Zaragoza. 12 octobre. David Mora illumine la Miséricordia par son art.

unnamed-5Cinquième corrida de la feria du Pilar, petite demi-entrée, couverture totalement fermée, un peu de pluie à l’extérieur, 17° au thermomètre des arènes.

Quatre Victoriano del Rio et deux (quatrième et cinquième) Toros de Cortes. De 605 à 517 kilos. Le premier totalement manso, les autres acceptables, tous deux piques, quelques-unes prises avec bravoure comme le cinquième. A la muleta difficiles, très noble le troisième.

  • Juan Bautista (paille et or), au premier, un pinchazo, une entière, silence ; au quatrième, un pinchazo a recibir, une entière, deux descabellos, salut et petite ovation.
  • David Fandila « El Fandi » (rioja et or), au premier, un pinchazo, une entière, un descabello, silence ; au cinquième, un quart de lame, une entière, deux descabello, salut et ovation, sans unanimité.
  • David Mora (vert pâle et or), au troisième, une entière, deux descabellos, avis, une oreille ; au dernier, une entière, vuelta.

David Mora est revenu au mieux de sa forme et de son art avec pour preuve une extraordinaire faena qui a illuminé la course de la feria du Pilar avec des Victoriano del Rio nettement en dessous de leur réputation. Juan Bautista a été malchanceux et El Fandi n’est qu’un bon banderillero.

unnamed-1Juan Bautista, avait, pour ouvrir la course, hérité d’un bien triste manso qui sautait au cou du cheval, donnait un peu de corne dans le peto puis partait comme un fou… L’arlésien commençait comme il fallait, par de sérieuses passes de châtiment. Mais tout au long de la faena il fallait revenir sur ces punitions. Juan Bautista ne pouvait pas faire traîner et alla chercher l’épée sous quelques sifflets incompréhensibles.

unnamed-2Ce n’était pas quand il revint le toro de rêve, mais le Cortes, un peu plus brave, lui permit, grâce à son talent et à son savoir, de construire un moment taurin où sa façon de changer de main, de commencer un série sur l’une et de finir sur l’autre, lui valut de sérieux applaudissements. Juan Bautista n’aura pas laissé indifférent malgré le mauvais sort.

unnamed-6David Fandila, une fois le tercio de banderilles achevé, il n’a plus grand-chose à dire, même s’il a des supporters qui doivent confondre tauromachie et cirque. A retenir de sa première sortie une larga à genoux, mais les véroniques n’ont pas suivi. Il se rachète avec quelques faroles à la fin des piques. Mais à la muleta très peu. Disons à sa décharge qu’il avait tiré le seul cinq ans du lot. Il fut souvent en difficulté, reculant sans cesse et ne liant jamais deux passes dans le même terrain.

Ce fut un peu mieux par la suite, après avoir mis avec les bâtonnets une deuxième fois le feu dans les tendidos. Il commence à genoux une faena qui se révélera saccadée et hâchée, en outre handicapée par un toro fuyard.

unnamed-3David Mora a fait plus qu’ouvrir le flacon au essences des grands artistes. Il a fait planer un immense moment de bonheur dans la Miséricordia. Un tercio de cape parfait avec des véroniques amples et lentes, ralentissant à souhait la charge du fauve. La muleta est d’un classicisme rigoureux, mais il y a dans la construction une lenteur irréelle, toujours plus de langueur et un peu d’indolence. L’effet est merveilleux sur la main gauche. Moment de rêve lorsque le torero distille cinq naturelles en suivant, les pieds rigoureusement cloués au sol, comme figé dans le sable. Il y aura une ultime série dans le même style.

unnamed-4Toujours aussi à l’aise à la cape quand pour son dernier adversaire il brinde au public. Mais on ne retrouvera pas le souffle précédent. Certes les beaux détails se succèdent sans discontinuer, mais sans suite logique. Ne boudons pas notre plaisir ce fut tout de même très agréable. Au cours de cette course, David Mora a inventé ou simplement rappelé cette tauromachie de l’immobile et de la lenteur.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.