Première corrida de la Feria de San-Miguel, belle entrée, quasi-plein à part les gradas, soleil et chaleur, deux heures trente-cinq de spectacle.
Six toros de Alcurrucen et un de Tajo, en remplacement du dernier, renvoyé pour blocage du train arrière. Un lot très bien présenté, de 578 à 541 kilos, le sobrero 530 kilos. Tous deux piques, prises avec une certaine bravoure malgré des comportement mansos tout au long de la lidia. Le premier, deuxième, quatrième et cinquième sifflés à l’arrastre. Toujours très compliqués à la muleta par leur comportement tardo et leurs hésitations dans la charge.
- Morante de la Puebla (bleu violine lie de vin et or), au premier, deux demi-lames basses, applaudissements et salut ; au quatrième, trois quarts de lame et trois descabellos, silence.
- Paco Ureña (rose et or), au deuxième, trois pinchazos, une entière, un descabello, avis, silence ; au cinquième, une demi-lame, salut et ovation.
- Javier Jimenez (blanc et or), au troisième, un pinchazo et une entière, vuelta ; au dernier, un pinchazo et un quart de lame, salut et ovation.
Manuel Cordero, picador de la cuadrilla de Jimenez applaudi pour la première pique. José Luis Lopez « Lipi » applaudi pour les banderilles au dernier taureau de Jimenez.
Tour était prêt pour la fête avec deux Andalous, Morante de La Puebla et Javier Jimenez, avec pour arbritre Paco Ureña. Mais les taureaux d’Alcurrucen, fort bien présentés, lourds et bien armés ont trahi cette corrida. Dès leur entrée en piste, ils ont tous eu un comportement manso, refusant les capes et fuyants. Ils ont un peu sauvé la réputation de l’élevage avec un comportement honorable face à la cavalerie. Mais une seule vuelta pour Jimenez, ce n’est pas l’habitude de la maison.
Morante, on le sentait était venu pour « remater » brillamment sa temporada sévillane. Et ses premiers gestes avec « Afanado » qui avait ignoré la cape, furent d’extraordinaires derachazos dessinés avec lenteur et toujours avec une muleta basse, à la limite de l’équilibre. Déjà de quoi soulever l’enthousiasme des aficionados. Avec quelques trincheras délivrées de-ci, de-là, ce fut un début de délire. Sur la main gauche, Morante fut ensorceleur. Chaque fois il allait à l’essentiel, jusqu’au moment de tuer. On avait trouvé et ressenti le Morante de légende. Un taureau à peine un peu meilleur et c’était l’explosion…
Car, avec le quatrième, un cerntain « Cariñoso », il n’y eut aucun sentiment d’amour. Un comportement qui empêcha la moindre véronique et une faena impossible avec un taureau qui n’avançait pas… Morante très professionnel abrégea ce qui ne pouvait pas être.
Paco Ureña semblait timide, craintif même, derrière le maestro Morante. Il parvint à signer deux grandes véroniques, mais par la suite, muleta en main, il demeura très primaire. Certes il fut bien, mais sans la moindre imagination pour dessiner une faena d’où rien ne ressortait, à l’exception d’une certaine forme d’ennui.
Guère mieux ensuite, pour sa deuxième sortie. Pas un capotazo digne de ce nom. A la muleta, un ou deux derechazos bien faits mais qui ne montent pas dans les tendidos. A retenir, toutefois, une grande série sur la main gauche. Mais avec un tel taureau, rien à faire si ce n’est d’en terminer rapidement.
Javier Jimenez tenait en ce samedi l’opportunité de sa temporada. Il ne l’a pas laissée passer et s’imposa en trois premières véroniques. Après avoir brindé au public il commença par une première série faite de passes exceptionnellement lentes et longues. Il répétait cette symphonie sur la main gauche. Le tout était parsemé de quelques trincheras dignes de Morante. Une faena qu’il eut le tort de faire trop durer, car son adversaire ne cessait de faiblir et enlevait beaucoup d’intérêt à son combat.
Il termina sa sortie avec un Tajo. Un bon tercio de cape et Morante surgit pour quelques quites… Sans être le moins du monde impressionné, Javier Jimenez y répondit. Pas fâché les deux Andalous puisque Jimenez brinde à son camarade de La Puebla del Rio. Faena sans intérêt, le Tajo semble s’endormir et se défend sur place, sans la moindre charge… Il tente tout mais il n’y a rien a espérer. Lors de la mise à mort, il est pris avec violence. Il ira jusqu’au bout, mais gagnera l’infirmerie et non la porte des cuadrillas. Mais Jimenez a montré qu’il était torero…
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.