Demain Dax consacrera le 65° matador français, El Adoureño.

Dimanche 9 septembre,  dans les arènes de Dax, en présence de Alejandro Talavante, le maestro Enrique Ponce conférera l’alternative à Yannis Djeniba « El Adoureño », une cérémonie avec des toros de Victoriano del Rio et Toros de Cortes.

Après Michel Lagravère, le Vicois, en août 1989 à Soto del Real, il est le deuxième Gersois à parvenir à ce niveau et deviendra le soixante-cinquième matador français de l’histoire. Pourtant rien ne prédestinait ce jeune Nogarolien à s’engager dans cette voie difficile et souvent ingrate. «A la maison personne n’évoquait la corrida. C’est au hasard de quelques pages dans un magazine et des dernières images d’une émission télévisée que j’ai eu cette révélation.» Dès lors, bouffé par le «gusanillo», ce petit ver de passion contre lequel on ne peut rien, Yannis ne pense plus qu’aux toros. Sa mère ne le contredira pas et plus tard, contre promesse, tenue d’ailleurs, d’obtenir son bac, elle l’inscrit en 2007 à l’Ecole Adour-Aficion de Richard Milian. Il y tiendra sa première muleta à 10 ans et quittera le groupe en 2014.

Mais entretemps le gamin a travaillé sans relâche. Il n’est pas parmi les meilleurs jusqu’à ce dimanche matin du 24 août 2013, dans les arènes de Saint-Sever où il éclate. «Soudain je me suis senti bien, les passes s’enchaînaient naturellement, tout ce que je tentais réussissait. J’ai compris que quelque chose venait de changer.» En coupant une oreille, il bascule parmi les premiers. Le 11 novembre suivant il reviendra sur ce sable.

Sa saison suivante sera plus compliquée. Certes il a un joli nombre de contrats mais une blessure l’oblige à s’écarter quelques temps des arènes. En outre, il rencontre beaucoup de difficultés à l’épée. Yannis a alors la clairvoyance et le courage de renoncer à la tauromachie, le temps d’une année sabbatique. En 2015 il ne fera pas une seule course.

Alba de Tormes (Salamanca), l’année suivante est son nouveau départ. Avec la complicité de son beau-père, Laurent Legendre, ancien banderillero, il participe au bolsin de la ville et arrive second sur un panel de trente novilleros. Dans la foulée il torée un festival à Balmaseda et, au cœur du Pays Basque, il coupe deux oreilles et une queue. C’est là que le remarque le taurino et apoderado, Angel Vaquerizo. Tout est prêt pour que commence le conte de fée et la spirale du succès.

Il début en novillada piquée le 10 septembre 2016, à Galapagar avec le fer de Monteviejo, cet autre élevage de Victorino  Martin qu’il affectionne tout particulièrement. Il s’établit en Espagne à Fuente Rebollo, près de Ségovia, au cœur d’une région d’élevage où il multiplie les tientas. L’année suivante il réalise l’exploit de terminer à la troisième place de l’escalafon avec vingt-quatre novilladas et surtout deux grands moments : il remporte le Zapato de Oro d’Arnedo et indulte un novillo de Cayetano Muñoz près de Granada.

C’est au cours de l’hiver, lors d’une conférence animée par le Dacquois Hervé Touya, que prend forme l’alternative de dimanche. Son début d’année fut compliqué. «On ne m’a rien pardonné… On attendait beaucoup de moi, aussi le moindre faux pas devenait une catastrophe.» Mais il a su se rattraper à Boujan et Tarascon en juillet, et dans la foulée à Parentis où il coupe une oreille.

Ces derniers quinze jours, Yanis, pour se préparer à la grand journée de dimanche, a eu un calendrier très chargé, passant par Cuellar, Arganda del Rey, Peralta ou encore Calasparra, avant-hier. Ce dimanche, à 17h30, Yannis vivra un des moments les plus importants de sa toute jeune carrière. Suerte torero !

Reportage : Jean-Michel Dussol.