Maubourguet. 20 août (tarde). Les Coquilla sous toutes leurs formes. Second triomphe de Yon Lamothe.

Arènes bien remplies avec une très forte proportion à l’ombre, soleil mais température agréable, deux heures vingt de spectacle.

Six erales de Coquilla, trois de Juan Sanchez Fabres (1°, 5° et 6°), trois de Sanchez Arjona (2°, 3° et 4°). Tous très vifs, très agressifs, avec une mention aux Sanchez Arjona, tous parfaitement présentés et toréables en ayant beaucoup de courage.

  • Hector Gutierrez (bleu ciel et or), au premier, trois quart de lame, une oreille ; au quatrième, un pinchazo, une entière, trois descabellos, vuelta, et vuelta au novillo « Tallador » de Sanchez Arjona.
  • João d’Alva (blanc et or) au deuxième, sept pinchazos, un mete y saca et une entière, avis, silence ; au cinquième, une entière, une oreille.
  • Yon Lamothe (rouge et or), au troisième, une entière, trois pinchazos, silence ; au dernier, un pinchazo, une entière, deux oreilles.

Note. Une minute de silence a été observée, lors du paseo, à la mémoire de François Fortassin, sénateur des Hautes-Pyrénées, décédé en début d’année et qui a favorisé l’implantation de la tauromachie à Maubourguet et Castelnau-Rivière-Basse. Fut associé à cet hommage le torero Ivan Fandiño, tué en juin à quelques kilomètres de là.

Dérivées du Santa Coloma, les deux branches du Coquilla, Sanchez Arjona et Juan Sanchez Fabres, étaient réunies pour une passionnante tarde à travers une novillada sans picadors. De quoi se régaler et apprécier les quelques différences entre les deux familles. Les Sanchez Arjona, violents, brutes, sans grande éducation, et les Sanchez Fabres, à peine un peu plus policés, mais ne pardonnant jamais la moindre faute aux novilleros.

Hector Gutierrez, qui avait ouvert avec un Sanchez Fabres, n’a pas trouvé la distance qui lui convenait pour servir une bonne série de muletazos, muleta très basse et jouant la montre… Il préférait la sénestre où il fut très appliqué. Par contre, avec le solide et imposant Sanchez Arjona qui sortit en deuxième position, on a trouvé, malgré les difficultés, un novillero plus facile, très à l’aise, citant à mi-distance et donnant de l’ampleur à l’eral. On retiendra aussi une longue série de naturelles données avec lenteur et avec lesquelles le garçon semblait se faire plaisir. Ce « Tallador » était un parfait adversaire qui fut récompensé d’une vuelta posthume. Dommage pour Gutierrez, mais cette fois l’épée le trahit ! Pas de trophée comme tout à l’heure mais une vuelta, très chaleureuse.

João d’Alva, séduisant à la cape par une petite série de véroniques, faisait voir d’excellents dons de banderillero avec un quiebro, au deuxième essai, particulièrement réussi. Ce premier novillo, dédié au maestro retraité Richard Milian, il l’affrontait avec un style très épuré et simple. Sa muleta complétait parfaitement la noblesse de l’animal. Ce fut un agréable moment de tauromachie, malheureusement saboté par l’épée. Il décida donc de se rattraper face au Sanchez Fabres… avec un farol à genoux pour illustrer son tercio de cape, des banderilles de valeur, pour en arriver à des séries de droite données dans son style très personnel avec une muleta très basse, un corp à la limite de l’équilibre et un recorrido d’une extrême lenteur. Il trouvait enfin le bonheur de toréer avec un bonus supplémentaire sur la main gauche.

Yon Lamothe faisait à Maubourguet son deuxième paseo de la journée (voir par ailleurs la course matinale de Rion). Il affronta, assurément le Sanchez Arjona le plus compliqué et tout naturellement commença par quelques grandes passes de châtiment. Peut-être fallait-il l’humilier plus encore ? Mais à la première faute de Yon, il lui infligea une voltereta spectaculaire. Il fut un instant plus crispé avant de retrouver son aisance naturelle.

Fallait-il lui concéder, ensuite cette deuxième oreille ? M. Tort est un président exigeant et rigoureux, faisons lui confiance. De toute façon, par sa faena, Yon a parfaitement conquis le premier trophée. Une excellente main droite, quelques éclairs à gauche, et le garçon ne tarde pas à mettre à profit une petite faiblesse de l’animal pour interpréter son toreo d’harmonie et de douceur. On sent même qu’il fait durer le plaisir… mais ne compte pas son courage et sa volonté lorsqu’il s’agit d’attaquer à l’épée.

Excellente journée sous le signe du Coquilla.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.