Saint Laurent d’Aigouze. 15 octobre. Pour le souvenir d’El Pana.

_dsc4234Les organisateurs du festival avaient réuni hier dans les arènes de Saint Laurent d’Aigouze trois générations de toreros pour rendre hommage au matador mexicain Rodolfo Rodriguez « El Pana ».

_dsc4239La vie du fantasque torero fut évoquée au micro avant que les novillos du jour, rebaptisés pour l’occasion « Brujo », « Romántico », « Epico », « Boemio », « Puro »et « Espontáneo » (des noms liés à l’existence du Pana), ne s’élancent sur une piste ornée en son centre de la signature de celui qu’on appelait « El Brujo d’Apizaco » (le sorcier d’Apizaco).

_dsc4245Des textes d’auteurs tout aussi divers qu’Anna de Noailles, Federico Garcia Lorca, Baudelaire ou Charles Aznavour entre autres, lus par Christophe Chay et Jacques Durand, évoquèrent les différentes facettes de ce torero hors normes, accompagnés en sourdine par l’orchestre Chicuelo II », tandis qu’un groupe de mariachis nous rappela par moments que la fiesta du jour se voulait mexicaine.

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_dsc4247Les deux premiers novillos portaient les deux fers de Patrick Laugier (Las Dos Hermanas et Piedras Rojas), les quatre autres celui de Pagès-Mailhan, plus légers les deux derniers.

_dsc4283Robert Pilès ouvrit cette tarde par la lidia d’un Dos Hermanas un peu faiblard mais qui afficha suffisamment de noblesse pour montrer que, malgré les ans et le manque de pratique, l’homme était encore capable de signer quelques jolis gestes qui furent appréciés du public. Oreille après une demi-lame tendida complétée par deux descabellos.

_dsc4326Patrick Varin toucha le novillo le plus charpenté et le plus pegajoso. Cet utrero, accueilli par des véroniques d’ampleur réduite, prit trois rations de fer avant d’être bien doublé par le natif de la capitale des Gaules, lequel signa une faena d’inégale intensité semblable à une partie de gagne-terrain, l’homme finissant par avoir le dernier mot. On retiendra quelques séquences dessinées en courant bien la main avant deux tiers de lame en place au troisième assaut. Vuelta.

_dsc4359Alberto Lamelas représentait avec Michelito la génération en exercice. Ça se sentit dès les premières véroniques dominatrices, puis lors d’une faena où la fluidité des séries se situa plutôt sur la corne droite avant que le bicho ne se dégonfle avec une tendance à rompre le combat. Le madrilène réussit tout de même à le conserver dans sa muleta, terminant par manoletinas un trasteo primé de deux pavillons après une belle entière portée al encuentro.

_dsc4394Michelito fut le moins bien servi. Pour autant il ne fut pas en-dessous de ses compagnons, faisant preuve d’une bonne technique pour garder dans les plis de l’étoffe un novillo fuyard. Il parvint par moments à allonger la charge du Pagès-Mailhan, signant ainsi quelques séries ambidextres méritoires. Oreille après une lame contraire complétée par trois descabellos.

_dsc4438Pierre Mailhan s’est montré très appliqué, tant au capote qu’avec la muleta, dessinant quelques estimables véroniques, puis des muletazos bien conduits. Il partagea auparavant les banderilles avec Rafi lors d’un second tiers pas très abouti. Le jeune El Péré du CFT intervint également pour un quite par véroniques et demie. Hélas le final avec les aciers fut compliqué (pinchazo, bajonazo trasero et une demi-douzaine de descabellos). Salut.

_dsc4475El Rafi clôtura la tarde par la lidia d’un Pagès-Mailhan collaborateur qui fut pour cela primé de la vuelta al ruedo posthume. Pas grand-chose à signaler lors de la réception, puis un second tiers bien mené partagé avec Tomas Ubeda qui s’affirme à chaque sortie dans son rôle de banderillero.

_dsc4460Bien débutée par de bonnes séries dominatrices servies mains basses, la faena fut plus brouillonne à la fin, alternant le bon et le moyen. Final par luquecinas et une belle entière libérant deux oreilles. La saison à venir devrait voir l’éclosion d’un jeune torero qui s’affirme à chaque sortie.

Bref, un agréable festival auquel il manqua peut-être un peu de cette folie si particulière qui animait le Pana lors de ses sorties. Souhaitons que de sa barrera céleste le Brujo apprécia à sa juste valeur l’initiative de la famille Pilès.

Reseña et photos : Paco.