Zaragoza. 13 octobre. Le triomphe majeur d’Andy Younes.

unnamed-5Sixième spectacle de la Feria du Pilar, toile entièrement déployée, petite pluie à l’extérieur, temps frisquet avec à peine quinze degrés, deux heures vingt de spectacle.

Quatre novillos de El Cahoso et deux de Los Chospes, deuxième et troisième. Tous bien présentés, de 539 à 485 kilos, tous deux piques, certaines réglementaires, seul le cinquième prendra un châtiment digne de ce nom, souvent faibles, à l’exception du cinquième. Difficiles à la muleta par leur peu de charge.

  • Leo Valadez (bleu et or), au premier, une demi-lame, silence ; au quatrième, une entière, une oreille.
  • Andy Younes (mauve très pâle et or), au deuxième, une entière, vuelta ; au cinquième, une entière, deux oreilles.
  • Rafael Serna (marron funèbre et or), au troisième, trois-quarts de lame, silence ; au dernier, une entière, salut.

unnamed-2Un treize qui porte chance, Andy Younes n’oubliera pas ce 13 octobre dans les arènes de Zaragoza où il a coupé deux oreilles à un sérieux novillo de El Cahoso, de 538 kilos, l’un des plus lourds du lot. Deux oreilles mais surtout un façon de toréer qui a été chaleureusement applaudie par un afición sérieuse.

unnamed-1Leo Valadez avait ouvert cette course par un très agréable tercio de cape… « Muy precioso » commentaient mes voisins. Mais l’animal désespérément tardo et faible, ne l’aidait pas. Il se trouva obligé d’arracher ses muletazos, un à un avec beaucoup d’efforts.

Plus facile « Ancioso », quatrième novillo, bien lidié à la cape et avec une réponse cinglante aux quites d’Andy Younes, par des figures mexicaines. La saison se finit et il brinda à sa cuadrilla avant de commencer sa faena à genoux, imité par le novillo. Mais il rattrapa la situation par des muletazos très profonds, à mi-hauteur. Il s’accrocha, accéléra progressivement le rythme de sa faena. Un toreo très apprécié qui, après sa bonne mise à mort, convainquit l’arène de réclamer une oreille.

unnamedAndy Younes, à son habitude plutôt timide, voulait exploiter ce contrat espagnol pour triompher. Les choses s’engagèrent mal avec un adversaire qui se couche à la quatrième passe. Il parvint, par la suite, à nous faire croire que ce novillo avait de la force, certes très noble, suivant comme il pouvait la faena. Sur la fin, il dessina une série, les pieds rivés au sol, qui enthousiasma le public… même si peu après il fut en partie sifflé dans la vuelta qu’il s’octroya.

unnamed-3Vous connaissez le dicton… No hay quinto malo. Certainement le plus solide, le plus mobile et le plus agressif de ce lot. Il l’accueille au centre de la piste par gaoneras, souvent de dos… et à l’issue d’une immense paire de banderilles de Morenito d’ Arles, il laisse tomber nonchalamment deux naturelles qui enflamment les arènes. Le ton était donné pour des muletazos très lents, muleta caressant le sable et ne tardant pas à lancer la musique. Sur les tendidos ce sont des applaudissements qui fusent régulièrement. Le corps est dépouillé, relâché et la muleta ensorceleuse. Andy Younes est un nouveau Petit Prince qui parle avec un novillo aux allures de toro. Il veut s’arrêter, mais dans le callejon, Curro Caro lui demande une dernière série… sûrement pour le fun et le bonheur. Le triomphe est au bout de l’épée qui ne le trahit pas.

unnamed-4Rafael Serna, pourtant sévillan jusqu’au dernier fil de la muleta, ne s’est pas trouvé très à l’aise si ce n’est dans son premier tercio de cape où il fut magistralement impérial. Suivait une faenita, classique en arrachant les passes à un faible qui ne le méritait pas.

Dans les diverses phases de son dernier combat, il fut très moyen malgré quelques éclairs à gauche. Débordé par instant par un novillo tardo, bronco et faible, il avait vraiment tiré le mauvais numéro. Ceci explique qu’il fut par instant très superficiel.

Rafael Serna devait avoir de bons amis au palco qui lui octroyèrent généreusement, par deux fois, la musique.

Andy Younes reviendra probablement à Saragosse.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.

Reportage photos : Joël Buravand.

Malgré le titre, c’est la bonne vidéo. Cliquez, la suite concerne la novillada.