Nîmes. 18 septembre (matin). Nouveau triomphe pour Juan Bautista. Frayeur et deux oreilles pour Thomas Joubert.

_dsc3518Une avant dernière corrida qui vit le triomphe de deux toreros aux styles différents, Juan Bautista et Thomas Joubert, le premier fin technicien, le second un artiste d’apparence fragile à la recherche du toreo pur.

Côté toros, des Victoriano del Rio et Toros de Cortes (1° et 6°) de belle présentation qui ont animé la course et permis aux toreros de s’exprimer à des degrés divers, le cinquième honoré d’une vuelta posthume récompensant plus la noblesse et la collaboration au dernier tiers que la bravoure au premier.

Juan Bautista, dans le meilleur moment de sa carrière, communique davantage avec le public, s’étant défait d’une certaine froideur qui caractérisait sa tauromachie jusqu’à une époque récente. Bien dans sa tête, il exprime son plaisir de toréer, et ça se ressent jusqu’en haut des tendidos.

_dsc3277Pour cette matinale qui voyait la confirmation d’alternative de Thomas Joubert, Jean-Baptiste dut intervenir plus tôt que prévu, Thomas Joubert s’étant fait blesser par le toro de la cérémonie.

_dsc3289Le garçon avait accueilli l’animal par véroniques, chicuelinas et revolera avant de le faire piquer par deux fois, intercalant un quite par gaoneras et revolera entre les deux rencontres.

_dsc3300Fauché par le Victoriano après quelques passes cambiadas, repris au sol et envoyé en l’air, Thomas était évacué groggy vers l’infirmerie, laissant le second arlésien finir le travail.

_dsc3305Manso et compliqué, le bicho eut affaire à un Juan Bautista dominateur qui, après deux séries sur une corne droite peu fréquentable, opta pour le bord opposé, liant des naturelles de bonne facture avant de revenir sur la corne droite pour montrer qui était le patron. Quasi-entière en conclusion après une dernière série gauchère. Salut au tiers.

_dsc3372La lidia du troisième fut quelque peu contrariée par le vent, lequel gêna les trois toreros à des degrés divers. Après deux piques de faible intensité, le Victoriano fut convié à une bonne faena ambidextre agrémentée de jolis détails et terminée par un toreo de proximité d’un impact certain sur le public. Circulaires à l’endroit et à l’envers, avec esthétiques changements de main et autres desprecios formèrent un ensemble qui résulta brouillon par moments. Une lame caida frôlant le bajonazo portée au second essai libéra une oreille un peu généreuse vu le point d’impact de l’estocade. Mais qui s’en soucie aujourd’hui ?

_dsc3441La lidia du quinto, par contre, éleva très nettement le niveau des débats. Bien reçu par véroniques, delantales et chicuelinas, le Victoriano prit deux rations de fer version light avant que Jean-Baptiste ne prenne les banderilles pour parfaitement clouer en poder a poder, quiebro et violin. Débutée de rodillas près des planches, la faena prit très vite de l’importance, le torero baissant progressivement la main pour de profondes séries ambidextres. Accompagné par le Concerto d’Aranjuez, Juan Bautista composa une symphonie personnelle, sa muleta écrivant sur la partition de sable des notes toreras d’une grande intensité. Avec beaucoup de classe et d’inspiration, l’arlésien mêla classique et moderne, toreo de verdad et détails plus légers, naturelles citées en cartucho de pescao et circulaires, glissant capeinas et desprecios dans cet ensemble que nos amis espagnols appellent un « faenon ». Après avoir remercié l’orchestre Chicuelo II, Juan Bautista parapha sa partition d’un grand recibir, accompagnant ensuite la fin du Victoriano sans le forcer. On imagine l’ovation qui souligna sa chute.

_dsc3475Simon Casas se précipita même pour embrasser Juan Bautista qui venait de toréer sur un nuage. Deux oreilles et rabo pour l’arlésien, vuelta (avec des réserves) pour le Victoriano.

_dsc3328José Maria Manzanares, quant à lui, ne m’a pas donné l’impression de ses livrer à fond. Face au second, on aperçut quelques véroniques d’intensité relative, puis après les deux rencontres règlementaires, quelques bonnes séries ambidextres au son de « Caridad del Guadalquivir ». Pour cette première faena, l’alicantin fit l’effort de s’adapter au vent, récoltant le fruit de sa bonne volonté par l’attribution d’une oreille après une lame caida.

_dsc3401S’il avait fait le même effort au quatrième, il aurait sûrement empoché un autre trophée. Mais après quelques capotazos de réception sans consistance et les deux rencontres d’usage, il se lança dans une (trop) longue faena droitière marginale et répétitive qu’il conclut d’une trois-quart caida portée sans engagement. Salut au tiers.

_dsc3506Au grand soulagement de tous, Thomas Joubert put assurer la lidia du sixième. Ce Victoriano, qui mit les reins avec bravoure en deux rencontres (il fut le seul), permit à l’arlésien de se remettre en selle. Débutée par passes hautes pieds rivés au sol, la faena se poursuivit à droite avant passage un peu brouillon sur la corne opposée. Le trasteo s’intensifia ensuite au fil des muletazos que Thomas dessina avec de plus en plus d’assurance et de profondeur, culminant par des derechazos de face on ne peut plus sincères. Final par manoletinas serrées et une lame contraire un peu latérale portée a recibir.

_dsc3511Deux oreilles pour le garçon dont on craignit un moment qu’il rate son rendez-vous avec l’histoire nîmoise. Thomas a montré qu’il fallait compter avec lui. Souhaitons que les empresas s’en souviendront !

Reseña et photos : Paco.