A l’origine était prévu un lot de Miura pour clôturer l’édition 2017 de la Feria du Riz.
Certains pensionnaires de Zahariche s’étant avérés inaptes au combat suite à des affrontements lors des opérations préalables à l’embarquement, la direction des arènes avait choisi de transformer le spectacle en un desafio ganadero entre Miura et Baltasar Iban. C’est donc trois exemplaires de chaque fer qui foulèrent le sable provençal face à une terna expérimentée composée de Rafaelillo, Mehdi Savalli et Ruben Pinar.
Le soleil étant revenu, l’entrée fut correcte, environ un tiers d’arène, sachant que ce type de spectacle n’attire hélas pas les foules, plus friandes de figuras que de toros.
Côté bétail, dans l’ordre de sortie, les trois Miura (1°, 2° et 3°) de respectable trapio, très faible le premier, puis les trois Baltasar Iban (4°, 5° et 6°) de beau trapio, remarquablement armés, bons les 4° et surtout 5°, « Peletero », honoré de la vuelta, fade le sixième.
Le premier Miura manifesta dès sa sortie une certaine faiblesse, laquelle fut plus manifeste après deux rencontres avec la cavalerie, la première sans pousser, la seconde en carioca. Une chute à la sortie de la première pique fut le prélude de génuflexions répétées. Après trois séries de derechazos, le toro se coucha. Rien d’autre à faire pour Rafaelillo que d’abréger. Entière traserita, deux descabellos. Silence.
Le murciano ne comptait pas en rester là. Ainsi accueillit-il le premier Baltasar Iban par une larga cambiada afarolada de rodillas, poursuivant par véroniques et se faisant désarmer au final. Le second picador de la cuadrilla ne fit pas mieux que le premier, enfermant le bicho lors de la première rencontre, puis pompant allègrement à la suivante. Brindée au public, la (trop) longue faena commença par des doblones très bas, puis Rafaelillo alterna les deux bords avec beaucoup de fermeté et un volume sonore assez désagréable. Final a menos pour l’animal qui défuncta d’une grande estocade. Arrastre applaudi et oreille pour le torero.
Mehdi Savalli, en manque de contrats, s’est montré à la hauteur de l’événement, malgré quelques maladresses imputables au manque de compétition. Il accueillit le second de la tarde par bonnes véroniques et demies avant de le présenter face à la pièce montée qu’il jeta au sol au final d’une longue poussée. Le lancier se remit ensuite en selle pour un picotazo administré à un bicho venant de loin. Le torero arlésien assura comme à son habitude le second tiers, clouant fort bien en poder a poder, violin et beau quiebro. Débutée près des planches par passes hautes pieds rivés au sol, la faena se poursuivit par des séries ambidextres de bonne facture où Mehdi cita souvent à bonne distance. Final par manoletinas avant trois-quart contraire latérale, puis quasi-entière contraire complétée par un descabello. Salut au tiers.
C’est par une larga de rodillas que Mehdi salua le quinto, se relevant ensuite pour dessiner quelques bonnes véroniques et demie. Suivit un beau tercio de varas où le bicho mis progressivement à distance chargea quatre fois le cheval monté par Gabin Rehabi auteur de quatre bonnes piques et qui sortit sous l’ovation des tendidos. Le torero assura à nouveau le second tiers en deux poder a poder et un violin.
Brindée à Chico Leal, la faena, débutée par statuaires, vit Mehdi s’étirer au maximum pour livrer de bons derechazos, le passage à gauche s’avérant ensuite moins convainquant. On retiendra également quelques beaux redondos et les belles charges d’un Baltasar Iban qui ne refusa rien au piéton chargé de l’affronter.
Il fut récompensé d’une vuelta après une entière contraire et un descabello qui mirent fin à sa vie publique. Oreille pour Mehdi qui fit la vuelta en compagnie de Gabin.
Ruben Pinar ne fut pas en reste. Reçu par quelques véroniques et demie, son Miura poussa un peu lors de la première rencontre où il se fit enfermer par le piquero, revenant ensuite vers le lancier pour un picotazo. Le garçon composa ensuite une faena de bon niveau, majoritairement droitière, finissant par une séquence encimista et tremendista sur la corne droite. Entière en place et belle résistance du toro luttant longuement pour repousser l’échéance. Oreille pour l’albaceteño.
Le dernier Baltasar n’était pas du même tonneau que le précédent, le ramage n’égalant pas l’exceptionnel plumage. Ainsi après quelques véroniques de réception il prit deux piques sans engagement, puis s’avéra soso dans la muleta de Pinar qui essaya en vain de l’animer sur les deux bords. Travail propre du torero mais sans aucune transmission jusqu’à l’entière caida après pinchazo qui mit fin à notre ennui. Palmas pour la volonté.
A l’issue de la course, Gabin Rehabi reçut le Prix Jacques Monnier attribué au meilleur picador de la course. Il le brinda au ciel en hommage au subalterne trop tôt disparu.
Note : Mehdi Savalli s’est rendu aux arènes en moto. Sûrement une première dans ce domaine (Photo : La Provence).
Reseña et photos : Paco.