Deuxième corrida de Feria avant des toros de Jandilla pour une terna composée par une figura incontestable, Miguel Angel Perera, et deux jeunes toreros aspirants à le devenir, Ginés Marin et Andy Younes, le premier ayant déjà fait ses preuves au plus haut niveau.
Une course qui a débuté en fanfare par la prestation magistrale du chef de lidia et qui s’est terminée de façon polémique par l’indulto contestable du dernier toro de la tarde.
Miguel Angel Perera s’est imposé d’entrée de jeu par une série de véroniques dont certaines pieds joints, gagnant progressivement le centre pour y fixer son adversaire par une demie. Comme il en est souvent le cas avec ce type de bétail, la première rencontre avec le lancier fut correcte, la seconde plus symbolique. Le titulaire s’illustra au quite par chicuelinas et tafalleras alternées, le second sur l’affiche par chicuelinas et revolera. Brindée à Juan Bautista, la première faena de Perera, débutée par cambios por la espalda, fut un modèle de domination et de technique. Courant bien la main, la baissant élégamment par moments, variant les suertes sur les deux cornes, l’extremeño donnant à ses dauphins une leçon de toreo. Un ensemble tiré au cordeau, net, propre et sans bavures, aidé en cela par la noblesse d’un bon toro. Le temple, le geste juste jusqu’aux luquecinas finales qui arrêtèrent le temps. Grande estocade dans tout le haut et deux oreilles incontestables après un trasteo … presque trop parfait.
Face au quatrième Jandilla, Perera nous servit un trasteo presque à l’identique mais de moindre transmission à cause de la fadeur de l’opposition. Des véroniques initiales en passant par le quite par tafalleras, tout fut à nouveau soigné, propre, à droite comme à gauche, mais peut-être un peu trop long vu le manque de consistance du bicho. Bref, un torero dans la pleine maîtrise de son métier. Demi-lame en place. Salut. Javier Ambel fut appelé à saluer après deux belles poses de bâtonnets.
Ginés Marin fut inédit au capote face à son premier adversaire qui prit deux rations de fer ebntrecoupées d’une vuelta de campana. Muleta en mains, le jerezano fut plus en vue. Débutée de rodillas, la faena s’étoffa sur la main droite avant que le garçon n’alterne les deux bords avec beaucoup de maîtrise, signant une arrucina par ci, une cambiada par là, sans fautes de goût. Il enchaîna notamment six derechazos sur un pas du plus bel effet. Final par bernadinas citées de loin avec beaucoup d’agante avant une lame trasera et tendida nécessitant l’usage du descabello. Vuelta.
Ginés accueillit ensuite son second adversaire par belles véroniques templées, signant ensuite après les piques (une rencontre sans puyazo et une pique légère) un quite par faroles, demie et larga. Brindée à Juan Bautista, la second faena du garçon fut un peu trop longue, la faiblesse du cornu n’arrangeant en rien l’affaire. Alternant les deux bords, le trasteo du garçon fut de bonne facture. Oreille, malgré une entière caidita hémorragique portée après un tiers de lame a recibir.
Andy Younes avait une carte à jouer car pour le moment le carnet de commandes tourne au ralenti. Ainsi il accueillit le troisième par larga de rodillas, se relevant pour signer correctes véroniques, demie et revolera. Après deux rations de fer et une paire de génuflexions, le Jandilla fut invité à une première faena (brindée à Juan Bautista) qui débuta par quelques passes hautes avant trois séries droitières de bon niveau. Le passage à gauche fut moins convainquant avec des naturelles dessinées à l’unité, la fadeur du Jandilla n’apportant rien au débat. Quelques circulaires inversées (trop à mon goût) précédèrent une cogida qui heureusement fut sans conséquences, le garçon se relevant un peu mâché. Entière contraire après quelques derechazos. Salut.
Vint au final le fameux « Lastimoso » dont l’indulto déclencha une polémique. Après les véroniques initiales qui s’accompagnèrent d’une vuelta de campana, le bicho prit une pique latérale en soulevant la pièce montée, puis revint vers le uhlan pour le picotazo règlementaire. Débutée par passes cambiadas, la faena emporta d’emblée l’adhésion d’un public désireux de s’enflammer. Andy en profita pour maintenir l’intérêt, signant quelques bonnes séries main basse face à un toro dont la noblesse n’avait d’égale que l’humiliation. Museau au ras du sable, « Lastimoso » buvait la muleta sur les deux cornes et le jeune arlésien s’en régala au point que retentirent les premiers cris d’indulto. Les moutons de Panurge d’un public peu averti et en manque de critères firent monter la pétition, confondant bravoure (qui ne s’était pas suffisamment exprimée face au cheval) et noblesse. Le palco céda à la foule après qu’Andy ait repris sa faena, troquant l’épée de muerte contre l’épée factice.
Après un simulacre d’estocade, « Lastimoso » reprit le chemin des chiqueros et la présidence subit la bronca justifiée d’une partie du public. Deux oreilles pour le jeune torero. Mais l’unanimité n’y était pas…
Reseña et photos : Paco.