L’ANPTE (Asociación Nacional de Presidentes de Plaza de Toros de España) a organisé son congrès annuel à Salamanca en fin de semaine dernière.
Plus d’une centaine de professionnels assistait à cette réunion dont le thème principal était « Respect au toro ».
Interrogé sur le sujet, Marcelino Moronta, président de l’Association, déplorait le triomphalisme qui règne dans nombre d’arènes, dénonçant le manque de respect envers un animal dont l’intégrité est souvent mise à mal.
« Au Président de décider si les cornes d’un animal doivent aller au laboratoire ou pas. S’il y a des dysfonctionnements, la faute lui en revient. Au terme de cette temporada, il faut que certains fassent un examen de conscience par rapport à leurs actions dans certaines plazas. Et je le répète, ce qui est fondamental, c’est le respect dû au toro. Nous devons tous y être sensibilisés ».
Quant à la polémique autour des indultos :
« Les indultos sont excessifs. Il y a des toros qui méritent la vuelta pour leur bravoure, et auxquels on accorde directement l’indulto. C’est une erreur gravissime et lamentable à la fois. L’indulto doit être une chose exceptionnelle, et beaucoup des grâces qui sont accordées dévaluent la bravoure du toro. En revanche on donne peu de vueltas. Il y a eu des toros très braves qui la méritaient et le mouchoir bleu a brillé par son absence. Donner la vuelta, c’est honorer le toro sans aucun doute ».
Sur le triomphalisme qui règne :
« La Fiesta souffre d’un changement de tendance. Les vrais aficionados disparaissent et les arènes accueillent des spectateurs sans connaissances auxquels la liturgie de la Fiesta importe peu. Il y a un excès de triomphalisme. Il faudrait éduquer ces nouveaux aficionados, leur expliquer que l’indulto doit être une chose exceptionnelle. Il faut savoir que les présidents souffrent souvent de pressions injustes qui les obligent à sortir le mouchoir orange. Cela aussi le public doit le savoir. Ces pressions viennent souvent du propre matador, ce qui crée des conflits qui ne devraient pas exister. Tout cela concourt à ce que le public demande l’indulto et se fâche contre le palco ».
Quelquefois ce sont les agissements du palco qui provoquent l’affrontement, comme lorsque la présidence a refusé une oreille à Fortes à Madrid.
« Je suis d’accord. Ceci n’est bon pour personne. Quelquefois les présidents provoquent le mécontentement par excès de zèle en voulant élever la catégorie de la plaza. Un président peut se tromper, ce qui peut altérer le bon fonctionnement du spectacle ».
Les palcos de Madrid doivent subir des changements au moment de décider qui va présider dans la plaza la plus importante du monde.
« La Comunidad de Madrid doit être consciente que sa façon de désigner les présidents est dépassée et qu’il existe des aficionados bien préparés et expérimentés pour exercer cette fonction. Précisément à l’ANPTE nous luttons pour que les présidents émergent parmi ceux qui ont cette grande expérience et cette formation intense qui font qu’ils sont capables d’assumer la responsabilité de présider une corrida.
La fonction de président a évolué et doit encore évoluer davantage. Mais il y a toujours des carences qui ne devraient plus exister, comme dans beaucoup d’arènes où on ne laisse pas agir des personnes qui sont pourtant bien préparées mais qui ne font pas partie de la police. Il est important d’insister sur le fait que le président doit être quelqu’un qui est bien préparé à la fonction, indépendamment de son origine. La lutte est compliquée et difficile. Souvent les taurins préfèrent une personne non préparée et qui est donc plus vulnérable et plus influençable ».
Adapter la Fiesta aux temps nouveaux ne vous convient pas.
« S’adapter à l’époque est positif, mais on ne doit pas confondre cela avec l’importance de maintenir la liturgie taurine, avec ses trois tiers et la mort du toro, ça c’est sacré. Le fait que certains parlent de « mort inutile » m’interpelle. C’est une manipulation. La bravoure du toro se juge lors de la suerte de varas. Si nous la laissons disparaître, je ne sais pas où ça nous mènera. Et la mort du toro, c’est pareil. Ce sont des matadors de toros, on ne doit pas l’oublier. La faena doit se terminer par la mort du toro ».
Des temps difficiles viennent pour la Fiesta ?
« J’aimerais être optimiste, parce que je suis aficionado, romantique, mais on ne prend pas un bon chemin. On ne fait plus trop attention à l’aficion. On pense la Fiesta comme un spectacle généraliste alors qu’elle doit être un spectacle singulier que nous devons protéger et maintenir. La Fiesta n’atteint pas les jeunes. Les empresarios devront revoir leurs bénéfices à la baisse, tout comme les figuras leurs cachets, cela pour promotionner la Fiesta, parce qu’on est dans une période très difficile où le spectacle taurin n’est pas rentable. Le plus triste est que cela se heurte à des intérêts particuliers, et ça n’aide pas ».
Interview réalisée par Maria Fuentes pour le site cultoro.
(Article traduit par Paco)