Istres. 17 juin (matin). Triomphe de Sébastien Castella et de Luis David Adame.

Après les toros d’Adolfo Martin le vendredi et ceux de Valverde le samedi, le dimanche à Istres était consacré à des toros plus civilisés diront certains, plus commerciaux diront d’autres, bref à des toros dont les figuras font leur quotidien.

Le matin, place donc aux toros de Jandilla et Vegahermosa (2°), des bichos aux gabarits modestes et aux armures qui ne l’étaient pas moins, tous justes de forces, le sixième se détachant un peu du lot.

La présence au cartel d’Antonio Ferrera, qui toréait la veille à Plasencia, nous valut d’attendre dix minutes le début des débats, le temps pour le diestro de s’habiller. Vu le résultat de ses deux prestations, s’il n’avait pas été là, nous n’aurions pas pleuré. Passe encore pour son premier trasteo où il fut correct, avec l’excuse du vent. Après l’unique puyazo, Antonio nous servit quelques séries de correcte facture sur les deux mains, l’ensemble un peu mis à mal par les multiples génuflexions du Jandilla. Entière tendida pour le final, puis deux descabellos. Salut.

Face au quatrième, RAS au capote où Ferrera se fit un peu promener avant l’unique ration de fer. Si à droite on aperçut quelques derechazos potables, le passage à gauche fut calamiteux, toutes les naturelles étant dessinées avec le pico. Le retour sur la droite fut du même tonneau, les naturelles droitières (ou derechazos sans l’épée) y étant aussi sincères que les promesses des arracheurs de dents. Final par alternance de naturelles sur les deux cornes, le torero prenant à témoin une poignée de gogos incultes en la matière qui lui firent faire une vuelta après une lame décisive habilement portée. Sin verguenza !!

Heureusement avec Sébastien Castella on joua dans un autre registre, bien que l’opposition soit toujours aussi peu conséquente. Quelques bonnes véroniques et demie pour accueillir le Vegahermosa sorti en seconde position qui prit une ration de fer pompée, le diestro biterrois le conviant ensuite à un quite par chicuelinas et revolera. Vuelta de campana de l’animal à l’issue de la troisième paire de banderilles. Ce « Decano » noble et plein d’alegria permit ensuite à Castella de toréer joliment sur les deux bords avant comme toujours de raccourcir les distances pour un final encimista portant sur le public. Tiers de lame d’effet rapide. Oreille.

Bonne réception du quinto par véroniques, chicuelinas et demie, puis après la piquette d’usage, une faena ambidextre de bon niveau, majoritairement droitière, et conclue par la séquence encimista habituelle. C’est ce côté prévisible quon pourrait reprocher à Castella, ceci sans vouloir nier les qualités techniques et esthétiques du garçon. Deux oreilles après une bonne estocade.

Luis David Adame apporta la note de fraîcheur dans cette matinale un peu convenue. Après quelques jolies véroniques, deux demies et revolera, le jeune mexicain fit vacciner son opposant avant de lui proposer un quite par tafalleras. Bon second tiers à charge du cadet des Adame qui reçut une belle ovation, puis une faena initiée par deux passes cambiadas et poursuivie sur les deux mains avec une application louable bien qu’entachée de quelques maladresses. Entière caidita au second assaut après quelques bernadinas. Oreille.

Après quelques véroniques et demie, le sixième rentra fort dans le cheval pour un picotazo dont il sortit seul très vite, y retournant pour la même « punition » en sortant à l’identique. Joli quite du garçon par quatre zapopinas, demie et serpentina avant second tiers enlevé valant nouvelle ovation. Face à ce sixième toro noble et vif qui répétait sans jamais se lasser, Luis David débuta par des passes hautes main sur les planches une faena ambidextre de correcte facture mais un peu brouillonne par moments. Après quatre manoletinas, le jeune torero se jeta littéralement sur la tête de son adversaire en oubliant un peu de croiser son geste, ce qui lui valut une belle voltereta avec cornada (limpia sans dégâts vasculaires) à la clé. Deux oreilles pour Adame qui vit s’ouvrir la porte de l’infirmerie au lieu de la Puerta Grande des arènes. Par solidarité et respect, Castella refusa la sortie a hombros, un geste qui l’honore.

Reseña et photos : Paco. Vidéo : Romain Bofi.