A l’occasion d’un entrainement a puerta cerrada à la ganaderia du Scamandre, propriété d’Olivier Riboulet, le matador de Castellon Vicente Soler a bien voulu se prêter au jeu des questions.
torobravo : bonjour Vicente. Depuis ton alternative (NdR : 3 mars 2016 à Castellon des mains de Juan José Padilla, témoin Paquirri, toros de Garcia Jimenez), tu n’as pas été souvent à l’affiche. Comment expliques-tu cela?
VS : c’est très difficile de toréer si tu ne participes pas à une politique d’échanges. Or les empresas qui gouvernent le marché actuellement ne fonctionnent que sur ce principe, « je mets ton torero au cartel dans mes arènes et tu mets le mien dans les tiennes ». Le marché est verrouillé et si tu as un apoderado comme le mien, Enrique Guillén, qui est indépendant et qui n’a pas d’arènes, tu as très peu de chances d’entrer dans le circuit.
torobravo : tu as pourtant triomphé le jour de ton alternative, non avec le toro de la cérémonie qui fut très compliqué, mais avec ton second auquel tu coupas les deux oreilles grâce à ton engagement et à ta volonté de triompher.
VS : ça m’a valu de revenir en 2017 à Castellon où j’ai retrouvé mon parrain d’alternative Juan José Padilla avec lequel je suis sorti par la Puerta Grande après avoir coupé une oreille à chacun de mes toros de Fuente Ymbro.
torobravo : ce second triomphe aurait dû te permettre d’être à nouveau au cartel cette année.
VS : jusqu’au dernier moment, j’étais prévu au cartel pour torer les Victorino avec Varea, mais Sébastien Castella a souhaité les prendre et j’au disparu de l’affiche.
torobravo : en 2016 et 2017, tu as toréé seulement deux corridas, celles de Castellon dont on vient de parler, et une autre chaque année.
VS : à chaque fois, le second paseo a eu lieu au même endroit, à Vinaroz, où en 2016 je suis sorti a hombros avec Léa Vicens et Varea après avoir coupé deux oreilles, ce qui m’a valu de revenir l’année suivante. Les toros de Castillejo de Huebra ont donné peu de jeu mais j’ai quand même coupé une oreille.
torobravo : à part ces deux corridas, tu n’as pas toréé ?
VS : en 2016 non, mais en 2017 je suis parti au Pérou où j’ai toréé trois corridas et j’ai participé à sept festivals en Espagne.
torobravo : parle-nous un peu du Pérou.
VS : le Pérou est un pays où tous les toreros ont l’opportunité de toréer car il y a beaucoup de spectacles taurins, et le marché n’est pas fermé comme en Espagne. Les organisateurs peuvent te programmer plus facilement, et si tu triomphes, tu as des chances de répéter ou de décrocher d’autres contrats.
torobravo : c’était ton premier voyage au Pérou ?
VS : oui, j’avais entendu parler du Pérou comme d’un pays où la tauromachie était plus ouverte et où le public était enthousiaste. Alors j’ai décidé de tenter l’aventure. J’ai toréé deux fois en août à Matara (Cajamarca) avec deux oreilles le 11 et trois le 12. Puis je suis revenu au Pérou en décembre. J’ai toréé le 10 à Macusani (Carabaya) où j’ai coupé deux oreilles.
torobravo : repartiras-tu au Pérou cette année ?
VS : oui, très certainement, avec encore plus de contrats. Peut-être une dizaine, ou même une quinzaine.
torobravo : que fais-tu lorsque tu ne torées pas ? As-tu une autre activité en parallèle ?
VS : je m’entraine deux fois par jour, sauf le dimanche. Je vais aussi donner des cours aux élèves de l’école taurine de Castellon dont mon père est le directeur (NdR : Vicente Soler Lazaro père fut matador jusqu’en 2001 où il se retira. Il se mit comme banderillero au service de son fils, puis mit son expérience au service des élèves de l’école taurine). Pour vivre, côté professionnel, nous sommes associés dans un négoce de toros pour la rue et dans un élevage de moutons qui compte environ 300 têtes.
torobravo : comment vois-tu ton avenir dans la profession ?
VS : je suis optimiste, car je n’ai que 21 ans et encore tout l’avenir devant moi. Je sais que pour tous les toreros, la période qui suit l’alternative est souvent compliquée. Mais j’ai confiance dans mes capacités et je sais que, si on me fait confiance, j’ai des choses à montrer. Il est dommage que le contrat de Castellon n’ait pas pu se concrétiser, car il m’aurait peut-être ouvert des portes sur le marché français.
torobravo : nous te souhaitons le meilleur pour la suite de ta carrière que nous suivrons avec attention. Suerte torero!
Propos recueillis par Patrick Colléoni « Paco » le 16 février 2018 à la ganaderia du Scamandre.
Lors de l’entrainement chez Olivier Riboulet, Vicente a affronté un bon toro du Scamandre avec beaucoup de métier et une certaine élégance qui lui aurait sûrement valu de couper dans une arène, ce qui nous laisse à penser que les toros du Scamandre et le jeune torero de Castellon mériteraient d’être plus souvent à l’affiche. Voir diaporama ci-dessous.
Biographie de Vicente Soler.
- Vicente Soler Vidal est né à Burriana (Castellón) le 25 octobre 1995.
- Début en public le 13 mars 2012.
- Debut en piquée à Castellón le 6 mars 2013 aux côtés de Román et Lama de Góngora face à des novillos de El Parralejo.
- Présentation de novillero à Las Ventas (Madrid) le 6 avril 2014 avec Borja Álvarez et David González, novillos de Los Chospes.
- Alternative à Castellón le 3 mars 2016 des mains de Juan José Padilla, témoin Paquirri, toros de Hermanos García Jiménez (salut après pétition et deux oreilles. Sortie par la Puerta Grande)
Parcours de Vicente Soler.
Novillero.
- 2013 : 16 novilladas – 16 oreilles – 2 rabos.
- 2014 : 16 novilladas – 6 oreilles.
- 2015 : 6 novilladas – 6 oreilles.
- 2016 : 6 novilladas – 6 oreilles puis alternative.
Matador.
- 2016 : 2 corridas – 4 oreilles.
- 2017 : 2 corridas en Espagne – 3 oreilles. 3 corridas au Pérou – 7 oreilles. 7 festivals – 8 oreilles et un rabo.
Vicente Soler et la France (novilladas piquées).
- 2013 : Rieumes (Couto de Fornilhos), Céret (H.Yonnet), Riscle (Pablo Mayoral), Parentis (Sanchez Rico) et Carcassonne (Aguadulce). Déclaré meilleur novillero de la temporada dans le sud-est par l’Association des Critiques Taurins de France (ACTF).
- 2014 : Rieumes (Diego Puerta), Céret (Valle do Sorraia), Parentis (H. Yonnet : forfait pour blessure), Béziers (R. Margé) et Vic Fezensac (Barcial).
- 2015 : Boujan (Cebada Gago),Beaucaire (H. Yonnet), Parentis (Monteviejo) et Carcassonne (Miura).