Vauvert. 1er octobre. Mi-figue, mi-raisin.

_dsc3804Camille Juan avait choisi Vauvert pour y combattre six toros de Fernay en solitaire. Du groupe de départ ne restèrent que quatre bichos, suite à quelques bagarres où deux exemplaires de la devise furent blessés. Deux toros de Gallon Frères (3° et 6°) complétèrent le lot.

Devant un public venu nombreux pour le soutenir (entre 1/2 et 2/3 d’arène environ), Camille s’avança seul en tête du paseillo, suivi par les deux sobresalientes du jour, Antonio Perez (alternative en 2012) et Juan Millán (alternative en 2014), pour accomplir un geste que peu de ses collègues français ont fait (ils sont quatre je crois), et ce pour une bonne cause. Avant que le premier toro ne pénètre dans le ruedo, une belle et légitime ovation invita le maestro à sortir du burladero pour saluer.

_dsc38291. Le premier Fernay fut reçu par quelques véroniques avant de désarmer le torero sur le remate. On sentit le torero contracté dès les premières passes où le bicho pesa sur lui. Après les deux piques règlementaires, Camille composa une faena de correcte facture, presque exclusivement droitière, le passage à gauche ne s’avérant guère concluant. Hélas le final fut compliqué avec les aciers, le nîmois s’essayant sans succès au recibir avant de changer pour des volapiés tout aussi inefficaces et de connaître de grosses difficultés au descabello. Le palco compréhensif laissa passer le temps. Silence compatissant après deux avis.

_dsc38602. Mentalement, il fallait être fort pour se remettre en selle. Camille y parvint, accueillant le second de la tarde par véroniques genou plié. Après deux piques, dont une en venant du centre, et un quite par navarras et revolera, Camille se mit à genoux pour une bonne séries de derechazos, se relevant ensuite pour molinete et pecho. Face à cet excellent toro, noble et collaborateur, le torero dessina deux bonnes séries droitières en courant bien la main, le passage à gauche se révélant d’un niveau identique bien que dans l’ensemble Camille accompagna plus les charges qu’il ne les commanda. Final par manoletinas serrées et trincherilla avant que le garçon ne s’obstine à vouloir par deux fois tuer a recibir, sans succès. Une entière trasera portée a volapie coucha le Fernay que le puntillero maladroit fit relever par deux fois. Envolée la possible oreille. Silence après avis.

_dsc38773. Le Gallon sorti en troisième position fut invité à quelques véroniques puis bien piqué à deux reprises, la seconde ration de fer traserita. Débutant accoudé aux planches, Camille ne trouva ensuite pas l’accord avec le bicho, semblant ne pas savoir par quel bout le prendre. Entière hémorragique après pinchazo pour la conclusion. Vuelta.

_dsc39164. Ras au capote pour la réception du quatrième, un Fernay qui prit deux piques entrecoupées d’un quite de Camille par chicuelinas et demie.

_dsc3907Doublant genou plié, Camille, après avoir brindé à son ami Paul Massabo, chroniqueur à Var Matin, signa quelques séries ambidextres de correcte facture bien qu’un peu brusques et distanciées. Trois-quart caida après pinchazo et enfin l’oreille espérée.

_dsc39545. C’est face au quinto qu’à mon avis Camille toréa le mieux. Après quelques véroniques de réception et entre les deux piques, le nîmois convia Antonio Perez à réaliser un quite, ce que le torero de Mejorada del Campo fit par deux navarras et revolera. Pesant peu sur le bicho en début de faena, Camille prit peu à peu les commandes et s’imposa sur les deux bords, le Fernay passant très près sans que le garçon ne lui concède un pouce de terrain à droite comme à gauche. Le torero s’était retrouvé. Renouvelant sans succès une tentative de recibir, le toro ne répondant pas à l’appel de la muleta, c’est a volapié et au troisième assaut que Camille coucha l’animal d’une bonne lame. Oreille.

_dsc39666. Bien décidé à terminer par un succès, Camille s’agenouilla devant le toril pour une réception a porta gayola, mais le Gallon ignora l’invitation et vint nous rendre visite dans le callejon, sautant très près de nous et ne laissant d’autre choix à mes collègues Thierry Ripoll et Joël Jacobi que de sauter en piste en catastrophe tandis que je jouais la sardine dans le burladero tout proche. Cosas de callejon ! C’est ensuite près des tablas que le torero signa son entame de trasteo par une larga cambiada afarolada de rodillas suivi de quelques véroniques. Après deux piques de Jean-Loup Aillet qui faisait ses débuts officiels de picador, Camille brinda sa dernière faena à la petite Sarah et à sa maman.

_dsc3981Hélas, après quelques séries ambidextres, le Gallon s’arrêta et le torero dut lui arracher un à un les derniers muletazos. Entière traserita et tendida au second assaut, une poignée de descabellos avant que le toro ne se couche seul. Palmas.

_dsc3958Sortie a hombros pour Camille qui, sans démériter, n’a peut-être pas accédé au succès espéré. Mais pouvait-on demander à un torero sans contrats depuis deux ans d’accéder à l’excellence ? Enhorabuena, torero, pour ce geste tout aussi méritoire que désintéressé !

Reseña et photos : Paco.