Saint-Gilles. 20 août (tarde). Triomphe de Thomas Joubert.

L’affiche avait attiré beaucoup de monde dans les arènes Emile Bilhau qui affichaient un quasi-plein.

Beaucoup étaient venus soutenir Thomas Joubert qui n’occupe pas la place qu’il mérite malgré des triomphes répétés. Il semble que le changement d’apoderado n’ait pas apporté grand chose à la carrière du garçon qui stagne. On espérait pour lui un agenda plus rempli et quelques contrats en Espagne, le parcours de Thomas restant bien trop confidentiel eu égard à ses qualités. Souhaitons que les empresas se réveillent avant que le garçon ne se décourage. Cela serait dommage !

L’empresa Toro Pasion avait donc programmé une confrontation entre la figura biterroise Sébastien Castella et le régional de l’étape Thomas Joubert. Il faut le dire, et ça se vérifie régulièrement, les mano a mano ne sont plus des compétitions, chacun restant à sa place sans piétiner les plates-bandes du collègue. Fut une époque où existaient une véritable competencia avec par exemple des duels aux quites, même si ici les deux matadors ne jouent pas dans la même catégorie. J’ai vu par le passé à Valencia jusqu’à quatre quites sur un même toro. Mais laissons là les souvenirs et passons à ce qui nous intéresse ce jour.

Numéro Naissance Poids Matador
104 01/2013 460 kg Sébastien Castella
104 01/2012 470 kg Thomas Joubert
212 01/2013 520 kg Sébastien Castella
106 02/2013 515 kg Thomas Joubert
208 02/2013 523 kg Sébastien Castella
210 01/2013 530 kg Thomas Joubert

La famille Margé avait amené à Saint-Gilles un lot de toros bien présenté (de 460 à 530 kg), relativement solide en sept rencontres avec la cavalerie, les troisième et sixième poussant le groupe équestre, le premier cité presque jusqu’à la chute (bien le cheval de Philippe Heyral qui aguanta la charge). Côté caractère, nombre d’entre eux se sont avérés compliqués, le vent n’aidant pas les toreros. Eole fut cependant plus clément envers Thomas qui essuya moins de rafales, allez savoir pourquoi ! Le sixième Margé fut honoré de la vuelta (généreuse à mon avis).

Sébastien Castella ouvrit la tarde par la lidia d’un premier Margé qui tint la distance parce que monopiqué légèrement. RAS au capote lors de la réception puis un quite du biterrois par chicuelinas et demie. Bien débutée par doblones genou fléchi, la faena fut construite essentiellement sur la corne droite, la parcours de l’animal sur le bord opposé s’avérant moins conséquent. Des séries droitières donc d’inégale intensité, certaines savoureuses, d’autres dans une honnête moyenne, parfois contrariées par le vent. Un extraño de l’animal faillit cueillir le torero qui dut battre en retraite.Mais Castella n’est pas homme à renoncer. Epée de mort en main, il se ravisa et offrit aux étagères deux séries de naturelles que l’on n’attendait plus, de très non niveau la première.Entière traserita après pinchazo. Oreille inattendue accordée sans pétition et que Castella déposa intelligemment sur l’estribo, se contentant d’un salut au tiers (bien torero !).

Après quelques véroniques, le troisième mit les reins et poussa le cheval lors de l’unique rencontre. Moment de grande intensité dramatique lorsque Morenito d’Arles chuta lors de la brega devant le toro, restant à la merci des cornes puis, toujours au sol, se faisant lui même le quite en détournant la charge avec son capote. Beau sang-froid qui lui évita une possible cornada. Face à ce toro violent qui envoyait la corne au sortir de chaque muletazo, Sébastien fit front sans vraiment pouvoir imposer son toreo, à gauche notamment où les naturelles furent arrachées à l’unité. Entière rinconera après pinchazo, puis trois descabellos pour le final. Silence.

Face au cinquième, les véroniques d’accueil furent inégales car contrariées par le vent. Ce toro, qui fut le seul à prendre deux rations de fer, fut ensuite bien banderillé par Rafael Viotti appelé à saluer. Quite de Thomas par saltilleras et revolera. Brindée aux étagères, la dernière faena du biterrois ne lui permit pas de revenir dans la course, Eole décidément ayant pris parti pour l’arlésien. La violence du bicho n’arrangea rien aux affaires de Castella, auteur d’une dernière prestation honorable, faute d’être brillante. Entière contraire, deux descabellos. Silence.

La prestation de Thomas Joubert est à marquer d’une pierre blanche. Inspirée, sa tauromachie, bien qu’entachée de quelques maladresses, fut des plus agréables à suivre, ce qui nous fait d’autant plus regretter son absence des cartels. Face au premier, il dessina de jolies véroniques pieds joints, rématant sa série par chicuelinas et revolera. Après un pique bien placée (ça devient rare), l’arlésien intervint au quite par tafalleras et larga. Violent mais de forces justes, le Margé fut très vite soumis par la muleta de Thomas qui exprima son toreo sur l’air de « Caridad del Guadalquivir », nous proposant une tauromachie inventive avec quelquefois une prise de risque aventureuse. Quasi exclusivement droitière, cette faena inspirée fut conclue par bernadinas serrées. Deux tiers de lame consécutifs, puis un puntillero qui releva le Margé réduisirent la récompense à un salut au tiers.

Après une paire de véroniques, le quatrième fut monopiqué en arrière avant quite de Thomas par gaoneras et revolera accrochée. Débutée par doblones genou fléchi, la faena se poursuivit par une série de derechazos de rodillas avant suite sur les deux bords, l’arlésien privilégiant la dextre. On notera cependant une bonne série de naturelles aidées. Nouvelle faena laissant place à l’inspiration, Thomas usant (à mon avis) un peu trop des dosantinas (circulaires inversées). Demi-lame a recibir et deux oreilles (excessive la 2°), le palco pas très clair dans l’utilisation des mouchoirs envoyant l’alguacil chercher le deuxième pavillon au desolladero après l’arrastre du toro.

Le sixième prit une pique en poussant bien avant que Thomas n’intervienne au quite par chicuelinas et revolera, invitant ensuite le sobresaliente Jérémy Banti qui dessina quelques tafalleras et une demie. Brindée au public, la faena débuta par passes cambiadas et passes hautes alternées, puis se poursuivit sur les deux bords, Thomas toréant cette fois  toujours a gusto mais avec plus de sobriété. Final par luquecinas, puis manoletinas avant entière delantera tendida. Deux oreilles (un poil excessive, régionale dira-t-on, la seconde) et vuelta (idem) pour le dernier Margé de la tarde.

Sortie a hombros pour Thomas qui s’est rappelé au bon souvenir des empresas. Quand vont-elles enfin se décider à le programmer ?

Notes.

  • Le baryton Frédéric Cornille, après hommage à Nimeño II par le biais d’un poème lu au micro, entonna La Marseillaise, puis Carmen lors du paseillo. Une minute d’applaudissement fut dédiée à Ivan Fandiño présent dans ces arènes lors de la précédente feria.
  • Salut des deux toreros à l’issue du paseillo.
  • Piques montées à l’envers aux premier, cinquième et sixième toros.

 

Reseña et photos : Paco.

En matinée, les « Minots Toreros » du CFT ont pu s’exercer face à qutre vaches d’Olivier Fernay. Les jeunes pousses sont en train de lever sous la houlette de Christian Le Sur et Juan Villanueva. Souhaitons que la relève soit parmi elles !
(Photo : Paul Hermé)