Novillada d’ouverture de la Feria de l’Atlantique, paseo à 19h30, un tiers d’arène, température agréable, un peu fraîche, deux heures quarante de spectacle.
Sept novillos de Los Maños, le sixième bloqué du train arrière, remplacé par une septième de la même devise. Les deux premiers, les plus nobles et les plus faciles issus d’une lignée différente. Tous d’un excellent comportement à la pique. Le premier, le troisième, le cinquième et le sixième applaudis l’arrastre. Une partie du public a exigé violemment que le mayoral vienne saluer. A la muleta certains furent intoréables comme le troisième, d’autres se laissèrent convaincre. Une novillada compliquée, à l’ancienne que les aficionados puritains ont grandement apprécié.
- Manolo Vanegas (blanc et or), au premier, une entière une oreille ; au quatrième, un pinchazo, une demi-lame, un avis, salut.
- Luis David Adame (rouge et or), au deuxième, une demi-lame, une deuxième, basse et dans l’épaule, salut ; au quatrième, une entière… ou presque, une oreille.
- Adrien Salenc (rioja et or), au troisième, deux pinchazos, une entière, salut ; au dernier, un pinchazo, une entière, une oreille.
Compliqués, assassins mais de quoi faire vibrer les aficionados… les novillos de Los Maños furent insaisissables. Gabin Rehabi, en piquant le troisième s’est retrouvé à bas de sa monture. Un quatrième novillo, compliqué et puissant… on était entré au cœur de cette ganaderia qui à chaque course construit sa légende. Pas un aficionado qui ne soit parti déçu mais en critiquant tout le reste.
Manolo Vanegas, qui dès la cape démontre ses envies de victoire, arrive dans l’arène avec le bonheur au ventre qu’il exprime dès les premières capotazos, amples, lents, ralentissant la charge du toro. Il y a là un torero qui veut gagner. Lors de sa faena, quelques séries d’essai à droite, et Vanegas rentre dans sa petite musique. A gauche, les passes coulent naturellement comme un torrent de montagne… récital souligné par quelques trincheras et changements de mains. Sa mise à mort ne mérite aucun commentaire. Sa deuxième sortie ressemble à un affrontement de portefaix. Un novillo issu de la lignée des assassins. Il faut provoquer la charge, puis la maîtriser, la conduire… Par moment, avec cet animal, « Embajador », c’est une histoire difficile, de vie et de mort, sans la moindre note de musique.
Luis David Adame, à quelques jours de son alternative, aurait pu s’économiser. Il a relevé le défi. Avec son premier adversaire, il laisse faire la nature… Et torée naturellement, sur les deux mains avec beaucoup de profondeur et d’harmonie. Mais il sait laisser le novillo récupérer, lui donner le temps de respirer… Excellent torero, il va cafouiller au lieu d’abréger. Mais c’est avec son second adversaire qu’il se battra de manière spectaculaire… et s’imposera progressivement sur « Perezoso ». Il apparaît alors comme un athlète à la poursuite d’une médaille. Sa mise à mort vaut bien un pavillon.
Adrien Salenc a commencé par la malchance de tomber sur le « spadassin » de l’élevage. Un sale «coco», violent dans ses charges qu’il retenait jusqu’au dernier moment, avec la seule envie de jouer de la corne et de tuer… Des moments lourds, très lourds où le garçon joue sa tête. A peine vole-t-il quelques figures… Le novillo semble incontrôlable. Est-ce l’effet de la lumière qui maintenant s’est imposée dans l’arène ?
Adrien Salenc gagnera, se gagnera l’oreille qu’il coupera au dernier, un animal violent, compliqué. Mais rapidement le garçon trouve le bon sitio. Passe après passe il va se le fabriquer, se le construire, par sa volonté surtout, son désir de vaincre également. Il veut que l’on sache qu’il est torero. Et ce fut rapidement un festival sur les deux mains souligné de quelques trincheras et changements de mains.
Adrien Salenc a démontré qu’il était torero.
Reseña et photos : Jean-Michel Dussol.
Reportage photos : Jean-Pierre Souchon.