A l’occasion d’un entrainement a puerta cerrada à la ganaderia du Scamandre, propriété d’Olivier Riboulet, comme Vicente Soler, Maxime Solera a bien voulu lui aussi se prêter au jeu des questions.
torobravo : bonjour Maxime, pour débuter nous allons revenir sur ta jeune carrière.
MS : j’ai commencé à toréer en 2009 à l’âge de 16 ans. J’étais à l’Ecole Taurine d’Arles où j’ai participé à cinq ou six novilladas sans picadors. J’ai ensuite rejoint le Centre de Tauromachie de Nîmes avec Brigitte Dubois, avant de rencontrer Victor Mendes qui m’a permis de me rendre durant trois mois au Portugal pour y toréer. J’ai ensuite rencontré Enrique Guillén et Iván López qui m’ont apodéré pour toréer en sans picadors. Avec eux, j’ai toréé vingt novilladas sans picadors et six festivals.
torobravo : Enrique est donc ton apoderado depuis tes débuts en novillada sans picadors…
MS : quasiment oui, puisque j’ai fait mes débuts en novillada sans picadors avec l’Ecole Taurine d’Arles et Enrique m’a accompagné peu de temps après.
torobravo : comment s’est passée votre rencontre ?
MS : j’ai rencontré Enrique dans le cadre du premier bolsin « Les Princes de l’Arène » organisé par l’Ecole Taurine d’Arles et que j’ai remporté. Il était là aussi au second et je crois qu’on s’était vu aussi dans le cadre de novilladas sans picadors.
torobravo : généralement un cherche un apoderado quand on sort des novilladas sans picadors. Toi tu l’as pris pendant cette période…
MS : c’est exactement ça. Il m’a remarqué, on est entrés en contact, il m’a proposé de m’apodérer à condition, mais ce n’était pas une condition mais un commun accord, que j’aille à Barcelone m’entrainer avec lui, et c’est ce que j’ai fait. Je suis parti à Barcelone où je vis depuis deux ans. Tous les jours on s’entraine ensemble.
torobravo : où se passe votre entrainement ? Dans les arènes ?
MS : non pas du tout, on s’entraine à l’endroit où s’entrainent tous les toreros du coin. Ce n’est plus à Montjuïc, mais il y a d’autres endroits où depuis des années tous les toreros s’entrainent.
torobravo : il y a aussi une école taurine à Barcelone…
MS : oui, mis Enrique n’en fait pas partie. Parfois on se rencontre, mais nous, nous sommes à part.
torobravo : tu as débuté en piquée en 2016 en Espagne. Combien de temps as-tu passé en sans picadors ?
MS : j’ai fait une grosse saison en 2015 avec Enrique en sans picadors, puis une demi-saison en 2016 où je suis passé en piquée le 20 août à Marchamalo (Guadalajara). J’ai toréé ensuite le 8 septembre à Peralta où j’ai terminé triomphateur de la Feria.
torobravo : ensuite, la France avec des débuts devant du bétail de respect…
MS : Oui, première novillada en France, Boujan, face à des novillos de Dolorés Aguirre. Puis la deuxième, Céret, avec des novillos de Raso de Portillo.
torobravo : Dolorés Aguirre et Raso de Portillo pour commencer. Que du sérieux…
MS : oui, on en avait parlé avec Enrique avant de débuter en piquée. Ce n’était pas par défaut, c’était un choix. On a choisi ce créneau et c’est là qu’on veut être, fidèles à nos convictions, à notre manière de penser, à notre manière de voir la tauromachie. Boujan avec Dolorés Aguirre, Céret avec Raso de Portillo, et ensuite Carcassonne avec Miura. Oui, c’est vraiment un choix. En Espagne, j’ai combattu à Andorra des Hoyo de la Gitana…
torobravo : combien de sorties en tout ?
MS : En tout sur la temporada 2017, 11 novilladas piquées, dont 3 en France, et six festivals.
torobravo : on peut dire que tu as gagné tes galons en Espagne et que tu as fait trois sorties remarquées en France où ton courage et ton envie ont marqué les esprits, même si quelquefois l’épée t’a fait perdre quelques possibles trophées. On peut donc raisonnablement penser que cette année les contrats en France seront plus nombreux.
MS : je l’espère. Il y a des choses qui sont signées et d’autres en discussion et dont je ne peux pas parler pour le moment. J’espère déjà revenir aux endroits où j’ai toréé l’an dernier et où ça s’est bien passé, malgré des défauts et des choses à corriger, ce qui est tout à fait normal et ce pour quoi je m’entraine tous les jours. J’espère que d’autres portes s’ouvriront, tant en France qu’en Espagne.
torobravo : on sait déjà que tu es annoncé à Aire sur l’Adour et à Istres. On peut raisonnablement penser que tu seras aux cartels de Boujan, de Céret et de Carcassonne.
