Séville. 29 avril. Manzanares domine la tarde et coupe deux oreilles.

Il restait quelques places dans la Maestranza, sous les nuages et une petite pluie pour les deux premiers toros et les premières passes du dernier. Température tout de même supportable. Deux heures vingt de spectacle.

Six toros de Juan Pedro Domecq, parfaitement présentés, de 572 à 540 kilos, tous deux piques réglementaires, le quatrième plus solide, deux sévères châtiments. A la muleta toréables à condition de les consentir et d’avancer la jambe. Un encierro tout de même compliqué.

  • Enrique Ponce (blanc et or), au premier, trois-quarts de lame, silence ; au quatrième, deux pinchazos, un mete y saca et une entière, silence.
  • José-Maria Manzanares (bleu marine et or), au deuxième, une entière a recibir, une oreille ; au cinquième, une entière, une oreille. Jesus Gonzalez et Luis Blasquez saluent aux banderilles.
  • Alberto Lopez Simón (rouge et or), au troisième, un pinchazo, une entière, salut ; au dernier, une entière salut.

La pluie était une deuxième fois au rendez-vous de la Maestranza, mais avec plus de douceur et de temple, permettant aux aficionados de vivre un peu plus de deux toros en oubliant les parapluies. Une tarde dominée par José Maria Manzanares, bien décidé à faire tomber Ponce et obliger Lopez Simon à un faux pas. Mission parfaitement accomplie pour Manzanares.

Enrique Ponce, qui ouvrait la tarde, fut un exemple à la cape, un véritable modèle à montrer dans les écoles. Son brindis au public démontra que l’arène était avec lui, prête à le porter. En fait il sembla ne pas trouver le bon sitio et se contenta d’une petite faenita sur la main gauche. Par la suite, avec le quatrième, à la cape il ne fut pas mauvais, mais ne parvint pas à convaincre. Mais ce toro qu’il avait trop fait piquer se révéla impossible à la muleta… Mais le maître Ponce sut afficher son élégance naturelle dans quelques naturelles. Mais jamais il ne trouva le rythme de la séduction.

José Maria Manzanares, sans grande séduction à la cape, attaqua directement dans une faena de dominio sur son adversaire. Obligé souvent de changer de main, il montra tout le temps une muleta très basse et très lente. Il eut ce style de conquérant, cette volonté de gagneur, avec son deuxième adversaire. Il éclate très vite avec une série de droite, profonde et lente, et déclenche la musique. C’est alors la suite d’un toreo très doux et ensorcelé… essentiellement sur la main gauche. Manzanares se montrait une fois encore très dominateur et maître de l’arène. Sa seconde oreille était un trophée logique.

Alberto Lopez Simon doit tristement méditer que, lorqu’on est madrilène, il est encore plus compliqué de séduire le public de Séville. Bien mais sans convaincre à la cape, il lui manqua la profondeur et le sentiment des passes. A la muleta, il eut d’excellents moments, surtout à gauche. Mais le torero eut le tort de confondre la Maestranza avec une place de la Mancha et ses dernières passes à genoux s’approchaient du vulgaire… Il fut beaucoup plus classique avec le dernier toro qu’il avait dédié au public. Il signa rapidement une impressionnante série sur la main droite terminée sur un pecho magnifique qui fit jouer la musique. Autre moment à retenir, sa façon d’amener son adversaire au centre pour exécuter la suerte suprême. Beaucoup d’efforts qui n’ont pas toujours été reconnus par le public sévillan. La Maestranza ne se laisse pas convaincre facilement.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.

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