Retour de la corrida-concours arlésienne avec six toros de différents encastes venus en terre arlésienne affirmer une bravoure supposée. Seul le quatrième concurrent, porteur du fer d’El Tajo, anima véritablement cette course qui se veut le creuset de la bravoure.
- « Pelotito » n° 101 de Puerto de San Lorenzo, negro, né en janvier 2011, 540 kg.
Dès son entrée le bicho commença par freiner dans le capote de Morenito de Aranda qui parvint tout de même à lui allonger un peu la charge pour glisser quelques véroniques et demie. Mis en suerte loin du cheval lors de la première rencontre, il fut ensuite rapproché de la pièce montée pour les deux suivantes d’intensité décroissante (ce qui va à l’encontre de la logique qui voudrait qu’on éloigne progressivement l’animal de sa cible). « Pelotito » fit ensuite preuve d’une bonne noblesse dans la muleta du torero de Burgos qui le cita de loin à plusieurs reprises pour des séries ambidextres de bonne facture. Quelques desprecios bienvenus ornementèrent l’ensemble conclu d’une trois-quart tendida au second assaut. Vuelta après pétition que le palco refusa de valider (petite bronca).
2. « Armensito II » n° 31 de José Escolar Gil, cardeno, né en mars 2012, 510 kg.
Bien reçu par Mehdi Savalli par quatre véroniques et demie, « Armensito II » s’employa peu en quatre rencontres, la seconde sans être mis en suerte. Suivit un second tiers bien mené par le torero arlésien qui cloua en deux poder a poder et violin. Muleta en mains, Mehdi signa quelques tandas de correcte exécution sur les deux bords, courant bien la main, terminant par circulaires et naturelles de face une faena qui aurait pu être primée d’une oreille si la conclusion à l’épée avait été plus brève (entière delanterita au troisième envoi). Salut au tiers.
3. « Peluquero » n° 51 d’Alcurrucen, colorado, né en novembre 2011, 565 kg.
Un toro à la charge incertaine qui derrota d’entrée dans le capote de Jimenez Fortes avant de sortir seul des deux premières rencontres et de subir une longue pique en carioca au troisième assaut. Violent, réservé, il ne permit guère au malagueño qui parvint tout de même à lui arracher quelques méritoires séries sur les deux pitons. Deux tiers tendida après pinchazo, deux descabellos. Salut au tiers.
4. « Cronista » n° 55 d’El Tajo, jabonero, né en septembre 2011, 545 kg.
Belles véroniques et demie de Morenito qui d’emblée perçut les qualités de l’animal. Noblesse, alegria dans la charge et une bonne dose de bravoure mise à l’épreuve en quatre rencontres prises en galopant vers le cheval, bien dosées, la quatrième avec la pique de tienta, l’ensemble en musique. Belle ovation pour le lancier, Francisco José Quinta, qui joua à merveille le jeu de la concours. Muleta en mains, le burgalense signa une importante faena, majoritairement droitière, au cours de laquelle le bicho ne baissa jamais de rythme, ne refusant rien et chargeant avec beaucoup de classe. Quelques demandes d’indulto fusèrent des gradins (on en a vu de graciés pour moins que ça), mais les critères des corridas de figuras n’avaient ici point droit de cité. Grande estocade pour parapher cet excellent moment.
Deux oreilles de ley pour le torero et vuelta tout aussi justifiée pour « Cronista » qui fit honneur à sa devise.
5. « Grenudo » n° 4 de Flor de Jara, cardeno, né en décembre 2010, 500 kg.
Le Santa Coloma ne se fixa pas dans le capote, se montra tardo face au cheval malgré les sollicitations sonores de Gabin qui parvint à le faire venir trois fois dans le peto, non sans mal. Mais le bicho avait sa distance et quand il chargeait, il manifestait une certaine alegria. Pourquoi alors s’obstiner à le mettre trop loin ? Après un second tiers à nouveau bien mené par Mehdi, avec des poses à l’identique, le bicho baissa de ton et chargea au ralenti, sans mauvais geste, avec une noblesse qui frisa l’imbécilité. L’arlésien, plus habitué aux rudes confrontations qu’aux sucreries, se régala d’une aussi gentille opposition, un manque de présence qui ternit un peu la prestation du garçon. Aussi quand deux mouchoirs apparurent au palco après une belle lame contraire, des protestations fusèrent des gradins et quelques sifflets accompagnèrent la vuelta. Mieux vaut une oreille fêtée que deux protestées.
6. « Salvador » n° 112 de Robert Margé, colorado, né en mars 2011, 530 kg.
RAS au capote pour Jimenez Fortes et un tiers de pique mal lidié où les qualités de l’animal ne furent pas mises en valeur en trois rencontres. On perçut pourtant que le bicho allait volontiers au cheval. Hélas une première pique dure, une seconde trasera et une troisième pompée mirent à mal l’éthique attendue au premier tiers. Cognant dans l’étoffe en début de faena, puis se figeant, il obligea Fortes à lui tirer au final des muletazos sans grand relief. On retiendra cependant une paire de séries de naturelles de beau tracé avant que le Margé ne replie la voilure. Demi-lame caida après pinchazo, deux descabellos. Silence.
Fort logiquement le prix au meilleur toro revint à « Cronista » d’El Tajo et celui du meilleur picador à Francisco José Quinta qui le piqua magnifiquement.
Sortie a hombros pour Morenito de Aranda et Mehdi Savalli.
Reseña et photos : Paco.