MS : oui, deux novilladas sont annoncées. Boujan me tient à coeur, parce que Michel Bouisseren a été l’un des premiers à me faire confiance. Céret aussi car c’est pour moi une plaza importante. Je me dois si j’y reviens de faire le maximum pour y triompher.
torobravo : tu as un parcours similaire à un autre français, El Adoureño, qui n’a pas torée en France l’an dernier, contrairement à toi, et que tu devrais retrouver à plusieurs reprises au cours de cette temporada. Vous vous êtes expatriés pour faire valoir vos qualités en Espagne, devant tout type de bétail, pour finalement être reconnus en France.
MS : exactement. Moi, ça fait bien longtemps que je suis parti, d’abord au Portugal, puis en Esoagne, quasiment depuis mes débuts en sans picadors. Mais ça ne me dérange pas, on n’est pas accroché à un pays, on est torero d’abord et de partout à la fois. Bien sûr c’est un peu spécial de toréer en France mais on a dû d’abord se le gagner en Espagne et je n’y vois aucun inconvénient.
torobravo : on dit que « nul n’est prophète en son pays » et, tant Adoureño que toi avez dû vous frotter au marché espagnol qui compte bon nombre de novilleros pour vous faire une place, et c’est d’autant plus méritoire que vous l’avez fait devant tous types d’élevages. On espère que ça payera en terme de contrats en France cette année.
MS : je l’espère, car j’ai conscience que la France est un créneau dans lequel je veux être, car il y a beaucoup d’endroits qui programment des novilladas de renom que j’aimerais bien toréer.
torobravo : dans le créneau que tu as choisi, on compte pas mal d’arènes qui programment ce type de novilladas : Parentis, Hagetmau, Orthez, et d’autres … On peut donc espérer voir ton nom figurer sur les affiches.
MS : je le souhaite, avec des novillos de tous les encastes. Je suis ouvert à tout.
torobravo : tu vois ta saison uniquement basée sur les novilladas, ou envisages-tu une prochaine alternative ?
MS : une saison totalement centrée sur les novilladas. Je n’ai toréé que treize novilladas piquées pour le moment et donc je suis à fond dans cette catégorie.L’alternative viendra en son temps. J’ai de grands rendez-vous qui m’attendent pour le moment , des rendez-vous où je dois répondre présent pour se gagner la suite.
torobravo : si alternative il y a un jour en France, dans quelle arène aimerais-tu la prendre ?
MS : sincèrement je n’y ai pas réfléchi. Il y a des arènes qui me tiennent à coeur, je te laisse imaginer le reste.
torobravo : une possible alternative en 2019 ?
MS : je l’espère car ça voudra dire que les choses ont bien fonctionné pour moi cette année et que j’ai été à la hauteur de mes rendez-vous.
torobravo : comment décrirais-tu ta tauromachie, avec ses points forts et ses points faibles ?
MS : ma tauromachie est une tauromachie de verdad. J’adore le toro de frente, j’adore tout ce qui est lidia? Je pense que ça s’est vu cette année, j’adore mettre le toro en valeur, dans tous les tercios, et particulièrement à la pique. Ce n’est pas pour rien que Gabin nous a rejoint cette saison. Tout cela montre notre manière de penser, de voir les choses. Mes points forts : mon envie, ma détermination, mon mental, mon physique, mon entourage, et peut-être d’être français. Je n’aime pas parler de points faibles, mais de points à améliorer dont j’ai conscience. Et tous les jours j’essaie de m’améliorer, tant au campo que de salon. J’essaie de faire un travail d’introspection après chaque novillada, grâce notamment à la vidéo. Ça m’aide à améliorer l’ensemble. J’ai d’ailleurs changé ma façon de tuer, je suis repassé à gauche (NdR : Maxime est gaucher). Pour le moment, tout va pour le mieux et j’espère que ça continuera. Pour le moment j’ai tué neuf toros dont huit d’une entière.
torobravo : le point à améliorer était donc l’épée qui t’a coûté quelques trophées l’an dernier…
MS : oui, mais tout cela vient progressivement avec l’entrainement. On a cherché la solution et je crois qu’on l’a trouvée. J’espère que ça va durer.
torobravo : souhaitons donc que 2018 soit riche en succès avec de nombreux contrats, tant en France qu’en Espagne.
MS : j’espère aussi vous voir tous, les gens que j’ai rencontrés et les autres aficionados, dans de nombreuses arènes. Tout ça ne tient qu’à moi. Merci à toi aussi pour cette interview.
torobravo : merci à toi et le mot de la fin sera donc : suerte !
Propos recueillis par Patrick Colléoni « Paco« le 16 février 2018 à la ganaderia du Scamandre.
Lors de son entrainement, Maxime Solera a tué un toro du Scamandre, composant une bonne faena malgré quelques difficultés que son métier croissant et les conseils avisés de son apoderado eurent tôt fait de résoudre. De bon augure pour les rendez-vous qui l’attendent. Voir diaporama ci-dessous.
Biographie de Maxime Solera.
- Maxime Solera est né le 27 mai 1993 à Martigues.
- Début en public en 2009.
- Début en piquée à Marchamalo (Guadalajara) le 20 août 2016.
Parcours de Maxime Solera.
- 2016 : 2 novilladas – 2 oreilles.
- 2017 : 11 novilladas – 15 oreilles – 1 rabo. 6 festivals.