi, Col y Toros (Philippe et Véro) de nous permettre de vivre et partager de fabuleux moments comme nous venons de passer à Mirandilla.

Texte de Sandrine et Bertrand Seguy
paru sur le blog de Fabrice Torrito « Les carnets du mayoral » le 20 novembre 2018.

Avec l’aimable autorisation de Fabrice Torrito.