Si El Juli avec ses novillos de El Freixo n’a pas manqué sa présentation à Séville, par contre Andy Younes a été plus hésitant, même s’il n’y a rien à lui reprocher, si ce n’est une manque de chance avec son premier novillo et un échec à la mort avec le second. Mais pour le reste le Français a été parfait, déclenchant la musique à chacun de ses opposants… A retenir Carlos Ochoa qui signe les meilleurs moments de cette course.
Plus d’une demi-arène, Maestranza sous les nuages avec un mercure à plus de trente degrés, et un vent brûlant, deux heures vingt de spectacle.
Six novillos de El Freixo, très bien présentés, de 499 à 456 kilos, tous deux piques mais prises avec puissance, bravoure et agressivité. Le dernier un troisième châtiment en attaquant le cheval qui quittait l’arène. A la muleta très exigeants. Il fallait se croiser et les consentir.
- Andy Younes (marron et or), au premier, une entière, cinq descabellos, avis, salut ; au quatrième, quatre pinchazos, une atravesada, trois-quarts de lame, avis, silence.
- Alfonso Cadaval (rioja et or), au deuxième, un pinchazo, une entière, avis silence ; au cinquième, une entière, salut et division d’opinions.
- Carlos Ochoa (bleu ciel et or), au troisième, une entière, avis vuelta avec pétition d’oreille ; au dernier, un pinchazo, une entière, deux descabellos, salut.
Andy Younes avait commencé les choses plutôt très bien. Quelques éclairs de classicisme à la cape et une faena qui débute de façon peu commune. Pas le temps de ramener sa montera et le toro charge, un bicho qu’il accueille en trois statuaires et autant de trincheras pour gagner un peu de terrain. Il reste très à l’aise comme on va le retrouver dans une excellente série de naturelles. La fin de sa faena sera un peu décousue mais illustrée de grands moments. Mais Andy à laissé voir son bon goût dont le remercient les sévillans. Si le toro tombait sous son entière, c’était le succès absolu.
Il a séduit pour revenir… car sa deuxième sortie, malgré une immense série de muletazos qui appelle une seconde fois la musique, sera beaucoup plus brève dans l’intérêt de l’ensemble. Au début le toro avait pris le dessus sur la cuadrilla, paniquée et débordée. Andy eut peut être le tort de ne pas insister à gauche et il parcourut son chemin de croix à la pointe de l’épée. Trop de pression dans cette arène, surement trop crispé, mais s’il a séduit Séville, il ne s’est pas imposé comme il pouvait le souhaiter.
Alfonso Cadaval témoigna de ses ganas par une porta gayola pratiquement réussie mais dont il ne sut pas profiter dans le reste du tercio de cape. Il fut plutôt décevant à ce jeu. Brindant au public, on le retrouve sans imagination à droite et dépassé sur la main gauche, reculant plus qu’il n’a attaqué. Sa seconde sortie témoigna d’un toreo assez terne, un peu plus animé à gauche. Mais rien qui n’éclata dans cette faena où il fut désarmé à deux reprises. Il se sauve sans convaincre par son épée.
Carlos Ochoa, il y a du bon torero qui point. Impérial en cinq véroniques et quelques belles série de muletazos sur la main droite… la musique l’accompagne vite, d’autant que ses derechazos caressent le sable, se traînent avec une lenteur incroyable, plus bas encore à chaque mètre qui se déroule. Il passera à gauche dans ce même style de temple et de douceur. Le garçon est complet sur les deux mains. Une vuelta car on lui refuse l’oreille, mais moralement il avait ce pavillon dans la poche. Il sera ensuite très torero, même si sa faena n’est pas brillante car le Freixo est fuyard et il doit le dominer, le convaincre de se battre. Il finira pas l’emprisonner dans quelques longs derechazos, et le poursuivre en naturelles dans sa querencia. Carlos Ochoa est torero. Salut l’artiste.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol
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