Vic Fezensac. 18 septembre. La perfection des Dolores Aguirre qui laissent une oreille à Manolo Vanegas.

Novillada de la Saint Mathieu, petite entrée, temps nuageux et un peu frais, deux heures quarante de spectacle.

Six novillos de Dolores Aguirre, parfaitement présentés, aux armures fines, longs et lourds, quatre d’entre eux à plus de 500 kilos. Tous, trois piques, le premier et le dernier, quatre châtiments, pris avec bravoure, même le sixième au comportement de manso. Toréables à la muleta, mais dangereux et s’avisant souvent.

  • Manolo Venegas (rouge et or), au premier, une entière, une oreille ; au quatrième, un quart de lame et une entière, applaudissements.
  • Juan de Castilla (bleu pâle et or), au deuxième, une entière, salut ; au cinquième, deux entières, avis, salut et ovation.
  • Gerardo Rivera (rouge funèbre et azabache), au troisième, un quart de lame, un descabello, silence ; au dernier, un pinchazo, une entière, rares applaudissements.

Vingt piques, le plus souvent chargées d’une quinzaine de mètres et plus, des novillos soulevant les chevaux, les déplaçant… Une novillada comme on n’en voit pas souvent et des Dolores Aguirre fidèles à leur réputation de violence, de force et d’agressivité. Dans cet ensemble compliqué, Manuel Vanegas s’est promené sans grande difficulté avec son talent et sa technique de domination. Il sera le seul à couper une oreille avec son premier novillo. C’est une course un peu à l’ancienne avec ses difficultés, ses complications et pour terminer un manso assassin, parfait dans ses défauts et sa dangerosité.

Manolo Vanegas se présente désormais comme un véritable professionnel. Il a commencé par étonner les aficionados par son aisance à la cape, quelques véroniques, amples et lentes totalement séductrices. Mais il étonnera plus encore lorsqu’il prend la muleta dans la main gauche et laisse interminablement traîner ses passes… Quel temple ! Quel style ! Quelle classe !

Avec son second novillo, nettement plus agressif et dangereux, on trouve un autre Manolo, torero de lutte qui débute par des passes basses, genou à terre pour faire humilier et châtier l’animal. Quand il a pris la mesure, il livre deux ou trois bonne séries, mais « Burgalito » baisse de rythme, raccourcit sa charge et va très vite a menos. C’est dommage, mais Manolo a déjà prouvé qu’il était torero.

Juan de Castilla a chassé, hier, la mauvaise passe qui le poursuivait depuis quelques semaines. Un premier tercio de cape très agréable et surtout une immense demie. Il profitera au maximum de la corne gauche de son adversaire et lorsqu’il se croisera, il sera au sommet de son art. Il veut gagner, il a de la hargne, et cite souvent à mi-distance pour donner de l’importance au novillo. Malheureusement, et pourquoi, cette faena très propre ne monte pas sur les gradins ?

Quand il revient, il sera un peu en-dessous de cette sortie. A la cape il est rapidement débordé, à la muleta il torée un peu sur le passage du novillo. Mais bientôt il faut qu’il se batte pour arracher, une à une, les passes. Là aussi la faena plait, mais n’enthousiasme pas.

Gerardo Rivera est un petit sorcier de la cape, mais le sort ne lui a réservé qu’un « Galindoso » particulièrement bronco et dangereux. Certaine de ses séries ont des aspects de roulette russe dont il se libère sur de spectaculaires pechos. Une tauromachie à l’ancienne… mais comment faire autrement. Même si cela surprend, Gerardo Rivera torée à l’ancienne parce que son opposant a des aspects et un comportement d’un autre temps.

Il terminera la course avec un manso doublé d’un assassin. Il tentera beaucoup, mais il n’y a rien à faire d’autre que de tuer. Gerardo Rivera traversait sa mauvaise journée.

L’excellente présentation des novillos de Dolores Aguirre aura ravi tous les aficionados. De belles robes, des difficultés plein les poches, vingt piques prises avec bravoure et alegria, voilà qui remonte le moral des aficionados.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.

Reportage photos : louise2z