Une nouvelle fois les organisateurs avaient choisi l’option « competencia » au lieu de « concours » pour présenter six élevages français.
Qui dit « competencia » annule donc le principe d’une sortie du bétail par ordre d’ancienneté de la ganaderia et donc impose le sorteo comme dans toute corrida ordinaire. Et c’est donc le hasard qui fit qu’Octavio Chacon eut le meilleur tirage au sort, à savoir le Giraud sorti en premier et le Jalavert sorti en quatrième, même si ce dernier qui avait l’étoffe d’un grand toro, fut handicapé au sortir de la première pique. Sans cela, il aurait pu faire au moins jeu égal avec le Giraud.
Octavio Chacon, chef de lidia du jour, est un torero dont on découvre les grandes qualités depuis une paire d’année. Pour l’avoir vu auparavant en Espagne dans des conditions difficiles, il m’est possible d’affirmer qu’il a tout d’un grand lidiador, et qu’il sait se montrer artiste si l’occasion lui en est donnée. Un petit bémol cependant : son manque d’adresse avec l’épée qui le pénalise quelquefois, comme ce jour où il y perdit l’attribution d’une oreille jusque là acquise. Le pupille de Jacques Giraud qu’il combattit en premier prit deux piques dans un bon style après correcte réception par véroniques, chicuelina, demie et revolera, puis se montra noble avec une pointe d’alegria dans la muleta du gaditano. La faena, majoritairement droitière, nous présenta un garçon sûr de lui, a gusto, conduisant et templant parfaitement les charges sans céder un pouce de terrain. Bref, du bon boulot, achevé par manoletinas mais qu’une épée latérale, trasera et tendida, empêcha d’être primé. Vuelta de Chacon après arrastre applaudi.
Le second adversaire du garçon était un beau Jalabert charpenté affichant 530 kg sur la romaine. Accueilli par delantales, il prit une première pique sur l’épaule dont il sortit en boitillant. Effet de la pique ou problème articulaire, il poursuivit son combat avec un handicap qui nous priva de l’extériorisation de ses qualités intrinsèques. La caste de l’animal le renvoya encore deux fois vers le lancier pour un picotazo et une pique courte. Octavio Chacon fut donc obligé ensuite de le ménager par la hauteur et la douceur de sa muleta, ce qui le conduisit à composer une bonne faena ambidextre dont la liaison fut pénalisée par quelques génuflexions du bicho. Entière trasera tendida après pinchazo hondo. Salut et un toro en partie inédit. Dommage !
Perez Mota est revenu à Saint Martin après y avoir triomphé. Il a cette fois déçu l’attente des aficionados par un manque d’engagement qu’on n’aurait pas envisagé chez lui. On pourra mettre au crédit du garçon de bonnes véroniques (les meilleures de la tarde avec un jeté de capote parfait) face au Granier sorti en seconde position qui alla deux fois au cheval avec volonté mais sans s’y employer et en sortant seul. Le bicho s’avéra ensuite court de charge dans la muleta de Perez Mota qui s’afficha marginal et apparemment desconfiado, à droite comme à gauche. Point positif de la prestation du gaditano : une grande estocade (un peu tendida) qui coucha son adversaire. Silence.
Le burraco cinquième, porteur du fer de Pagès-Mailhan, ne connut pas meilleur sort. Après un bon tercio de piques (trois rencontres en venant de plus en plus loin, la première en poussant bien, la seconde en levant le cheval), le toro raccourcit ses charges. Brindée à Juan Bautista, la faena se dilua très vite dans la médiocrité. Une fois encore, Mota la parapha son travail d’une grande estocade. C’est bien, mais c’est peu ! Nouveau silence.
Javier Cortes a plus convaincu par sa vaillance et sa volonté que par le fond de ses deux prestations. Après réception au capote assez quelconque, le toro de Tardieu Frères manifesta une certaine alegria face au uhlan en trois rencontres d’intensité moyenne. Bon second tiers de Marco Leal et José Antonio Pastel appelés à saluer. La faena ambidextre qui suivit manqua de transmission du fait d’un manque de présence du Tardieu qui finit a menos. Appliqué, volontaire mais privé de matière première, Cortes tint sa place, faute de mieux. Mete y saca après pinchazo. Salut au tiers.
Le pensionnaire des Héritiers de Hubert Yonnet qui terminait la course était une véritable estampe accusant 580 kg et armé à faire peur à tout un chacun. Il mit Cortes sur le reculoir au capote, puis malmena le cheval en trois violentes rencontres où il pourra et leva le groupe équestre qui fut à deux reprises à la limite de la chute.
Belle prestation de la monture et de son cavalier, Gabin Rehabi, applaudi à sa sortie. Hélas il sembla que le bicho avait tout donné dans ce premier tiers car ensuite il mit fin à toute collaboration, obligeant le madrilène à lui arracher vaillamment de méritoires muletazos. Que faiore de plus ? Pinchazo sans s’engager, entière tendida à bout de bras, descabello et vuelta de Cortes pour la volonté affichée par deux fois.
Reseña et photos : Paco.