Eauze. 8 Juillet (tarde). Padilla, Jean-Baptiste et le mayoral triomphent.

Arène frôlant le plein, deux heures quarante de spectacle, temps nuageux avec un petit épisode pluvieux au quatrième toro.

Six toros de La Dehesilla, admirablement présentés, troujours bien armés, tous quatre ans et demi, devant affleurer les 500 kilos. De une à deux piques, premier, troisième et dernier. Très toréables à la muleta à condition de les dominer.

  • Juan José Padilla (vert prairie et or), au premier, un quart de lame, salut ; au quatrième, une netière, deux oreilles.
  • Juan Bautista (vert très foncé et argent), au deuxième, une entière a recibir deux oreilles ; au cinquième, une entière, salut avec pétition d’oreille.
  • Thomas Dufau ( bleu ciel et or) au troisième, une entière, une oreille ; au dernier, un pinchazo, une entière, avis, applaudissements.

Juan Bautista  lance en entrant quelques véroniques lentes et amples… Puis dans ce style le torero arlésien poursuit son un phénoménal tercio de cape. Il avait aussitôt compris que Ventoso était l’adversaire parfait. Effectivement ce merveilleux toro, bien armé, parfait de trapio attaquait tout ce qui bougeait. Juan Bautista en quelques minutes, signait une « hénaurme » faena. Après quelques passe de châtiment à genoux, dessinées avec art, il enchaînait série sur série, ne quittant jamais un tout petit terrain, guère plus grand qu’un mouchoir. Le torero se faisait plaisir, il distillait chaque figure avec beaucoup de lenteur, décomposant tous les mouvements et donnant un importance immense au toro. Une conclusion de roi avec une entière a recibir parfaite.

Ventoso était de ces adversaires que l’on ne rencontre que les jours de chance et hier, à Eauze Juan Bautista a saisi avec vigueur et art cette opportunité. Même s’il manifestait la même envie de triomphe et ne cessait de monter à l’attaque, ce ne fut pas pareil avec son second adversaire, plus compliqué, avisant sur la gauche, par instant retenant sa charge. Certes Bautista dominait mais il n’était plus question maintenant de se livrer à des enluminures. Le coup d’épée fut précis et efficace.

Avec le retour de Jean-Baptiste dans ces arènes l’autre événement du jour fut la présence de La Dehesilla. A les voir sortir on pouvait légitimement se demander comment de pareil bichos se retrouvaient ici face à un cartel de vedette. Pas un qui ne soit pas bien armé, tous devant tutoyer la demi-tonne. Peut être pas des foudres sous la pique, mais on a vu pire… Un lot de toro dont on se souviendra longtemps à Eauze et qui justifiait largement la sortie en triomphe du mayoral.

Juan José Padilla n’avait pas touché le meilleur pour ouvrir la course… On pensait même qu’il n’avait pas toute la volonté nécessaire pour se livrer. Ce fut une faena de peu d’intérêt. Mais certainement piqué au vif par les deux premières oreilles de Bautista et celle de Thomas Dufau, lorsque jaillit son deuxième adversaire ont retrouvait le « Cyclone de Jérez ». Un Padilla métamorphosé, volontaire qui allait se battre et ne jamais céder un pouce de terrain à Nocturno. Les arènes qui l’attendaient retrouvaient  le phénomène qui avait repris les banderilles. Un faena certes un peu baroque par moment mais récompensée de deux oreilles après un fulgurant coup d’épée.

Thomas Dufau s’est trouvé très à l’aise sur les deux mains, a toréé avec sagesse et application en profitant de toutes les qualités de son toro. Par contre à son retour sur le sable, ce fut un adversaire tellement pâle et sans saveur qu’il ne put faire que fort peu.

Par contre le public d’Eauze est sorti ravie pas cette course toujours très animée par un lot de toro impeccablement présenté, et très armé. Normal donc de voir le mayoral sortir en triomphe avec Padilla et Bautista.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol