Très belle entrée aux arènes, temps couvert, canicule oubliée, deux heures-trente de spectacle.
Six toros des Hermanos Cambronell (Salamanque), bien présentés, à l’échelle de l’arène et généralement très armés. Tous une pique, à l’exception du premier, quatre rencontres. Le premier et le cinquième ont renversé le cheval. Toréables à la muleta à condition de les consentir.
- Emilio de Justo (bleu marine et or), au premier, un pinchazo, un quart de lame, sept descabellos, trois avis, silence (toro puntillé depuis un burladero) ; au troisième, un pinchazo, une entière, salut ; au cinquième, une entière foudroyante, deux oreilles.
- Thomas Dufau (bleu pâle et or), au deuxième, une entière, deux oreilles ; au quatrième, un pinchazo, une entière, salut ; au dernier, un quart de lame, silence.
Apostille. Avec l’accord de Thomas Dufau, Cyril Dunouau à écarté le quatrième toro lors de son entrée en piste.
Belle découverte que les toros des Hermanos Cambronell et confirmation des qualités de Emilio de Justo et de Thomas Dufau. Une corrida passionnante de bout en bout avec des toros très divers mais demeurant toréables à part les deux premiers. Il y a aussi eu des échecs à l’épée qui ont modifié le cours de cette course… mais les deux oreilles coupées sur un seul toro par les deux matadors, démontrent de l’intérêt de cette corrida.
Emilio de Justo ouvrait le bal avec un animal de gabarit intéressant et très bien armé. Sorti comme une fusée il se calmait vite, et au moment de la muleta allait démontrer des tendances évidentes pour les querencias. Le mérite d’Emilio sera de tenir ce «Marismeño» au centre de la piste et de l’obliger à combattre. Sur quelques passes il inventera ce toro, mais perdra tout bénéfice à la mort où il entendra les trois avis.
Le temps d’oublier ce mauvais moment et il se trouve devant un boulet de canon. Elégant et facile à la cape, on le verra dessiner d’interminables muletazos sur la main droite, lents et bas. Il est bien et dans le même style à gauche. Il signera une faena sur un rythme très lent et souvent profond.
Mais Emilio de Justo éclatait en pleine lumière avec le cinquième… pas spécialement bon mais suivant la muleta avec facilité. Il le faisait humilier avec des derechazos bas et lents. A gauche ce fut un festival, étant parvenu à trouver rapidement une certaine profondeur. Il termina sur des ronds complets et un large éventail de changements de mains et de trincheras, histoire d’épuiser toutes les ressource de l’animal. Le coup d’épée fut foudroyant. Emilio de Justo avait rappelé sa présence.
Thomas Dufau se présenta aussitôt en conquistador… un farol à genoux, une série de véroniques genoux pliés. Le ton était donné en lançant sa faena par deux passes changées dans le dos. Mais cette faena fut souvent un combat pour voler, passe après passe, série après série, de quoi animer un animal qui ne répétait qu’avec difficulté. Mais jamais Thomas ne s’énervait, il dessinait avec une grande douceur et un rythme très ample. Peu à peu il améliorait ce toro. Un seul reproche, il ne s’attarda pas longtemps à gauche. Impeccable coup d’épée, il avait lui aussi gagné son pari.
La suite fut encore plus compliquée pour convaincre le public, car le garçon tenait parfaitement son rythme, même si le frère Cambronell tirait les pattes. Son deuxième adversaire avait la fâcheuse attitude de s’arrêter dans la passe. A gauche il démontrait beaucoup de calme et de temple.
Il terminait en brindant à Chico Leal mais « Tarjetero » n’avait pas la classe de ses précédents toros. Ce dernier était tardo et de petite charge. Il comprit vite qu’il n’avait rien à en tirer et s’arrêta rapidement.
Avec trois toros passionnant, cette course de Villeneuve-de-Marsan a fait découvrir et présenté en France un élevage intéressant.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photos : Romain Tastet.