Châtaignes, poulets grillés, agua-pé, ambiance festive jusque tard dans la nuit, même tôt le matin. Voilà ce qui caractérise Golega au mois de novembre lorsque cette petite ville du Ribatejo portugais célèbre la Saint Martin.
Sans oublier le principal acteur : le cheval lusitanien. Sans lui, il n’y aurait pas de raison de se réunir, il n’y aurait pas de fête. Pas moins de 2000 chevaux circulent dans les rues, sur la piste et l’anneau central. Une noria incessante de cavalcades où riches et pauvres se côtoient durant cette Foire du cheval qui date du 16ème siècle.
A part les moments où sont programmés divers concours de modèles et allures, d’équitation de travail, ou bien les spectacles, chaque cavalier peut évoluer à sa guise où bon lui semble. Sur l’anneau, il y a cependant un sens de circulation, dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. Tout le monde le respecte à quelques exceptions près. Il arrive qu’un cavalier s’arrête pour saluer un ami ou faire exécuter quelque fantaisie à son cheval, surtout si un étranger le regarde.
Il n’est pas rare d’y croiser tel ou tel cavalier tauromachique portugais ou réjonéador espagnol venu faire son marché. Même les stars du réjonéo se donnent rendez-vous dans la capitale du cheval.
Derrière chaque porte se trouve un couloir qui donne sur une cour avec des stalles ou des boxes qui abritent un ou plusieurs pur-sang lusitaniens.
Le touriste étranger qui y vient pour la première fois ne sait plus où donner de la tête. Il en a plein les yeux.
Le respect des traditions est le maître mot de ce rassemblement. La grande majorité porte le costume traditionnel (traje-corte) et le soir venu, lorsque tombe la fraîcheur, c’est la cape portugaise avec col en peau de renard, qui recouvre les épaules des cavaliers.
Autour de la place centrale où évoluent les chevaux se trouvent disposées les casetas des grands éleveurs. Ces derniers peuvent ainsi y recevoir leurs amis et les clients afin de leur présenter leurs meilleurs poulains. Ce n’est pas seulement de fête qu’il s’agit mais on y fait également des affaires.
La nuit de la Saint Martin est la soirée où l’ambiance est la plus festive. Il n’est pas rare que quelques cavaliers se regroupent pour montrer, à tour de rôle, le dressage de leurs chevaux. Sans protocole, histoire de se mesurer, de partager, de s’amuser….Pirouettes tauromachiques, arrêts nets, piaffer classique ou dépité s’enchaînent sur des airs de Fado, ou palmitas dans l’hystérie collective.
Durant presque 10 jours se succèdent divers concours tel celui des chevaux de 3 ans, de 4 ans et les 5 ans et plus. Le but est d’élire le champion de chaque catégorie puis le champion des champions.
Cette année c’est Guardiao do Penedo (Gardien du Rocher) qui remporte le titre suprême. Il est de la Coudeleria Resina Antunes.
Mais Golega sait aussi se souvenir de ses anciens et sait leur rendre hommage. L’année qui vient de s’écouler a été triste à cause de la disparition de plusieurs personnages emblématiques du monde du cheval et du taureau du Portugal.
Fernando Palha, David Ribeiro Telles, Guillerme Borba et Manuel Coimbra ont reçu un vibrant, respectueux et chaleureux hommage posthume durant cette édition 2016. J’ai personnellement eu une pensée particulière pour Fernando Palha qui m’a fait l’honneur de son amitié depuis les années 70.
Coté exhibition, le clou de la Foire a été Manuel Borba Veiga qui se produisit avec son étalon, sans bride. Il put à diverses occasions lui faire exécuter les plus hautes difficultés de Haute Ecole, notamment les changements de pieds au temps.
Reportage : Freddy Porte.