Dax. 10 septembre. Fandiño coupe la seule oreille d’une course de Fuente Ymbro sans grand relief.

unnamed-4Première corrida de la feria Salsa y toro, gros deux-tiers d’arène, soleil, température chaude, deux heure vingt-cinq de spectacle.

Six toros de Fuente Ymbro de 520 à 490 kilos, et un José Cruz remplaçant le troisième Fuente Ymbro qui se blesse à son entrée en piste. Les Fuente, très bien présentés, avec des cornes impressionnantes de finesse et de longueur, tous deux piques prises avec une belle bravoure, souvent compliqués à la muleta.

  • Diego Urdiales (rioja et or), au premier, un pinchazo, une entière, trois descabellos, avis, silence ; au quatrième, une demi-lame, trois descabellos, silence.
  • Ivan Fandiño (paille et or), au deuxième, un pinchazo, une entière, une oreille ; au cinquième, une entière, un descabello, salut. Ivan Garcia, de sa cuadrilla, salue aux banderilles.
  • Pepe Moral (vert et or), au troisième, trois-quarts de lame, trois descabellos, silence ; au dernier, une entière, silence.

Une corrida de Fuente Ymbro un peu terne a ouvert la Feria Toro y Salsa de Dax. Des toros bien présentés, pas particulièrement mauvais mais qui demandaient que l’on se livre. A ce jeu, Diego Urdiales qui, le matin, avait reçu le prix Claude Popelin, est demeuré un peu apathique et n’a pas fait grand-chose. A l’opposé Pepe Moral débordait de volonté, mais ne savait pas. Seul Ivan Fandiño a réuni désir de vaincre et technique. Sûrement un cartel plus adapté aurait permis de faire une course plus intéressante et par moment plus vivante.

unnamed-3Diego Urdiales n’a pas dû aimer les cornes de ses adversaires, véritables yatagans qui caressaient le ciel… Sinon comment expliquer qu’un torero aussi technique soit passé avec une certaine absence sur le sable dacquois. Certes « Tomillo » manquait un peu de race et était un distrait qui se demandait ce qu’il faisait… Mais le riojano n’a pas forcé son talent pour l’intéresser et le faire répéter. Ce fut très vite un duo inintéressé et inintéressant. Une faena qui n’en fut pas une. Le retour est marqué par un tercio de cape élégant et lent. Il précéda une faena gentillette où rien ne fut appuyé et demeura dans le superficiel. Diego ne trouvera jamais le bon rythme faisant surnager, de ci de là une ou deux séries.

unnamed-1Ivan Fandiño par contre semble s’améliorer de sortie en sortie. Toujours cette lenteur et cette harmonie secrètes à la cape. Mais il a décidé de faire de « Hechiso » un toro meilleur qu’il n’est. Il va toréer avec lenteur, muleta très basse sans jamais le laisser respirer, le contraignant sur les deux mains et signant très souvent de spectaculaires pechos, histoire d’aérer son adversaire. Il se fera légèrement accrocher sur la main gauche, y perdra du temple mais se retrouvera rapidement. Il fera passer une grande peur sur l’arène lorsqu’il se fera accrocher au moment de l’estocade. Une façon de couper ce qui sera le seul trophée de la course. Il sera tout aussi présent face à son second adversaire auquel il arrachera les naturelles une à une. Mais l’animal manque lui aussi de race pour faire monter la faena dans les tendidos. En outre le bicho est distrait. En tentant d’enjoliver son final par des manoletinas et des bernadinas, Fandiño se fait jeter violemment au sol. Là aussi, plus de peur que de mal.

unnamed-2Pepe Moral n’a pas renouvelé son succès de la feria du mois d’août. Il voulait, mais ne savait pas suffisamment. Pas de chance d’hériter d’un José Cruz un ton en-dessous du reste du lot. Il put toutefois dessiner de belles séries, décomposant ses gestes, mais sans grande profondeur. Il manque un peu de piquant dans tout cela d’où rien ne ressort véritablement. Devant la fadeur de son adversaire, il abrège. Il montre avec le dernier Fuente Ymbro une volonté à renverser les montagnes. On pense qu’il est parti chercher deux oreilles. Mais l’espoir tombera vite car Pepe Moral manque de technique pour châtier et obliger son adversaire à suivre la muleta. Très rapidement le toro se défend sur place et deviend fade. Il en terminera dans l’indifférence de l’arène.

On le répète, un cartel plus adapté à la complication des Fuente Ymbro aurait peut-être permis de donner plus de respiration et d’amplitude à cette course.

Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.