Beaucaire. 29 juillet. La seule oreille pour Tibo Garcia.

Novillada comme d’habitude à Beaucaire sous une grosse chaleur (merci les platanes qui rendaient l’atmosphère supportable) et avec la banda des cigales locales pour accompagnement musical car la musique officielle n’eut que très peu l’occasion de se manifester.

Au menu des novillos du Marques de Albaserrada, une ganaderia dont le mayoral n’est autre que le nîmois Fabrice Torrito. Des utreros qui ont un peu déçu du fait d’un manque de race et de mobilité les meilleurs étant les second et troisième, ce dernier à un degré moindre. La tâche de Fabrice est compliquée car cet élevage revient de loin suite à des croisements hasardeux qui ont abâtardi l’encaste originel. Le retour aux sources est un parcours de longue haleine et l’élevage n’est pas une science exacte. Nul doute que le mayoral nîmois saura tirer les leçons de cette course en demi-teinte.

Côté toreros, c’est un autre nîmois, Tibo Garcia, qui a su se mettre en valeur. Ainsi, le second Albaserrada de la tarde fut accueilli par cinq belles véroniques et demie avant de s’échapper vers le cheval pour une première ration de fer qui fut doublée par la suite avec moins d’intensité. Après un quite de Calerito par navarras et revolera, Tibo brinda à Jérémy Banti une première faena initiée joliment vers le centre avant quelques séries ambidextres de correcte facture, les meilleures sur la corne droite avec de longs derechazos templés, les séries gauchères étant moins abouties et surtout moins engagées. Pinchazo puis deux tiers de lame un peu à plat pour la conclusion. Oreille de sympathie pour la première course de Tibo cette année.

Le cinquième était semble-t-il boiteux. On le vit fléchir à plusieurs reprises, mais il fut néanmoins piqué avant d’être changé et remplacé par un sobrero du même fer. Hélas, si le titulaire semblait avoir quelques qualités (de ce que l’on vit lors de sa brève apparition), il n’en fut pas de même du remplaçant qui commença par couper le terrain au capote.Après deux piques traseritas, il se mit sur la défensive, s’arrêtant dans les passes et jouant du couvre-chef avant de carrément venir sur le torero. Tibo le mit en place pour l’estocade et s’en débarrassa d’un tiers de lame au troisième assaut. Silence pour le piéton et sifflets à l’arrastre.

Face au premier Albaserrada, le novillero portugais Juan Silva « Juanito » ouvrit la tarde par quelques jolies véroniques et demie. Après deux puyazos, le premier pris en cognant dans le peto, le second plus court, le novillo s’arrêta. Face à ce bicho aplomado, il arracha quelques muletazos avant de se résigner à clore le débat. Demi-lame tendida, trois descabellos. Silence.

Face au quatrième, bonne réception par véroniques et … quatre demies, puis un picador qui place bien le fer pour le retirer aussitôt et le replacer … en arrière, la seconde ration de fer s’avérant plus correcte. Après de bons doblones genou fléchi, Juanito signa une seconde faena inégale, alternant de bons muletazos droitiers et d’autres de moindre valeur, l’ensemble sans vraiment s’imposer. A gauche il toréa en prenant plus de distance. Quelques artifices (passe cambiada, manoletinas) ne masquèrent pas le manque de domination. Il se fit d’ailleurs désarmer au final. Entière habile pour conclure. Salut (la vuelta lui fut refusée par le public).

Juan Pedro Garcia « Calerito », que j’avais vu excellent il y a quelques années dans la catégorie inférieure, m’a déçu. Face au troisième, il débuta par quelques correctes véroniques et demie, puis mena son opposant vers le lancier de service pour une première pique prise en cabeceant. Point de seconde ration car en sortant du cheval l’Albaserrada fit une vuelta de campana qui le laissa un peu handicapé de la patte antérieure droite. Suivit une faena ambidextre assez courte et brusque dans son exécution. Final par bernadinas serrées avant une entière tendida un peu latérale. Salut au tiers.

Le sixième sortit abanto et distrait. Calerito lui proposa deux largas cambiadas de rodillas servies à distance respectueuse avant quelques capotazos sans grand intérêt. Le passage face au uhlan fut un peu chaotique avec un picotazo lors de l’entrée en piste du cavalier, puis quatre autres rations de fer dont l’ultime après la sonnerie. Le bicho s’échappa à la troisième rencontre pour fuir à l’opposé. RAS à la muleta sauf une passe sèche qui envoya le novillo au sol. L’utrero en sortit sur la défensive et sans charge. Demi-lame en place pour clore le débat. Silence.

Notes :

  • Bonne organisation de l’Aficion Taurine Beaucairoise qui plaça le picador à l’opposé du toril, le palco au milieu des tendidos pour une meilleure visibilité, et qui, le matin, expliqua aux picadors ce que l’on attendait d’eux.
  • Il faudra un jour redonner aux alguaziles la place qui est la leur, celle d’intermédiaire entre le palco et la piste et d’assurer le respect du règlement. C’est bien joli de mettre un costume sur le dos de deux charmantes jeunes filles qui sont là (excusez- moi Mesdemoiselles) pour le décorum. L’alguazil a un rôle. Il doit le tenir. Ce jour à Beaucaire, le dernier picador a piqué après la sonnerie sous le regard impuissant de deux jeunes filles qui ne savaient pas ce qu’elles avaient à faire. Récemment nous a quittés Robert Soldevilla, l’un des derniers à avoir assuré pleinement ce rôle. J’ai eu hier une pensée émue pour lui !

Reseña et photos : Paco.