Un peu de soleil, température agréable, une belle entrée, deux heures dix de spectacle.
Cinq toros et novillos des frères Jalabert, bien présentés, de une à deux piques, tous très nobles à part le troisième, noblissime, et récompensé d’une vuelta le quatrième.
- Morenito de Aranda, au premier, une entière al encuentro, deux oreilles.
- Ivan Fandiño, au deuxième, deux pinchazos, une demi-lame et un descabello, une oreille.
- Michelito, au troisième, trois quarts de lame, une oreille.
- Adrien Salenc, au quatrième, une entière, deux oreilles et la queue, vuelta au novillo.
- Baptiste Cissé, au dernier, une entière fulgurante, deux oreilles.
Rion-des-Landes a mis un point final à la temporada 2017 dans le Sud-Ouest avec une fiesta campera particulièrement intéressante… et cela grâce aux excellents toros et novillos des frères Jalabert. Sur ce registre, on recommencera, c’est promis ! S’il fallait oser désigner un triomphateur de cette fiesta, penchons pour Adrien Salenc. Avec un novillo qui buvait la muleta le nîmois a signé une grande démonstration de toreo sur les deux mains.
Morenito de Aranda, s’avance, un peu précieux et apprêté pour ouvrir la fiesta. Premières touches de bon goût avec quelques véroniques lentes dans une cape très ample. Le ton était donné. A la muleta il passera d’une main à l’autre jusqu’au moment où le toro baisse de rythme. Il saura le laisser récupérer pour poursuivre une faena dominatrice.
Iván Fandiño avait décidé de vivre une belle matinée et de s’amuser avec un novillo plutôt lourd, solide et bien armé. Un tercio de cape au millimètre, même si ses véroniques furent un peu rapides. Puis il sauta sur le cheval car il avait décidé de piquer lui-même. Deux châtiments portés avec conviction. Mettant pied à terre, il ouvrit une faena très lente avec une muleta basse, à la limite de l’équilibre. Il eut alors une façon inégalable de décomposer les muletazos sur la main gauche. Un Ivan Fandiño de grande classe.
Michelito écopa de l’animal le plus compliqué du lot, souvent tardo dans sa charge et sans la moindre suavité. Le Franco-Mexicain, avec un toreo un peu trop parallèle, eut le plus grand mal à le dominer. C’est seulement en sollicitant la corne gauche qu’il parvint à se montrer sous un bon jour.
Adrien Salenc a étonné par son aisance majestueuse. Surpris, non, car c’est un excellent torero, mais on ne l’attendait pas à ce niveau de perfection. Au fur et à mesure qu’il dessinait ses passes, il faisait monter la tension. Qu’il prenne la main gauche et c’est une nouvelle progression dans l’échelle de la tauromachie. La classe, tout simplement, la classe avec un excellent novillo ivre de noblesse que le garçon exploita dans de longs et interminables recorridos. L’aisance du talent d’un garçon et les grandes qualités d’un novillo qui fut primé d’une vuelta.
Baptiste Cissé, plutôt très bien à la cape, même s’il manqua de temple, enchaîna de nombreuses véroniques. Il partagea le tercio de banderilles avec Morenito de Aranda et Ivan Fandiño. Mais à la muleta, il découvrit un animal tardo et soso, défaut sûrement lié à une excès de piques. Il fut obligé d’écourter sans jamais avoir trouvé le sitio et le bon tempo. Il se rattrapa à la mise à mort avec une entière foudroyante.