Arènes de Mont-de-Marsan, trois milles personnes environ, deux heures trente cinq de spectacle, quelques rayons de soleil, puis des nuages et petite pluie du troisième au quatrième novillo.
Six novillos en concours, dans l’ordre de sortie :
- Célestino Cuadri, deux piques.
- Escolar Gil, trois piques.
- Valdellan, trois piques.
- Virgen Maria, deux piques.
- Pedraza de Yeltes, trois piques.
- El Pincha, trois piques et vuelta posthume au novillo.
- Diego Carretero (rouge et or), avec le Cuadri, une entière, un descabello, silence ; avec le Virgen Maria, un pinchazo et une entière, silence.
- Jorge Isiegas (blanc et or), avec le Escolar Gil, deux entières, silence ; avec le Pedraza de Yeltes, quatre pinchazos, une entière, avis, silence.
- Tibo Garcia (rouge et or), avec le Valdellan, un pinchazo, trois quart de lame, silence ; avec le Pincha, sept pinchazos, une entière, avis, salut.
Tibo Garcia permet finalement à «Rascatripas» de la toute jeune ganaderia navarraise El Pincha de remporter la novillada-concours de Saint-Perdon, donnée dans les arènes de Mont-de-Marsan. Un toro plutôt petit par rapport au reste de l’encierro… mais qui fut combattif et brave sous le fer où il est revenu trois fois. Mais par la suite il se donna à fond dans la muleta de Tibo Garcia qui dessina avec lui quelques grande séries, très lentes, avec une muleta basse, traînant sur le sable, arrachant aussitôt des applaudissements dans les gradins. Par contre il ne fut pas très à l’aise à gauche et n’insista pas longtemps sur cette main. Malheureusement il perdit tout espoir de trophée à la mort. Par contre il aura eu le mérite de nous faire bien voir le novillo et sa victoire dans le concours lui doit beaucoup.
Par contre sa première copie avait été beaucoup plus complexe avec un Valdellan, parfaitement dans la lignée de l’élevage, par sa présentation et son comportement. Trois grandes piques, la première spectaculaire et les deux autres poussées avec puissance. Mais à la muleta l’animal était compliqué à souhait. Dans une faena de lutte, Tibo Garcia dut lui arracher les passes une à une, lui volant au passage quelques naturelles. Avec un peu plus de noblesse, ce Valdellan aurait pu faire un excellent lauréat.
Diego Carretero avait ouvert la course avec un Célestino Cuadri qui fut plutôt décevant, au point d’être sifflé à l’arrastre. Diego Carretero, qui nous avait laissé espérer mieux à la cape, eut beaucoup de mal à le faire charger. En outre son toreo parallèle ne facilitait pas les choses… Il pouvait se racheter avec un Virgen Maria qui paraissait vouloir collaborer. Un moment débordé à la cape, il prenait par la suite la parfaite mesure du novillo, avec des muletazos très longs et très bas. Mais, trop confiant, il devait se faire bousculer plusieurs fois. « Peut mieux faire », aurait écrit à l’encre rouge, mon hussard noir d’instituteur !
Jorge Isiegas, avec un Escolar Gil de toute beauté, a commencé par se faire déborder au capote… et par la suite il n’a jamais témoigné la moindre confiance, avec les fesses dans sa Saragosse natale et la muleta dans les Landes. Foule de petits pas en arrière, et sur les deux mains il demeure en-dessous de son adversaire… Disons que les petites bourrasques de vent qui annonçaient la pluie ne lui ont pas facilité la tâche. Ensuite, avec un Pedraza de Yeltes, manifestement pauvre de cornes par rapport à ce que présente habituellement la maison, il ne fut guère intéressant, à part une bonne série à droite. Souvent accroché, se découvrant comme un débutant et présentant la muleta sur le passage plus qu’il ne commandait, il n’aura pas été celui qui aura mis en valeur ses deux adversaires.
On ne peut que souhaiter bonne route à Juan Antonio Baigorri et que dans les plaines de Lodosa ses Pincha deviennent rapidement aussi célèbres que les piments du piquillo.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.