Céret. 14 juillet. Le mirage Miura.

L’ADAC avait choisi de fêter son trentième anniversaire « a lo grande », et pour cela avait mis un lot de toros de Miura à l’affiche de sa première corrida.

Mal leur en prit, car quasiment tout le lot vit ses armures esquintées, soit lors des manipulations précédant la course, soit sitôt après l’entrée en piste. L’ADAC avait choisi d’informer le public que certaines cornes étaient abimées, mais n’avait pas mesuré l’ampleur de la chose. A voir les mines contrites des bénévoles de l’association dont l’intégrité ne saurait être mise en cause, on comprit qu’ils s’étaient fait avoir par des ganaderos dont le nom de maquignons serait plus approprié. Certainement des toros qui s’étaient abimé les armures au campo et dont les cornes avaient été « arréglées », souvent grossièrement. Bref, un jeu de dupes auquel l’ADAC ne se prêtera plus. Il y a fort à parier que les toros de Zahariche ne fouleront plus le sable des arènes de la cité des cerises durant nombre d’années.

Côté comportement, on retrouva peu le caractère des Miura qu’on a connus par le passé, à l’exception du second de la course qui affirma sa génétique.

Paulita, face à un premier sans grande classe, s’est montré quelquefois vaillant, mais sans sortir d’une honnête moyenne. Après quelques véroniques, delantales et revolera, il confia le bicho à son picador pour trois rations de fer d’intensité décroissante avant de se lancer dans une faena ambidextre dont les meilleures séquences furent gauchères, le Miura s’avérant plus court de charge à dextre. Quelques détails à retenir avant une entière contraire hémorragique. Salut au tiers.

Le quatrième prit deux piques, la première trasera en poussant un peu, la seconde moins appuyée. Après un quite de Chacon par véroniques et demie, Paulita exploita la noblesse du Miura sur trois séries de derechazos. Le passage à gauche fut moins convainquant avec une bonne moitié de naturelles chiffonnées, le retour à droite tout autant avec un adversaire qui se décomposa au fil du temps. Deux demi-lames tendidas sans s’engager après pinchazo initial, deux descabellos. Sifflets à l’arrastre (pour la présentation) et silence pour le torero.

Octavio Chacon séduit les aficionados à chacune de ses sorties. Bien dans sa tête, sûr de son métier, il fit honneur à son costume et s’afficha plus souvent chef de lidia que Paulita qui pourtant en avait la charge. « Lanudo » n° 51, 610 kg, était un cinqueño violent venu pour en découdre. Dès son entrée, il fut capté par le capote autoritaire du gaditano qui le conduisit vers le centre avant de le positionner face au lancier pour deux rations de fer traseras de moyenne intensité, la première prise en poussant un peu. Compliqué dès les premiers muletazos, il trouva sur son chemin un garçon qui sut imposer sa loi malgré quelques derrotes qui en auraient fait reculer plus d’un. Octavio alterna les deux bords sans céder un pouce de terrain malgré une charge qui se réduisit au fil des muletazos et des cornes qui cherchèrent de plus en plus le piéton derrière l’étoffe. Quasi-entière tendida et caida pour le final, deux descabellos. Salut au tiers.

Le quinto fut changé sous les huées d’un public excédé par la présentation du lot et remplacé par un sobrero d’Hubert Yonnet qu’un peon fit taper dès son entrée contre un burladero. Bilan : toro à moitié groggy et corne cassée. Après un pique muy trasera, l’animal fut renvoyé aux corrales et remplacé par un toro des héritiers de Christophe Yonnet. Après quelques capotazos, le camarguais chargea par trois fois le cheval, recevant à chaque fois une pique bien en arrière du point d’impact recommandé. Ce Yonnet conserva malgré tout une belle alegria dans la muleta de Chacon qu’il chargea museau au sol, s’affichant bien meilleur sur la corne droite que sur l’opposée où sa charge était courte. De bonnes séries droitières templées, bien menées, en courant la main à la perfection, un ensemble bien construit qui s’acheva par des manoletinas serrées avant un pinchazo immédiatement suivi d’une entière contraire, les deux en s’engageant, finissant bousculé au second assaut. Arrastre applaudi et oreille pour un Chacon qu’on aura plaisir à revoir.

Pepe Moral est un peu (pour ne pas dire complètement) passé inaperçu. Face à un troisième pegajoso, il fut inexistant au capote, puis après trois piques traseras, carioquée la première, le toro venant de loin à la troisième, il recula muleta en mains, à droite comme à gauche, ne refaisant le terrain perdu que sur un brelan de derechazos. Demi-lame tendida, trois descabellos. Quelques sifflets.

Le sixième fut accueilli par quelques véroniques et demie avant de lever le cheval à la première rencontre puis de cogner dans le matelas à la seconde. Panique au second tiers, puis un semblant de faena à distance à base de muletazos brouillons jamais dominateurs. Tiers de lame après pinchazo, entière habile. Silence.

Reseña et photos : Paco.

Vidéo : Alain Garres.