Décès à 69 ans de l’ancien matador Damaso Gonzalez.

On a appris en fin de matinée le décès de l’ancien matador Damaso Gonzalez Carrasco des suites de ce qu’il est convenu d’appeler une longue maladie.

Damaso était né à Albacete le 11 septembre 1947. Attiré par la tauromachie, dès 11 ans à peine alors qu’il travaillait dans l’élevage de vaches de son père, il se mit à traîner dans les capeas des pueblos de la sierra d’Albacete. Il débuta en costume de lumières dans sa ville le 6 septembre 1964 sous l’apodo de Curro de Alba. Aidé par Pedres, il se roda ensuite dans la partie sérieuse de spectacles comiques jusqu’à son passage en piquée le 8 septembre 1968, toujours à Albacete, aux côtés de Santiago Lopez et d’Antonio Rojas face à des novillos de Villamarta.

Avec Camara comme mentor, il explosa en quelques mois dans la catégorie, triomphant notamment sous sa véritable identité lors de sa présentation à Barcelone le 19 mars 1969 en coupant quatre oreilles et une queue, triomphe qui lui valut d’être répété à huit reprises les mois suivants. Valencia, pour ses débuts, le vit couper une autre queue.

Photo: Twitter @Eltoro_Elrey

Présentation à Madrid le 1er juin suivant avec Pepe Luis Segura et Vicente Linares, se faisant blesser légèrement par un de ses novillos de Carlos Nuñez mais laissant une bonne impression qui lui vaudra d’être répété le dimanche suivant. Séville le verra couper trois oreilles une semaine plus tard. Le 23 juin, après avoir toréé une vingtaine de novilladas en quatre mois, il affronte six novillos de Benitez Cubero en solitaire à Valencia pour ses adieux de novillero.

Le lendemain, Miguelin lui cédait « Gañafote » de Flores Cubero en présence de Paquirri. Son second adversaire lui infligera une cornada à la cuisse gauche après maintes bousculades, ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre sa saison avec 25 corridas supplémentaires. L’hiver suivant, il fera sa première campagne sud-américaine, confirmant le 20 décembre à Mexico des mains de Manolo Martinez  qui lui cèdera le toro « Amistoso » de Valparaiso en présence d’Eloy Cavazos.

Confirmation à Las Ventas (photo EFE)

Présentation de matador à Séville en 1970 (sans succès) puis le 14 mai, confirmation à Madrid avec El Viti et Miguel Marquez, « Barranquillo » de Galache, toro de la cérémonie laissant un pavillon dans les mains du torero d’Albacete. 44 contrats cette année-là, puis une année 1971 où Damaso consolide sa position parmi les leaders de l’escalafon.

Les années 70 furent marquées par de nombreux contrats (60 à 70 par saison) et de nombreux succès mais il ne fut jamais un torero de Séville, ne se classant pas parmi les artistes, et eut du mal à conquérir Madrid jusqu’à cette tarde de 79 où il coupa les deux oreilles d’un toro de La Laguna. En 81, il empruntera une seconde fois la Puerta Grande de Las Ventas et sera proclamé triomphateur de la San Isidro. Sa carrière ira a menos par la suite avec sur sa route des ganaderias plus dures. Le 20 septembre 1988 à Valladolid, il se retire une première fois, revenant en 1991 à Nîmes pour donner l’alternative à son compatriote Manuel Caballero. Les trois oreilles coupées ce jour-là l’encouragent à revenir. Il revêtira l’habit de lumières jusqu’en 1994 où il fait une temporada d’adieux. Dernière corrida chez lui à Albacete le 16 septembre avec deux oreilles du toro « Artesano » de Daniel Ruiz.

Il fera un nouveau retour dans les ruedos en 2003, cette fois pour donner l’alternative à Matias Tejela. La cérémonie a lieu à Valencia en présence de Joselito. Après une quinzaine de contrats, il mettra fin à sa carrière le 17 septembre à Murcia après avoir coupé les deux oreilles d’un Torrestrella. Il toréa par la suite quelques festivals et s’occupa de sa ganaderia.

On retiendra de Damaso Gonzalez, outre ses qualités humaines unanimement reconnues, le souvenir d’un torero vaillant au temple fabuleux et doté d’un poignet droit ensorceleur. Son fameux  « pendule » au final de faenas dominatrices restera dans les mémoires, même s’il ne fit pas l’unanimité parmi les puristes. Sa tauromachie encimista se retrouvera dans le toreo d’Ojeda notamment, puis dans celui de la génération actuelle qui use (et souvent abuse) de ce toreo en rond, à l’endroit ou à l’envers, et qui convient au toro actuel souvent statique en fin de faena.

Souvent malmené par la critique, il fut cependant reconnu par ses pairs et par une partie de l’aficion qui sut mettre en avant les qualités de lidiador de l’albaceteño.

Une chapelle ardente a été installée dans les arènes d’Albacete et une messe sera célébrée ce dimanche à 13h15 à la cathédrale de San Juan d’Albacete avant l’inhumation.

RIP