Arènes combles, nuages et soleil, deux heures vingt de spectacle.
Six toros de Dolores Aguirre, très bien présentés, redoutablement armés, de deux piques à quatre rencontres pour le premier, le quatrième revenant trois fois sous le fer. Tous très compliqués à la muleta, vendant chèrement leur peau.
- Octavio Chacón (bleu ciel et or), au premier, un pinchazo et une entière, vuelta ; au quatrième, quatre pinchzos, silence et revient à l’infirmerie pour sa blessure à la main.
- Pepe Moral (noir et argent), au deuxième, une entière basse, salut ; au cinquième, une entière, une oreille.
- Juan Leal (rouge et or), au troisième, une quart de lame, un pinchazo et six descabellos, salut ; au dernier, une entière atravesada, salut.
Il fallait une sacré dose de courage et de technique pour affronter les Dolores Aguirre qui sortaient dans les arènes du Plumaçon pour la dernière course de la feria de La Madeleine. Celui qui a certainement le plus étonné par sa volonté de vaincre est le français Juan Leal qui a peut être donné un nouveau ton à sa carrière. Un course impossible, dure, dangereuse, agressive avec six toros semblant sortis de l’enfer. Des Dolores Aguirre avec des armures proches de l’excès, des comportements de tueurs, six toros à faire peur.
Octavio Chacón ouvrait cette course en arrachant ses premiers capotazos à un toro hésitant. Il devra avoir la même conviction et volonté à la muleta. Des moments difficiles avec ce Dolores qui semble réserver sa charge pour toucher l’homme. Il lui faudra témoigner d’un grand courage pour parvenir au bout et avoir recours à quelques pechos pour retrouver un peu de sécurité. Par la suite l’homme, qui s’est blessé à la main lors de la mise à mort, demeurera très prudent à la cape. Il se battra sur quelques séries, sauvera une dizaine de naturelles et se livrera dans une sérieuse et violente bagarre. Mais Chacón a compris qu’il ne gagnerait plus rien dans cet affrontement. Aussi il renoncera et regagnera l’infirmerie pour sa blessure à la main.
Pepe Moral, qui a brindé au public, s’est presque exonéré d’un premier tercio de pique. Il devra dans son premier combat obliger son adversaire à perdre ses tendances à la fuite. Il sera le seul a couper une oreille, celle du courage, mais aussi d’une certaine chance dans l’ultime séquence. Au début il dut se confronter à un toro qui, lui aussi, préférait la fuite au combat mais il resta maître de la situation. Il se réservait pour une faena valeureuse au cinquième, se battant sur les deux mains. Rien de très beau, mais des attitudes terriblement efficaces qui en firent un des toreros de cette course.
Juan Leal, qui n’a jamais baissé les bras, s’est joué la vie en deux moments. Tout d’abord avec un certain « Cigarerro » auquel il parvient à voler quelques capotazos avant de l’accueillir à genoux dans les plis de sa muleta puis de reprendre une position plus classique. Le toro s’arrête alors dans une passe et commence à jouer de la corne. Juan Leal esquive et repart à l’attaque. « Cigarerro » semble défait et se replie sur les planches où Juan Leal vient le combattre. L’oreille était proche, l’épée l’éloigna.
Même s’il ne fut pas dominateur à la cape, dans sa seconde sortie l’Arlésien était décidé à conquérir un pavillon. Au centre de la piste une série de passes changées dans le dos, un peu suicidaires, avant d’attaquer, muleta basse et lente, une série à droite qui alluma la musique. Il demeurera le maître de ce « Carafea », mais là aussi l’épée ne lui permit pas de réaliser ses rêves. Mais Juan Leal est sorti grandi de cette confrontation.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photos : Romain Tastet.