Une course inattendue dans le calendrier taurin, et un bilan mitigé, plus proche de la déception que d’une satisfaction que pourrait laisser supposer une sortie a hombros qui ne s’imposait pas, vue la physionomie de la tarde.
Au menu, six toros de Prieto de la Cal, aux physiques différents (la course était, m’a-t-on dit, ouverte de sementales) et avec un dénominateur commun, une faiblesse chronique que les ganaderos présents dans les gradins devront s’empresser d’analyser et de corriger. Des armures souvent abimées, avant ou juste après leur entrée en lice (certains rématèrent fort aux planches) et des tercios de varas souvent réduits à leur plus simple expression. Bref, à deux exceptions près, et avec des nuances, cet élevage, qui nous a donné par le passé de bien belles tardes, nous a déçu. Otra vez sera ! Nous l’espérons, du moins, pour ces Veragua peu représentés sur le marché taurin. A la sortie des arènes, un aficionado vint vers le ganadero et lui dit « Enhorabuena ! ». Tomas Prieto de la Cal le regarda fixement et lui répondit « Enhorabuena, no !! ». Deux mots qui résument la tarde.
Après les toros, venons-en au torero, Javier Sanchez Vara. Que dire du garçon, que j’ai vu souvent à son avantage dans des courses où il tint souvent seul la barre du navire ? Qu’il a déçu lui aussi par une attitude souvent marginale, bien en-deça des qualités de combattant que nous lui connaissons. Qu’il coupe deux oreilles de sympathie, passe encore. Qu’il sorte a hombros, non. Un salut à l’attention des tendidos aurait été plus digne.
Résumons donc cette course.
Premier toro pas très solide d’entrée, reçu par capotazos prudents, puis à peine piqué en deux brèves rencontres. Trois paires de banderilles à charge du maestro dont on ne retiendra que la troisième posée face aux cornes. Sanchez Vara dut ensuite ménager le peu de forces d’un bicho noble à la limite de l’invalidité et qui n’eut jamais les moyens de ses ambitions. Quelques muletazos ambidextres templés à mettre au crédit du torero qui conclut sa prestation par un bajonazo. Palmas.
Le second toro fut encore plus faible que le premier. Après quelques véroniques et demie, le ganadero ,qui dirigea les premiers tiers depuis les gradins, fit venir trois fois l’animal vers le lancier pour un picotazo, une pique trasera et un picotazo, les deux dernières rencontres prises en venant de loin. Second tiers à nouveau à charge de Vara pour deux poder a poder et un violin. Chutant à plusieurs reprises, dont une fois où on pensa qu’il allait être puntillé, le bicho s’engagea dans une poignée de derechazos avant de déclarer forfait. Entière tendida. Silence navré.
Le troisième toro refusa les capotes, puis cogna dans le matelas et poussa un peu lors de la première rencontre, revenant ensuite du centre vers le picador pour deux courtes rations de fer. Vara dessina ensuite quelques naturelles guerrières avant un essai infructueux à droite où le bicho lui vint carrément dessus. Deux entrées a matar en prenant les grands boulevards extérieurs pour éviter une corne droite meurtrière. Entière habile. Silence.
Le quatrième nous réconcilia un peu avec le fer, car on vit la première faena de la tarde. Reçu par une larga cambiada afarolada de rodillas près des planches, ce Prieto revint ensuite dans le capote pour quelques véroniques et demie. S’il tint ensuite la distance, c’est qu’il ne fut pas piqué. A peine un picotazo lors de l’unique rencontre avec le uhlan. Second tiers à l’identique du second toro puis une faena ambidextre convenable, brindée à la cuadrilla tricolore (Rafael Cañada, El Santo et José Gomez) et primée d’une oreille après un recibir raté suivi d’une entière en place.
Avec le beau quinto (applaudi à son entrée), on revint vers la faiblesse, défaut accentué par une amorce de vuelta de campana qui laissa le bicho sans charge. Aprèss une courte ration de fer suivie d’un picotazo, le bicho eut du mal à aller au bout de ses intentions. Après quelques tandas sur les deux bords, Vara expédia le Veragua d’une entière tendida latérale complétée par une poignée de descabellos. Silence.
Le sixième nous fit quitter la course sur une bonne note. Bien reçu par quelques véroniques, demie et revolera, l’animal rencontra par trois fois la pièce montée pour trois courtes piques puis fut banderillé par Vara qui cloua trois paires, deux en poder a poder et une « à la chaise » après que son peon, Raúl Ramírez El Peque, eut sauté le Prieto à l’aide de la garrocha.
Bien doublé en début de faena, le toro s’accomoda ensuite d’une faena de correcte facture bien que d’engagement limité. Final par molinetes avant un pinchazo sans s’engager suivi d’une entière caida habile. Oreille du public.
Les sobresalientes, Chapurra et Pedro Marin, n’ont pas eu à intervenir. Une corrida qui ne laissera pas un souvenir impérissable mais qui eut au moins le mérite d’exister et de nous permettre de faire un petit point sur la ganaderia. Beau temps. Un tiers d’entrée.
Reseña et photos : Paco.