Béziers. « La Corrida de Demain » évoquée aux 35èmes Journées Taurines.

Dans le cadre des 35èmes Journées Taurines de Béziers de la FCTB, vendredi 27 octobre au théâtre des Franciscains, devant pas loin de 150 personnes (et ce malgré le match Béziers-Narbonne), Paul Hermé, chroniqueur taurin du site ToroFiesta, animait un débat d’actualité : «la Corrida de Demain». Rencontre avec la participation active de Marcel Garzelli, pilier du Club Taurin Vicois, de Michel Bouisseren, organisateur de la feria Toros Y Campo de Boujan et d’Olivier Margé, ganadero des Monteilles.

Paul Hermé commença par dresser un état des lieux, précisant que la corrida était loin d’être moribonde, mais qu’elle subissait de sérieuses difficultés. En tête, un problème sociétal du fait d’un monde de plus en plus sensible à l’animal dans lequel les antis se complaisent pour attaquer particulièrement la tauromachie et les aficionados, jouant sur la «sensibilité» particulièrement de la jeunesse, jeunesse minoritaire autour du ruedo. Puis une cause plus politique découlant de l’état d’urgence, entraînant fouilles, contrôles, accès difficiles aux arènes… sans oublier nos politiques dont trop sont aficionados chez eux et deviennent neutres à Paris. S’ajoutent les attaques des antis et autres vegans utilisant à tout va les réseaux sociaux, les sites internet racontant n’importe quoi, n’hésitant pas à trafiquer les photos et venir provoquer les aficionados et autres spectateurs autour et dans les arènes… Puis les abonnements et retransmissions TV en direct qui touchent aussi notre pays. Dans une période économique difficile pour beaucoup, le coût d’un cartel, dont découle celui des places, est loin d’être négligeable dans la baisse des fréquentations et ne pas citer les programmations trop souvent répétitives serait se voiler la face…

Les trois autres intervenants partageaient cet état des lieux, chacun apportant un plus à travers leur vécu d’empresas et d’aficionados. Marcel Garzelli tenait à souligner avec un certain optimisme que de tous temps la Tauromachie avait vécu des périodes difficiles comme Vic avait pu en connaître. En 1910, dans la presse taurine la phrase «c’était mieux avant» y figurait déjà… et il y a toujours des corridas. Toutefois, il insistait sur la malfaisance des vegans mettant l’animal continuellement à la une des médias : c’est l’effet Bambi assimilant par l’image du dessin animé l’animal à un être humain. Marcel Garzelli soulignait alors la nécessité de développer les associations départementales  « Esprit du Sud » comme dans le Gers, les Landes, l’Hérault… trop de nos passions et traditions autres que la Corrida, toutes légales, où l’animal a une place, sont menacées, attaquées (chasse, pêche, viande, cirque…)

Olivier Margé ajoutait la nécessité de remettre des toros braves au centre de la corrida car ils en sont la base ; c’est ce qu’il veut, et au niveau de son élevage il s’emploie à cela, sachant que c’est un travail de longue haleine pour sortir un animal solide et combatif. Sur le plan économique il pense à la nécessité pour les empresas de se grouper pour qu’elles imposent leur choix des toros aux toreros et non l’inverse.

Pour Michel Bouisseren, ce qui l’inquiète, et surtout à ne pas oublier, c’est ce manque d’originalité dans le choix des toreros et des fers figurant aux cartels. Ce manque d’originalité répétitive éloigne des arènes. L’émotion procurée par la dramatique de la corrida est trop souvent absente , celle-ci est acquise par la sauvagerie du toro, ne pouvant provenir que d’un animal non-formaté au choix du matador, même si tous « se jouent la vie » face à tout toro. C’est pour retrouver cette émotion que Toros Y Campo existe – chaque année à Boujan – à travers le choix d’élevages braves, souvent oubliés, et naturellement de novilleros ne posant aucune condition sur ce choix.

Pour terminer ce riche débat de plus de 90 minutes, les intervenants ont rappelé le rôle important, sinon primordial, du premier tercio, la pique que certains voudraient voir disparaître, ignorant ou faisant semblant d’ignorer le règlement taurin, les alguazils ne doivent pas être de simples figurant folkloriques.

Ma conclusion, simple à écrire, plus difficile à mettre en pratique (mais) : il appartient aux aficionados, aux clubs taurins de s’exprimer, de réclamer, d’exiger – sans oublier leurs élus – dans tous les domaines concernant de près ou de loin la Tauromachie pour que cette passion traditionnelle et culturelle soit et reste source de beauté et d’émotions.

(photo – de gauche à droite : Olivier Margé, Marcel Garzelli, Paul Hermé, Michel Bouisseren et Tierry Girard, président de la FCTB)

Reportage : Hugues Bousquet (http://lotaureroge.canalblog.com/)